Chapitre 2

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Les minutes étaient précieuses à savourer. Chaque seconde de plus devenait lourd à porter. On savait que ce moment arriverait. On s'était préparé à se quitter, à se dire au revoir. Mais la seule chose qu'on n'avait pas prévu, c'était le poids de la souffrance face à cet instant.

On restait encore un moment enlacé sans se soucier des bruits autour de nous. En savourant avec attention la chaleur de l'autre. J'appréciais ce moment paisible, silencieux. Ce moment d'amour qui reliait nos deux âmes sensibles pour l'occasion. Il caressa avec lenteur mon dos ce qui montait le plaisir, celui d'être en lui pour éteindre cette flamme qui brûle avec malice.

_Les deux tourtereaux, il est temps de vous dire au revoir. La voiture est prête Mr. annonça ma mère à l'autre bout de la pièce.

Karl releva mon menton d'un geste Léger. Il m'embrassa avec passion. Je pouvais sentir l'amour dans son baisé majestueux.

_Pardonne moi de ne pas pouvoir t'accompagner, je passerai te voir dès que je pourrai, sois forte et n'oublie pas que je t'aime. Si tu as besoin de quoique ce soit stp n'hésite pas à me le dire.

Je lui souris en hochant timidement la tête pour faire savoir que le message était bien passé. Je l'embrassai pour une dernière fois avant de lui tourner le dos avec le cœur en décomposition.

Mes pas étaient frêles. Je serrai la vis pour ne pas regretter mon choix et faire demi-tour. Je partis dans la direction de ma mère. Celle ci me laissa le passage puis se dirigea en direction de mon amoureux. Je tournai la tête une dernière fois pour voir ce sourire triste qu'il me lançait. Je fis de même avant de pousser la porte. Un acte simple, mais pourtant qui me demandait beaucoup de force. Je ne voulais surtout pas éclater en sanglot.

                            ***

Je me retrouvais à l'aéroport, le cœur battant, j'avais un mal de nerf. Je serai bientôt dans un avion. Un vrai et pour la toute première fois. J'avais la boule au ventre.

Quand je pense que j'ai accepté le billet que m'a offert Karl... Ça lui tenait à cœur de me voir dans de meilleure condition pour mon voyage. C'était la promesse qu'il m'avait fait si j'obtenais ma bourse d'étude. Même s'il était contre l'idée de me savoir si loin de lui, ma détermination d'être indépendante fût plus forte. Je ne pouvais pas accepter son offre de financer mes études. Il en avait fait beaucoup trop et c'était presque gênant pour moi de me laisser entretenir de la sorte.

Je n'aimais pas être au croché de qui que ce soit. Une idéologie louable, mais n'empêche que ça fait peur. Peur de quitter le couvert pour faire face à la brutalité de la réalité. Ce monde de tyran trop dur pour mon petit cœur fragile. Mais je me sentais assez forte pour y faire face. Vaincre mes peurs, ma timidité, mes angoisses pour me construire en relevant les défis de la société afin d'abreuver mes rêves d'enfant. Celle d'être à mon tour un personnage remarquable et important.

Note

Serrer la vis : Réprimer certaines tendances au relâchement.

J'aurai pas dû (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant