Chapitre 47

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Il courut jusqu'à la porte et l'ouvrit d'un geste brusque. Il entendit Newt lui crier quelque chose. Sans l'écouter, il se précipita dans le couloir en zigzaguant entre les débris. L'entrée était un trou béant ouvert sur la nuit grise. Il fonça à travers et jaillit dans la cour.

Tom! s'écria Teresa dans sa tête. Qu'est-ce que tu fabriques ?

Il l'ignora et continua à courir.

Le Griffeur qui tenait Dave, un garçon auquel Thomas n'avait jamais parlé, roulait sur ses pointes en direction de la porte ouest. Ses congénères s'étaient rassemblés dans la cour et le suivaient. Sans hésiter, conscient que les autres allaient croire qu'il voulait se suicider, Thomas se dirigea droit sur eux. Il se retrouva bientôt au milieu de la meute. Pris au dépourvu, les Griffeurs hésitèrent.

Thomas bondit sur celui qui tenait Dave et tenta de lui arracher sa proie, dans l'espoir qu'il riposte. Le cri de Teresa dans sa tête fut si strident qu'il eut l'impression qu'on lui vrillait le crâne avec un couteau.

Trois Griffeurs lui tombèrent dessus en agitant leurs pinces, leurs griffes et leurs aiguilles. Thomas se débattit à coups de poing et de pied, repoussant leurs bras métalliques et ruant dans le corps flasque des créatures. Il voulait se faire piquer, mais sans être emporté comme Dave. Thomas ressentit enfin une douleur fulgurante sur chaque centimètre carré de sa peau... Des piqûres. Il avait réussi. Avec un hurlement, il roula dans la poussière pour tenter de se dégager. Tremblant sous la décharge d'adrénaline, il finit par trouver une sortie dans la mêlée, bondit sur ses pieds et s'enfuit à toutes jambes.

Dès qu'il fut hors de portée, les Griffeurs abandonnèrent et battirent en retraite dans le Labyrinthe. Thomas s'écroula sur le sol en gémissant de douleur.


Newt arriva dans la seconde, suivi par Chuck, Teresa et plusieurs autres. Il le saisit par les épaules, le redressa puis l'empoigna sous les aisselles.

- Prenez-le par les pieds ! cria-t-il.

Le monde tournoyait autour de Thomas qui se sentait délirant et nauséeux. On l'emporta dans la ferme. Là, on l'allongea sur un canapé. La tête continuait à lui tourner.

- Qu'est-ce que tu as foutu ? lui hurla Newt. Tu voulais te faire tuer ?

Thomas voulut répondre avant de tourner de l'œil.

- Non... Newt... tu ne comprends pas...

- Ta gueule ! le coupa Newt. Ne gaspille pas tes forces !

Thomas sentit qu'on lui examinait les bras, les jambes, qu'on lui arrachait ses vêtements pour faire le compte de ses plaies. Il entendit la voix de Chuck et fut soulagé de savoir que son ami n'avait rien. Un medjack annonça qu'il avait reçu des dizaines de piqûres.

Teresa se tenait à ses pieds et lui pressait doucement la cheville droite.

- Pourquoi, Tom ? Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ?

- Parce que...

La force lui manqua.

Newt hurla qu'on apporte le sérum. Une minute plus tard,

Thomas sentit une aiguille s'enfoncer dans son bras. Une sensation de chaleur se répandit dans tout son corps, apaisante, atténuant la douleur. Mais le monde semblait toujours imploser autour de lui. Thomas sut qu'il allait bientôt s'évanouir.

La pièce tournoyait; les couleurs se fondaient les unes dans les autres, de plus en plus vite. Au prix d'un gros effort, il murmura avant de se laisser happer par les ténèbres :

- Ne vous en faites pas. Je l'ai fait exprès...

Thomas perdit toute notion du temps pendant sa Transformation.

Cela débuta comme dans son premier souvenir de la Boîte : le noir et le froid. Mais cette fois, il n'avait conscience d'aucun contact sous ses pieds ni contre son corps. Il flottait dans le néant, dans un océan de noirceur. Il ne voyait rien, n'entendait rien, ne sentait rien. Comme si on l'avait privé de ses sens et jeté dans le vide.


Le temps s'écoula à l'infini. La peur céda la place à la curiosité, puis à l'ennui.

Enfin, à l'issue d'une attente interminable, les choses commencèrent à changer.

Une brise lointaine se leva; il pouvait l'entendre. Puis un tourbillon de brume apparut, une tornade de fumée blanche qui s'étirait à perte de vue. Il perçut bientôt le souffle de la trombe, qui faisait voler ses cheveux et ses vêtements comme des drapeaux. La colonne de brume blanche se dirigeait vers lui à une vitesse vertigineuse.

Le tourbillon l'engloutit. Happé par la brume, il sentit les souvenirs affluer dans son esprit.

Tout le reste devint douleur.

Le Labyrinthe [ L'Épreuve Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant