Chapitre 62

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Thomas partagea un lit superposé avec Minho, qui insista pour dormir en haut ; Newt et Poêle-à-frire étaient juste à côté. Le personnel, qui avait attribué une chambre séparée à Teresa, l’entraîna avant même qu’elle ait pu souhaiter bonne nuit à ses amis. Elle n’était pas partie depuis trois secondes qu’elle manquait déjà à Thomas.

Il s’installa confortablement entre ses draps.

— Hé, Thomas, l’appela Minho depuis la couchette du haut.

Il était si épuisé que sa réponse fut presque inaudible :

— Oui ?

— À ton avis, qu’est-ce qui est arrivé à ceux qui sont restés au Bloc ?

Thomas n’y avait pas réfléchi. Il avait été trop préoccupé par Chuck, et à présent par Teresa.

— Je ne sais pas. Mais vu le nombre de victimes qu’il a fallu rien que pour venir jusqu’ici, je n’aimerais pas être à leur place. Les Griffeurs doivent probablement se régaler.

La désinvolture avec laquelle il disait ça le stupéfiait lui-même.

— Tu crois qu’on est en sécurité avec ces gars-là ? demanda Minho.

Thomas prit le temps de réfléchir. Il n’y avait qu’une seule réponse à donner.

— Oui, je pense.

Minho ajouta quelque chose mais Thomas ne l’écoutait plus. Assommé de fatigue, il se remémorait son bref séjour dans le Labyrinthe, son expérience de coureur et à quel point, dès son premier soir au Bloc, il avait désiré cette nomination. Il avait l’impression que tout ça remontait à un siècle, ou qu’il l’avait tout simplement rêvé.

Des murmures flottaient à travers le dortoir, mais pour Thomas ils semblaient provenir d’un autre monde. Il fixa les lattes du sommier au-dessus de lui et sentit qu’il s’endormait. Comme il voulait encore parler à Teresa, il lutta contre le sommeil.

— Ta chambre est bien ? demanda-t-il. J’aurais tellement préféré que tu sois là.

— Ah oui ? répliqua-t-elle. Avec tous ces garçons qui puent ? Merci bien.

— Hum, tu n’as pas tout à fait tort…

Il la sentit rire et regretta de ne pas pouvoir en faire autant. Il y eut un long silence.

— Je suis vraiment désolée pour Chuck, finit-elle par dire. Son chagrin le submergea, et il ferma les yeux en s’enfonçant dans cette nuit de souffrance.

— Il était tellement énervant, par moments, dit-il.

Il repensa à la soirée où Chuck avait effrayé Gally dans la salle de bains.

— Mais ça fait mal. Comme si j’avais perdu mon petit frère.

— Je sais.

— Je lui avais promis…

— Arrête, Tom.

Il aurait bien voulu que Teresa lui remonte le moral, trouve une formule magique pour atténuer sa peine.

— Arrête avec cette histoire de promesse. La moitié d’entre nous s’en est tirée. On serait tous morts si on était restés dans le Labyrinthe.

— Chuck ne s’en est pas sorti, lui, rétorqua Thomas.

Il se sentait d’autant plus coupable qu’il aurait volontiers échangé n’importe quel blocard du dortoir contre Chuck.

— Il est mort pour te sauver. C’était son choix. Ne gaspille pas la chance qu’il t’a donnée, dit Teresa.

Thomas sentit les larmes s’accumuler sous ses paupières; l’une d’elles roula le long de sa tempe jusque dans ses cheveux. Une longue minute s’écoula sans qu’ils ne disent rien. Puis il reprit :

— Teresa ?

— Oui ?

Il avait un peu peur de lui dire ce qu’il pensait, mais il le fit quand même.

— J’aimerais me souvenir de toi. Enfin, de nous. Tu sais… comme on était avant.

— Moi aussi.

— J’ai l’impression qu’on était…

Il ne savait plus comment l’exprimer.

— Je sais.

— Je me demande ce qui nous attend demain.

— On le découvrira dans quelques heures.

— Oui. Allez, bonne nuit, Teresa.

Il aurait voulu lui dire plus, beaucoup plus. Mais les mots ne venaient pas.

— Bonne nuit, dit-elle alors que les lumières s’éteignaient. Thomas roula sur le flanc, heureux qu’on ne puisse pas voir l’expression sur son visage.

Pas vraiment un sourire, pas tout à fait du bonheur. Mais presque.

Et pour l’instant, « presque » lui suffisait largement.

              FIN DU PREMIER TOME

Le Labyrinthe [ L'Épreuve Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant