Chapitre 24

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Mes vacances se terminent bientôt et je vais devoir retourner chez ma tante. Après discussion avec Karl, on a convenu que ça sera ma dernière année le temps qu'il règle ses investissements pour sa nouvelle entreprise avant de faire le nécessaire pour que je puisse changer d'université. Partir de nouveau me fend le cœur surtout que ma mère n'a toujours pas ouvert les yeux. Je garde espoir qu'elle se rétablisse même si les chances que ce miracle se produise sont minimes. J'aurai aimé rester auprès d'elle et profiter de ces quelques jours qui me reste avec elle, mais Karl ne supportait pas de me voir déboussoler surtout qu'il est pris par son travail sans pouvoir passer du temps avec moi pour me faire changer un peu d'air. Il faisait de son mieux et j'en avais conscience et je ne pouvais que subir son absence et affronter l'angoisse de perdre ma mère d'une minute à l'autre.

                  ***

Le jour de mon départ, Karl m'accompagna à l'aéroport. Se dire au-revoir une fois de plus était une sensation que je ne voulais plus revivre. Après s'être dit au-revoir, j'étais en larme, je suivais la file qui menait à l'embarcation sous des regards curieux qui me dévisageaient. Une fois installée, je regardais à travers la vitre en repensant à lui et à ma mère. J'avais mal. Un grand vide s'installait. Les souvenirs de ma mère et de Karl défilaient dans mon esprit, les émotions s'entremêlaient entre joie et peine jusq'à ce que je repense à Steeve, son image me traversa l'esprit par inattention. Notre rencontre, tout ce qu'on avait vécu me rendit encore plus mélancolique. Une larme s'échappa, une larme qui lui était dédié et le revoir me stressait et me tordait l'estomac.

_Mademoisselle vous allez bien ? me demanda l'hôtesse de l'air préoccupée.

_Euh oui. répondis-je tout court en essuyant mes larmes. Merci.

Elle me sourit et continua son chemin. Je m'enfonçai dans le siège pour me détendre et profiter de ce petit moment pour vider l'esprit.

               ***

L'atterrissage fût rapide et je pris un taxi pour me rendre chez ma tante. J'arrivai chez elle après quelques heures de route et je retrouvais la chaleur de cette maison familière. Je rejoignis ma chambre et je m'allongeai sur le lit après avoir posé mes valises. Ce que j'étais loin de me douter cette-fois, c'est que le sort avait tracé sa version de l'histoire, une version que je ne pouvais contredire, que je ne pouvais outrepasser. Je me sentis enchaîné dans un sentiment étrange, comme si mon cœur se préparait à attendre une tragédie.

Je me levais chaque matin avec cette inquiétude, ce poids qui pesait sur mes épaules. Mes journées étaient sombres et mes nuits obscures. Est-ce uniquement l'état de ma mère qui me rendait ainsi ? Je n'en savais rien. Tout ce que je savais, c'est que sa maladie m'affectait énormément à tel enseigne que j'étais devenue distante envers le peu de camarade de classe que j'avais. Je prenais les cours à peine et je m'isolais au fur et à mesure que le temps passait et malgré les avertissements en conseil de discipline, je n'arrivais pas à sortir la tête hors de l'eau et je me noyais de plus en plus. J'évitais aussi Steeve qui avait tenté de se rapprocher de moi pour comprendre mon état. À chaque fois qu'il s'approchait un sentiment de colère prenait le dessus je m'en voulais et je l'en voulais. Je ne voulais plus le revoir, plus sentir son parfum. Il était hors de question que je refasse les mêmes erreurs en le laissant revenir dans ma vie. Et j'étais convaincue que je payais cher pour mon acte, ma mère payait sans doute ma bêtise humaine

Plus les jours passaient plus j'étais quasiment une morte vivante condensée entre le remords, la peur et l'incertitude quant à ce que l'avenir me réserve.

J'avais pris pour habitude de me réfugier dans ma chambre. J'essayais du mieux que je pouvais de me vider l'esprit sans un réel succès et ma tante s'inquiétait de plus en plus pour mon état. J'étais encore sur le lit lorsqu'elle toqua à ma porte. Je ne répondis pas et elle rentra dans ma chambre les pas hésitant à s'approcher de moi. Lorsqu'elle arriva à mi-chemin de moi, elle s'arrêta.

_Stella ma puce. dit-elle un peu gênée.

_Oui Tata. répondis-je sans me retourner. en essuyant une larme qui perlait sur ma joue.

_Je sais que tu souffres énormément pour ta mère, mais je pense sincèrement qu'elle n'aimerait pas te voir dans cet état. dit-elle avant de marquer un moment de silence attendant ma réponse sans doute.

_Bien, le repas est prêt je t'attends pour dîner fais un effort. ajouta-t-elle avant de ressortir de ma chambre en refermant la porte.

Je fermai les yeux un instant avant de me décider de me lever enfin de ce lit. J'avais des courbatures dans tout le corps à force de rester coucher. Je me dirigeai à petit pas vers la salle à manger et je pris place pour le dîner. Ma tante me sourit faiblement et servi le dîner. On mangea en silence durant tout le repas sans prononcer un mot. Après le repas, je débarrassai la table et je fis la vaisselle avant de rejoindre ma chambre. J'ôtai mes vêtements et je pris une douche rapide avant de m'affaler de nouveau sur mon lit devenu moins confortable.

J'aurai pas dû (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant