Chapitre 19

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Thomas fut pris d'une haine soudaine. Minho était un vétéran des lieux, un coureur, alors que Thomas était encore un nouveau, qui n'avait passé que quelques jours au Bloc et quelques minutes dans le Labyrinthe. Et pourtant, c'était Minho qui cédait à la panique et s'enfuyait au premier signe de danger. « Comment peut-il m'abandonner ici ? »

Les bruits s'intensifièrent. Un grondement de mécanique rouillée se mêla aux cliquetis de chaînes et d'engrenages qui faisaient penser à un engin d'une vieille usine. Puis une odeur d'huile chaude lui parvint. Thomas se demanda ce qui l'attendait; il avait déjà aperçu un Griffeur, mais brièvement, à travers un carreau crasseux. Qu'est-ce qu'ils allaient lui faire ? Est-ce que cela durerait longtemps ?

« Arrête ! » se dit-il. Il y avait sûrement mieux à faire que d'attendre la mise à mort.

Il se tourna vers Alby, qui n'était plus qu'une silhouette noire dans la pénombre. Il s'agenouilla près de lui, chercha son cou, puis lui tâta le pouls. Il crut sentir quelque chose. Comme Minho avant lui, il colla l'oreille à sa poitrine.

Ta-doum, ta-doum, ta-doum.

Alby était encore en vie !

Thomas s'appuya sur ses talons, puis s'essuya le front d'un revers de main pour enlever la sueur. En l'espace de quelques secondes, il venait d'apprendre beaucoup de choses sur lui-même. Sur le Thomas qu'il était avant.

Il ne pouvait pas abandonner un ami. Pas même quelqu'un d'aussi difficile qu'Alby.

Il s'accroupit dos à lui puis enroula ses deux bras autour de son cou. Prenant le corps inanimé sur son dos, il tenta de se relever en grognant sous l'effort.

Mais Alby était trop lourd. Thomas s'écroula face contre terre, tandis qu'Alby roulait pesamment sur le côté.

Les bruits des Griffeurs se rapprochaient à chaque seconde en résonnant contre les murs du Labyrinthe. Thomas crut voir des faisceaux de lumière s'agiter au loin et balayer le ciel nocturne. Il n'avait aucune envie de rencontrer la source de ces lumières ou de ces bruits.

Essayant une nouvelle approche, il saisit Alby sous les aisselles et se mit à le traîner par terre. Mais au bout de quelques mètres, il comprit que ça ne le mènerait nulle part. Où aurait-il bien pu aller ?

Il ramena Alby au niveau de la fissure qui marquait la porte du Bloc et l'assit contre le mur de pierre.

Lui-même s'installa à son côté, hors d'haleine, réfléchissant à toute vitesse. Il scruta les recoins sombres du Labyrinthe. On n'y voyait presque plus rien et il savait, malgré ce que Minho lui avait dit, qu'il aurait été stupide de se mettre à courir dans le noir même s'il avait pu porter Alby. Non seulement il risquait de se perdre, mais il risquait de se rapprocher des Griffeurs.

Il pensa au mur et aux plantes grimpantes. Minho lui avait clairement dit qu'on ne pouvait pas les escalader. Pourtant...

Une idée prit forme dans son esprit. Tout dépendrait des capacités des Griffeurs, dont il ignorait tout, mais c'était la seule qu'il avait trouvée.

Il longea le mur sur quelques pas et s'arrêta au pied du lierre qui recouvrait la quasi-totalité du mur. Il se pencha au ras du sol et empoigna l'une des lianes. Plus solide et plus épaisse qu'il ne s'y attendait, elle mesurait un bon centimètre de diamètre. Quand il tira dessus, elle se détacha du mur et continua à mesure qu'il reculait. Il s'écarta ainsi de plusieurs mètres, jusqu'à ce qu'il perde de vue la liane au-dessus de lui; elle disparaissait dans l'obscurité. Mais elle ne s'était toujours pas décrochée, fixée quelque part au-dessus de Thomas.

Hésitant, Thomas serra les dents et tira sur la liane de toutes ses forces.

Elle tint bon.

Des deux mains, il tira à nouveau. Puis il s'y pendit de tout son poids et se balança.

Le Labyrinthe [ L'Épreuve Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant