Agréable Mauvais Sort

six.

« Wouaf !»

Quel est ce drôle de bruit ? Serait-ce le cri d'un animal ?

J'essaie de lever mes paupières. Mon dieu ! Mais depuis quand sont-elles aussi pesantes ?! Je ne comprends pas... Je rassemble mes efforts et découvre un œil.

Soudain, une matière râpeuse m'humidifie le visage. C'est désagréable. Je lâche un grognement désapprobateur. Qui donc a osé me lécher ?!

J'ouvre facilement mon second œil et découvre une étrange créature poilue à quatre jambes de même taille et à la peau poilue, tirant sa longue et fine langue tout en haletant. C'est inquiétant ! Va-t-il faire de moi son dîner ?

D'ailleurs, quelle heure est-il ? Combien de temps suis-je restée dans les vapes ? Mais d'abord, où suis-je ? Je ne reconnais pas cet endroit...

Les humains m'ont abandonnée. Cruelles créatures. Aucune humanité dans ce monde.

Bon, je vais me lever. Je pose un de mes pieds face au sol pour qu'il me serve d'appui. J'ai mal.

Mal ?! Douleur ! Pourquoi souffre-je ?! Ce n'est pas normal ! Je dois être blessée ! Les humains m'ont fait du mal, je n'aurais pas dû revenir chez eux. Ils sont du côté obscur.

Non seulement ils m'ont blessée, mais en plus ils m'ont abandonnée sur le sol de cet étrange endroit que je ne connais pas.

J'appuie davantage sur mon pied, ce qui amplifie la douleur, afin de me lever. Mais lorsque je pense avoir fini mon calvaire en étant enfin sur pieds, je remarque que je peine à garder mon équilibre. Je prends donc appui sur le mur derrière ma personne.

Pourquoi ressens-je toutes ces difficultés ?

Je porte mes mains à mon visage pour y plonger ma face. Tiens, pourquoi sont-elles si pâles ? Normalement, ma peau est de couleur verte pomme. Que s'est-il donc passé pour qu'elles perdent leur éclat ? C'est tracassant.

Et si... ?

Je jette un œil à mon derrière. Mon dieu ! Qu'est-il arrivé à ma queue ?! Elle a complètement disparu ! Littéralement. Je vais mourir.

« Wouaf »

Tiens, il est gentil l'animal : il essaie de me réveiller de ma torpeur. Finalement, il ne va peut-être pas me manger. Je suis un peu plus soulagée. Mais, où est passée ma queue ?

Mes oreilles aussi ont l'air d'avoir raccourcies. C'est étrange tout ça. Je crois qu'une pause s'impose. Je ferme délicatement les yeux, souffle longuement pour me relaxer et relève les paupières. L'être à quatre pattes est toujours assis devant moi.

Et d'ailleurs, en admirant le paysage, je remarque que tout a rapetissé. Ou peut-être qu'il s'agit de ma personne qui a gagné en taille. Qui sait ?

Je me décolle lentement du mur soutenant mon dos. J'écarte mes bras comme le ferait un funambule sur son fil fragile. Je ferme les yeux et me concentre. C'est fou : à cent-six ans je réapprends à tenir sur mes jambes. J'ignore la désagréable sensation de douleur se propageant dans mon nouveau corps que je connais à peine.

L'animal à mes pieds s'est levé et ses omoplates m'arrivent à présent aux hanches. Heureusement que je n'ai pas ma taille normal car sinon, d'un coup de langue il m'aurait avalé. Triste réalité. Celui-ci émet de drôles de couinements. Attendrie, je caresse gentiment son crâne.

Il faut que je sorte de cette ruelle. Je quitte mon tête à tête avec l'animal à quatre jambes pour me diriger ce lieu où la lumière m'a l'air omniprésente. Je sens l'étrange être me suivre.

J'arrive à la sortie de ce chemin. Le soleil brûlant m'éblouit. Je sens ses rayons réchauffer ma peau à présent beige. Nombreuses sont les grandes et petites silhouettes humaines se promenant à toutes les allures.

Maintenant, j'atteins presque une taille identique à la leur. Certains sont même plus petits que moi. C'est tout de même assez plaisant. Certains me dévisagent tandis que d'autres continuent leur promenade en m'ignorant.

Ces gens se baladent seuls, en famille ou entre amis. Portant toutes sortent de tenues, du costume professionnel du plus grand directeur aux pauvres guenilles ayant plus de vingt ans. Certains ont coloré leurs visages alors que d'autres gardent encore leurs barbes usées, sûrement à cours de rasoir. Mais avant tout, des personnes de classe aisée et des gens de classe pauvre marchent sur le même sol, au même en droit et parfois au même moment.

Je regarde ma tenue : je porte une robe identique à celle qui m'habille sous mon apparence originale, lorsque que ma queue est là, que mes oreilles sont plus longues et que ma peau est davantage éclatante.

Au moins je ne suis pas nue. C'est un soulagement.

Une ampoule s'illumine dans mon esprit : si je retrouve les deux humains se ressemblant, ils me rendront sûrement mon apparence d'origine. Enfin, j'espère. Je me remémore leurs visages : leurs chevelures sont brunes et bouclées, ils possèdent des yeux en amande de couleur noisette, des fossettes décorent leurs pommettes et leurs lèvres sont fines et rosées.

C'est parti ! Mais où pourraient-ils bien être ?

U N   E M O J I   P O U R   D E C R I R E   C E   S E G M E N T  ?

Comment sentez-vous la rencontre avec le chien ? Vous attendiez-vous à la voir transformée en humaine ?

Je poste de plus en plus tard, ouups ! °°'?

Posté le 26/11/17

M E R C I   D E   V O T R E   L E C T U R E   E T   A   B I E N T O T  !