Chapitre 31

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Juste après le grondement caverneux qui annonçait la fermeture des portes, Alby en personne vint libérer Thomas. Il entendit la clef tourner dans la serrure, puis la porte s’ouvrit en grand.

— Alors, tocard, tu es toujours en vie, à ce que je vois ! lui lança Alby.

Il avait bien meilleure mine que la veille. Thomas ne put s’empêcher de le dévisager avec stupéfaction. Il avait repris des couleurs et ses yeux n’étaient plus injectés de sang; il semblait avoir regagné sept ou huit kilos en vingt-quatre heures.

Alby fronça les sourcils.

— Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?

Thomas secoua la tête, avec l’impression de sortir d’une transe. Les pensées se bousculaient dans son esprit: de quoi Alby se souvenait-il ? Que savait-il ?

— Euh… rien. Je suis simplement surpris de te voir rétabli aussi vite. Tu as l’air en pleine forme.

Alby fit gonfler ses biceps.

— Tu as vu ça ? Allez, sors de là.

Thomas s’exécuta. Il se retint de cligner des paupières pour ne pas trahir son inquiétude.

Alby referma la porte du gnouf à clef puis se retourna vers Thomas.

— En fait, c’est du flanc. Je me sens comme une vieille serpillière.

— Oui, c’est à ça que tu m’as fait penser hier.

Comme Alby lui jetait un regard noir, Thomas s’empressa de préciser :

— Mais aujourd’hui, tu as l’air d’aller beaucoup mieux, je te jure.

Alby mit la clef dans sa poche et s’adossa à la porte du gnouf.

— Sacrée discussion qu’on a eue hier.

Thomas sentit son pouls s’accélérer.

— Euh… oui.

— Je suis sûr de ce que j’ai vu, le bleu. Ça s’estompe, mais je n’oublierai jamais. C’était horrible. Quand j’ai essayé d’en parler, quelque chose a voulu m’étrangler. Et maintenant, les images s’effacent, comme si on ne voulait pas que je m’en souvienne.

La scène de la veille, quand Alby se débattait, revint à la mémoire de Thomas. Il ne l’aurait pas cru s’il ne l’avait pas vu de ses yeux. Bien qu’il redoute la réponse, il s’obligea à demander:

— Tu as dit plusieurs fois que tu m’avais vu. Qu’est-ce que je faisais ?

Le regard d’Alby se perdit dans le lointain.

— Tu étais avec… les Créateurs. En train de les aider. Mais ce n’est pas ça qui m’a choqué.

Thomas eut l’impression d’avoir pris un coup de poing dans le ventre. « En train de les aider ? »

Alby continua.

— J’espère que la Transformation ne réveille que des faux souvenirs qu’on nous aurait implantés dans le crâne. Certains le pensent, j’espère vraiment que c’est ça. Parce que si le monde ressemble à ce que j’ai vu…

Sa voix mourut, laissant sa phrase en suspens.

Thomas, perplexe, insista :

— Dis-moi ce que tu as vu à mon sujet.

— Pas question, rétorqua Alby en secouant la tête. Je n’ai pas envie de m’étrangler encore une fois. Peut-être qu’ils ont un moyen de contrôler notre cerveau… comme pour notre amnésie.

Le Labyrinthe [ L'Épreuve Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant