Chapitre 28 : Les indésirables

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Après cette nuit, Wilhelm évita de parler à Thérance. Il lui en voulait encore pour sa remarque acerbe et cruelle, plus blessante que les mots dont il accablait les autres si on lui cherchait des noises. Son jumeau essayait souvent de venir le voir mais le jeune homme l'esquivait. Après ses paroles de la veille, il n'était pas d'humeur à l'affronter ou à entendre ses misérables excuses. Il accueillit le lundi et le retour des cours comme une bénédiction. Lors du petit-déjeuner, il ignora les tentatives de son jumeau pour engager la conversation et demeura mutique quand Henri les emmena en ville.
- Will...commença Thérance alors que le jeune homme descendait de la voiture.
Il lui claqua la portière au nez. Non loin du lycée, Blaise l'attendait pour qu'ils fassent un morceau du chemin ensemble, comme à leur habitude.
- Ta tête est de pire en pire, déclara-t-il en guise de bonjour.
- Merci Blaise, tu me remontes vraiment le moral.
- Monsieur est de mauvais poil. Le week-end a été si terrible que ça ?
- C'est peu de le dire...
Il raconta sa confrontation avec son jumeau et la colère de la naïade à son ami. Cela lui fit un bien fou de se confier et de révéler toute la vérité à quelqu'un sans rien dissimuler. Blaise eut un sourire de compassion.
- Au moins tu as réglé cette histoire avec la naïade. La preuve : le temps est radieux aujourd'hui. Où est la perle qu'elle t'a offerte ?
Wilhelm tapota la poche de son jean. Il la transportait toujours avec lui. Le soir il la plaçait même sous son oreiller, à la manière d'un talisman ou d'une relique. Il n'était pas du genre superstitieux mais il se persuadait malgré lui que la perle portait bonheur et qu'il ne devait jamais l'égarer, quoi qu'il advienne.
- Chasse ton air soucieux, tu vas passer la journée loin de ton jumeau diabolique. Tu seras enfermé dans une salle de classe en face de professeurs barbants mais au moins il ne sera pas là.
Il marquait un point. Loin de Thérance, il se porterait mieux. Sauf qu'il le retrouverait ce soir, pour son plus grand malheur. À la pause de midi, Violaine lança :
- Tu as la tête d'un revenant. Est-ce que ça t'arrive de dormir ?
- Même les revenants ont meilleure mine, ajouta Silvana tout en jouant avec sa nourriture.
- Votre soutien est précieux les filles, ironisa Wilhelm.
Il n'avait pas touché à son assiette.
- C'est de la faute de son jumeau. Ils se sont disputés, expliqua Blaise à ses deux amies.
- C'était à prévoir. Tous les jumeaux finissent par en arriver là, dit Violaine d'un ton entendu.
- Pour la énième fois, qu'est-ce que c'est que cette histoire avec les jumeaux ? demanda le jeune homme.
Avant que la jeune femme puisse répliquer que c'était trop compliqué à expliquer, Blaise la coupa :
- Nous pouvons tout lui dire. Will est au courant pour la vraie Hesse-Cassel.
Violaine haussa un sourcil et Silvana cessa de trifouiller dans son assiette, perplexe.
- Mais il est en seconde A, protesta la jeune femme à la veste aubergine comme si cette explication justifiait tout.
- C'est compliqué. Will a certaines...capacités.
- La vision ? l'interrogea Silvana.
- Entre autres. Nous pouvons lui raconter pour les jumeaux et le reste, il en sait déjà beaucoup.
- Je me disais aussi que c'était louche qu'un Rosenwald soit en seconde A. Qu'est-ce qu'il fait encore à Charles Perrault ? Il devrait retourner avec les siens, à Jean de la Fontaine.
- Tout doux Violaine, il est dans notre camp même si c'est un Rosenwald.
Encore et toujours cette méfiance à l'égard de sa famille. Est-ce que c'était à cause de cette opposition entre les héros et les antagonistes que Blaise lui avait révélé ? La réponse s'imposait d'elle-même.
- Est-ce que tu sais pour les Grandes Roues qui attribuent la destinée ? demanda Violaine.
Wilhelm hocha la tête.
- Donc tu sais pour les héros et les antagonistes, poursuivit-elle. Bien, ça m'épargnera des explications. Allons droit au but : parfois il arrive qu'une personne de notre camp et de l'autre tombent amoureuses. Jusque-là rien de bien inquiétant même si ces relations tournent souvent mal. Par contre, ça coince quand ils décident de procréer. Les Grandes Roues sont faites pour la dualité, elles n'aiment pas beaucoup les mélanges. Alors, pour essayer de conserver l'équilibre et éviter qu'un hybride voit le jour, même si de tels cas se produisent parfois, des jumeaux naissent. Un héros et un antagoniste. Comme ça tout est simplifié et les roues continuent de tourner le plus normalement du monde : pas de grain de sable dans l'engrange, pas d'écart.
- Résumons : Thérance est le gentil et moi je suis le méchant ?
- En toute logique. C'est bien pour ça qu'il va à Jean de la Fontaine : c'est l'école privé des gentils emmerdeurs qui passent leur temps à nous empêcher de vivre. Ils rendent notre existence infernale, comme s'ils s'estimaient meilleurs que nous...
- Et la seconde A dans tout ça ?
- Comme tu le sais peut-être déjà, elle est pour ceux qui viennent de l'extérieur. Pour ceux qui n'ont pas la vision et qui ignorent la vérité sur Hesse-Cassel. C'est un moyen de les garder à l'écart pour éviter que notre petit secret soit éventé. En dehors de ces cas particuliers, la plupart des élèves qui sont scolarisés ici sont des enfants de « méchants ». Nous sommes catégorisés dans les classes en fonction de notre dangerosité, de B jusqu'à E. Ceux qui sont en B sont ceux qui ne possèdent pas de particularités vraiment néfastes pour leur entourage, les hybrides dont je t'ai touché un mot ou encore des rejetons de « gentils » trop pauvres pour payer les frais de scolarité de Jean de la Fontaine.
- Alors si vous êtes tous les trois en seconde E, c'est que vous êtes classés dans la catégorie des plus dangereux ? demanda Wilhelm.
- Oui. Nous ne sommes pas nombreux mais nous demeurons étroitement surveillés toute notre vie. Et les autres évitent de se mêler à nous, à raison j'imagine. Nous sommes les marginaux parmi les marginaux.
Tout devenait clair. Wilhelm comprenait mieux l'insistance de son père pour qu'il aille à Jean de la Fontaine. Il ne voulait pas qu'on s'imagine que son fils avait sa place dans les rangs des antagonistes. Il reporta son attention sur ses trois amis. Vu comme ça, ils n'avaient rien de menaçant. Ils étaient juste trois ados assis à une table, dans une cantine scolaire. Et comme il connaissait leur passé à travers ses écrits, il ne craignait pas leurs pouvoirs. Les Grandes Roues les désignaient comme des antagonistes ?
Très bien mais il n'était pas d'accord avec ce jugement. Toute cette histoire, trop manichéenne à son goût, provoquait une vive indignation chez lui. Quelle utilité de stigmatiser toute une catégorie de la population à cause d'une pseudo-religion ? L'Histoire prouvait que ça n'apportait jamais rien de bon.
- Il ne part pas en courant, déclara Silvana de son ton tranquille.
- Il serait peut-être plus réactif s'il avait eu vent de notre passif, lui dit Violaine.
Blaise se racla la gorge et échangea un regard avec Wilhelm. Le message silencieux qui passa entre eux n'échappa pas aux deux jeunes femmes. Violaine se pencha vers son ami aux cheveux bleus et demanda d'un ton menaçant :
- Il y a quelque chose que vous ne nous dites pas ?
- Pourquoi tu t'en prends à moi ? Ça concerne Wilhelm et uniquement Wilhelm. Il vous en parlera s'il en a envie.
- Donc toi tu es dans la confidence mais nous non ? Bravo les garçons ! On voit tout de suite les préférences au sein du groupe ! Super pour l'esprit d'équipe !
Violaine croisa les bras avec une moue boudeuse tout en grommelant dans sa barbe. Pendant que Blaise essayait de l'apaiser, Wilhelm se força à manger.
- Tu n'as pas d'appétit aujourd'hui, remarqua Silvana. Tu es triste ?
Il s'étonna qu'elle lui adresse la parole. Ordinairement elle fixait un point dans l'espace avec des yeux vides, totalement immobile et la respiration presque imperceptible, perdue dans un monde qui n'appartenait qu'à elle et dont elle sortait rarement.
- Ma dispute avec mon frère me reste au travers de la gorge. Je déteste quand on se brouille et pourtant je n'ai pas la force de le pardonner, j'ai besoin de prendre de la distance pour digérer tout ça...
- Viens dormir chez nous ce soir, proposa-t-elle.
Le silence plana sur la table à la suite de son intervention. Une fois de plus, Blaise et Violaine paraissaient stupéfaits qu'elle fasse une demande pareille. Quant à Wilhelm, c'était la première fois qu'un ami l'invitait à dormir. Sans doute à cause des événements récents, il se sentit ému et n'hésita pas une seconde avant de répondre :
- C'est d'accord.
Voilà comment il se retrouva devant la maison de Blaise, Silvana et Violaine après les cours. Il avait prévenu Henri et celui-ci avait accepté sans protestations. Wilhelm était fébrile. La maison de ses amis ressemblait vraiment à l'idée qu'il se faisait d'une demeure familiale. Elle n'avait rien à voir avec le manoir de son père ou le château de ses grands-parents. Il s'agissait d'une bâtisse de deux étages au crépi blanc et au toit gris avec un petit jardin entouré d'un muret modeste. Ils passèrent un portail en bois et traversèrent une petite cour couverte de graviers. Des vêtements séchaient sur une corde à linge, au soleil. Blaise poussa la porte d'entrée en effectuant une révérence :
- Bienvenue dans notre humble demeure.
L'intérieur était agréable, comme une maison devrait l'être. Dans l'air planait une odeur sucrée, celle des pâtisseries. De la musique lui parvenait depuis une autre pièce, du jazz. Tout fourmillait de détails sur les occupants : les chaussures entassées dans l'entrée, les manteaux pendus à la va-vite, les livres, les bibelots...Des photos tapissaient les murs peints en blanc, des clichés de Blaise, Violaine et Silvana quand ils étaient plus jeunes.
- Je suis la première à être arrivée ici, expliqua Violaine. Je représentais un vrai défi, celui d'une bête sauvage incompatible avec la société. Mais cette famille d'accueil...Elle m'a apaisé. J'ai réussi à me calmer à leur contact parce que ce sont des gens biens, les êtres les plus bons et les plus patients que j'ai jamais rencontré. Un couple aussi tendre et attentif, on en croise qu'un dans une vie : je ne sais pas où j'en serais sans eux. Je vivrais peut-être encore dans la rue, vêtue de guenilles. Ou défoncée en permanence, prête à vendre mon corps contre un peu d'argent pour me payer toujours plus de drogue afin de planer au-dessus de cette existence pourrie. Allez savoir...Silvana a été la seconde et Blaise le dernier. On a fait connaissance comme ça. L'amitié et la fraternité entre nous, ce n'était pas gagné au début...
- Vous êtes rentrés ? demanda une voix féminine en interrompant le long discours de Violaine sur les origines du trio.
Une petite femme vint à leur rencontre. Elle était menue, avec des cheveux blonds très clairs retenus en chignon négligé. Ses yeux noisette très doux se posèrent sur le quatuor et ses lèvres fines s'étirèrent dans un sourire lumineux. Son visage rond respirait la bonne humeur. Elle portait un tablier couvert d'une fine pellicule de farine. Wilhelm s'attarda surtout sur la paire d'ailes translucides dans son dos, qui prenait des reflets irisés sous la lumière.
- Je vois que nous avons un invité, dit-elle sans perdre sa joie de vivre. Tu restes dormir ce soir ? Je suis madame Jones mais tu peux m'appeler Andréa.
Elle s'approcha pour lui faire claquer une bise sonore sur les deux joues.
- J'ai préparé des cookies pour le goûter. Ils sortent tout juste du four alors n'hésitez pas à vous servir. Si vous voulez les manger dans vos chambres, prenez des assiettes. J'ai passé l'aspirateur hier, je ne veux pas de miette sur la moquette !
- Oui Andréa, répondit le trio en cœur comme si ces recommandations n'étaient pas les premières qu'il recevait à ce sujet.
Un bref instant, Wilhelm revit sa famille à travers celle-ci, avant qu'ils quittent Hesse-Cassel. Quand son père les accueillait avec des bons petits plats lorsqu'ils rentraient des cours, qu'ils riaient autour de la table en se racontant leur journée. Quand ils vivaient encore une existence paisible, quand ils étaient encore unis. Avant que tout bascule avec leur arrivée à Hesse-Cassel et l'apparition brutale d'un fossé infranchissable entre lui et eux. Blaise le tira de sa rêverie morose.
- Tu viens ? Je vais te montrer ma chambre. Ne fais pas attention aux affaires qui traînent !
Il le tira à l'étage. Si celle de Wilhelm avait la taille d'un appartement, celle de Blaise était plus conforme aux normes. Les murs bleus disparaissaient sous les affiches de films placardées un peu partout. S'il existait un bureau en bois, il était à peine visible sous la masse de feuilles et de cahiers accumulés dessus et tout autour. Une chaise de bureau croulait sous une pile de vêtements qui envahissaient aussi une partie du lit défait.
Wilhelm fit attention de ne pas marcher sur les objets qui encombraient le sol, contrairement à Blaise qui piétina ses affaires sans s'en soucier. Au milieu de tout ce fatras émergeait une télévision entourée de consoles.
- Ce n'est pas aussi grand que chez toi mais elle est confortable. Aide-moi à ramasser une ou deux affaires pour dégager une place où installer ton matelas.
Pour son ami, ramasser consistait à pousser les objets au sol sous le lit ou contre les murs. Ils déblayèrent un espace satisfaisant au milieu du capharnaüm puis Blaise sauta sur son lit et tira deux manettes de sous une pile de vêtements.
- On joue ?
- Tu n'as pas des devoirs à faire ?
- On a encore le temps, ne fais pas ton rabat-joie.
- Je suis nul aux jeux vidéo, soupira Wilhelm.
- Alors il est grand temps d'apprendre, dit le dragon en lui fourrant la manette entre les mains.
Ils jouèrent pendant presque de deux heures et Wilhelm ne gagna pas une seule partie. Dans la famille c'était Thérance le grand spécialiste des écrans. Il insistait pour que Wilhelm joue avec lui de temps en temps mais se lassait toujours à cause du niveau de son jumeau, ce dernier frôlant le zéro. Les filles les rejoignirent en cours de route. Silvana grignotait des cookies sans participer, contrairement à Violaine qui saisit une manette en poussant un cri guerrier. Contre toute attente, Wilhelm finit par s'amuser et rire avec eux.
La bonne humeur se poursuivit au dîner durant lequel monsieur Jones se joignit à eux. À l'inverse de sa femme il était de grande taille, bien que tout aussi fin. Il avait une légère calvitie qui allongeait son visage déjà étroit. Ses yeux noirs et ronds brillaient de bonne humeur, comme ceux de son épouse. Il ne possédait pas d'ailes mais un léger halo transparent flottait autour de lui. Il se dégageait une complicité unique entre le couple et les trois adolescents, ils formaient une véritable famille unie par des liens du cœur profonds. Wilhelm se surprit à les envier.
Les filles insistèrent pour qu'il visite leur chambre. Elles en partageaient une, plus grande que celle de Blaise et mieux rangée. Tout avait une place et rien ne traînait sur le parquet de la pièce aux murs couleur crème. Elles possédaient chacune un lit mezzanine avec un bureau en dessous.
Celui de Silvana, dans les tons bleus et blancs, représentait parfaitement les goûts de la jeune femme. En revanche celui de Violaine, en bois clair avec des draps à motif de branches couvertes de fleurs de cerisier, ne correspondait pas du tout à ce que son amie aurait pu aimer selon lui.
Une légion de photos épinglées à un mur l'intrigua. Les clichés immortalisaient des grands moments de la vie du trio. Il admira surtout Blaise dans une magnifique robe moulante rouge, perché sur des talons hauts et plus maquillé qu'une voiture volée. Un autre cliché les montrait tous les trois, un peu plus jeunes de quelques années, en plein jeu dans la neige. Ses amis se firent un plaisir de lui donner des montagnes de détails croustillants sur chaque photo, surtout les plus mémorables.
Ils terminèrent la soirée en se goinfrant de sucreries et de chips devant un film. Serrés comme des sardines sur le canapé, ils partageaient une couverture en commentant l'action à l'écran. Au beau milieu d'une explosion de voiture derrière le protagoniste à la démarche virile, Silvana lâcha :
- Je voudrais que ça soit toujours comme ça, même plus tard.
Violaine lui pinça gentiment la joue et dit avec une grimace :
- Tu sais que ce n'est pas possible Silv'. Je ne compte pas m'éterniser dans cette ville de malheur. Je vais prendre mes cliques et mes claques pour effectuer le tour du monde. Avec de la chance, je dégoterais un endroit sympa où m'établir.
- Il te restera toujours ma modeste personne, intervint Blaise pour rassurer sa sœur de cœur. J'ai toutes mes attaches à Hesse-Cassel et je ne suis pas aussi fou que Violaine et son obsession de visiter les quatre coins de la Terre.
- Qu'est-ce que tu comptes faire à Hesse-Cassel après le lycée ? s'étonna Wilhelm. Il n'y a pas la moindre université pour faire des études supérieures ici.
- Tu m'as bien regardé ? J'ai l'air d'être une tête ? ricana le dragon. Je ne me destine pas à un travail de bureau. Ce qui me plaît c'est le manuel. Le travail du bois, les plantes, la nature quoi ! Ça m'ouvre pas mal de possibilités et je dois avouer que je n'ai pas tranché. Et toi mon petit Will ? Attends, ne me dis rien ! Je t'imagine déjà en universitaire barbant en train de donner des cours sur la poésie du seizième siècle à un amphithéâtre à moitié endormi !
Violaine éclata de rire et Silvana sourit. Wilhelm s'offusqua pour de faux, amusé malgré tout. Le film devint une simple bande sonore de fond tandis qu'ils débattaient à propos de leur avenir en se taquinant les uns et les autres. Alors qu'ils montaient tous se coucher, Andréa interpella Wilhelm.
- Merci d'être là pour eux, dit-elle. Ils ne sont pas toujours faciles mais leur enfance a été compliquée et ils n'ont pas beaucoup d'amis. Ils restent toujours entre eux par crainte du rejet. Je suis contente qu'ils aient quelqu'un de plus dans leur groupe, une personne extérieure à notre cercle familiale sur laquelle compter.
Wilhelm ne savait pas quoi répondre. Il se contenta d'un sourire peu assuré avant de rejoindre Blaise, qui préparait son lit pour la nuit. Les filles leur donnèrent un coup de main et ils s'installèrent tous dans la chambre du dragon où ils discutèrent une bonne partie de la soirée. Alors qu'il s'endormait, Wilhelm songea que les Grandes Roues étaient un système absolument injuste.
Les trois dormeurs autour de lui ne méritaient pas le qualificatif d'antagonistes. La vie n'avait pas été tendre avec eux et ils avaient surmonté cela à leur manière, parfois pas la meilleure qui soit mais qui pouvait se targuer de ne jamais se tromper ? Il se demanda où se trouvait ses fameuses Grandes Roues de la destinée. À quoi ressemblaient-elles ? Comment fonctionnaient-elles ?
Ses questions se glissèrent dans un coin de son esprit tandis qu'il fermait les yeux.

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