Chapitre 15

2 2 0
                                    

Pour la deuxième nuit d'affilée, Thomas se coucha hanté par l'image de Ben. Vivrait-il sa situation autrement si leurs routes ne s'étaient pas croisées ? Thomas parvenait presque à se convaincre qu'il serait heureux, très excité par l'apprentissage de sa nouvelle existence, concentré sur son objectif de devenir coureur. Presque... Car, au fond de lui, il savait bien que Ben ne représentait que l'un de ses nombreux problèmes.

À présent, Ben était banni parmi les Griffeurs, qui avaient dû l'emporter dans leur tanière et lui infliger le sort qu'ils réservaient à leurs proies. Malgré les nombreuses raisons qu'il avait de lui en vouloir, Thomas ne pouvait s'empêcher de le plaindre.

D'après les atroces derniers moments de Ben, il ne doutait plus de l'importance de cette règle fondamentale selon laquelle seuls les coureurs pouvaient sortir dans le Labyrinthe, et uniquement dans la journée. Sans oublier que Ben avait déjà été piqué, et qu'il savait peut-être mieux que quiconque ce qui l'attendait.

« Pauvre gars », songea Thomas.

Il frissonna et roula sur le côté. Plus il y réfléchissait, moins la carrière de coureur paraissait séduisante. Et pourtant, inexplicablement, elle l'attirait toujours autant.

*

Le lendemain matin, l'aube commençait à peine à colorer le ciel que les bruits du Bloc l'arrachaient au sommeil le plus profond qu'il avait connu depuis son arrivée. Il s'assit, se frotta les yeux pour essayer de chasser son engourdissement ; puis il renonça et se recoucha en espérant que personne ne viendrait le déranger.

Ça ne dura pas.

Une minute plus tard, on le secouait par l'épaule. Quand il rouvrit les yeux, il découvrit Newt penché sur lui. « Quoi encore ? » se dit-il.

- Debout, flemmard.

- C'est ça, bonjour. Quelle heure est-il ?

- Sept heures du matin, le bleu, répondit Newt avec un sourire moqueur. Après tout ce que tu as subi ces deux derniers jours, je me suis dit que je pouvais te laisser dormir un peu.

Thomas s'assit, très contrarié de ne pas pouvoir traîner encore une heure ou deux.

- Tu m'as laissé dormir ? Vous avez tous des horaires de paysans, ou quoi ?

Les paysans, comment se faisait-il qu'il se rappelle autant de choses à leur sujet ? Décidément, son amnésie lui réservait bien des surprises.

- Eh bien, maintenant que tu en parles...

Newt s'assit en tailleur à côté de lui. Il resta silencieux un moment, à regarder le va-et-vient des blocards.

- J'ai l'intention de te mettre avec les sarcleurs, aujourd'hui. Pour voir si ça te convient mieux que le charcutage des petits cochons.

Thomas en avait plus qu'assez d'être traité comme un bébé.

- Tu ne pourrais pas arrêter de m'appeler comme ça ?

- Quoi, petit cochon ?

Thomas secoua la tête avec un sourire forcé.

- Non, « le bleu ». Je ne suis plus le nouveau, maintenant. C'est la fille. Moi, c'est Thomas.

L'image de la fille inanimée s'imposa à lui et lui remit en mémoire son impression de la connaître. La tristesse l'envahit, comme si elle lui manquait et qu'il avait hâte de la revoir. « C'est ridicule, songea-t-il. Je ne connais même pas son nom. »

Newt haussa les sourcils.

- Mince alors! Tu t'es trouvé une paire de couilles pendant la nuit ?

Le Labyrinthe [ L'Épreuve Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant