Last chance in Australia

Chapter 41: Take one last deep breath

Alors que je me lève, j'entends des gémissements de douleur dans la salle de bain. Je reconnais instantanément la voix de Maya. De toute façon, c'est la seule autre occupante de cet appartement, ça ne peut être qu'elle...

Rapidement, je rentre dans la salle de bain pour la voir, assise à même le carrelage froid, ses cheveux caramel collants sur son visage à cause de la sueur et d'épaisses larmes coulant de ses yeux clos sous lesquels je peux voir des cernes. Doucement, je m'assoie à côté d'elle et pose une main sur son front. Il est brûlant. En sentant ma présence, mon amie ouvre les yeux et je peux voir qu'ils sont rouges. Je lui fais un maigre sourire, m'apprêtant à aller lui chercher un calmant, pensant qu'elle était seulement malade. Mais je remarque l'une de ses mains sur sa poitrine. Et alors, rien qu'en voyant son regard et ses larmes, j'ai peur. Parce que le cancer de Maya est au niveau de son cœur et de ses poumons, de la poitrine donc. Et alors qu'elle pousse un nouveau gémissement, pressant plus fort sa main sur sa cage thoracique, je sais.

Et j'ai peur d'avoir raison.

Je sais que je devrais lui poser une question, que c'est peut être juste un mauvais virus, que ce n'est pas ce que je crois, mais je ne peux pas parler, et je ne peux plus détacher mon regard de sa main pressée contre sa poitrine.

De longues minutes passent ainsi, elle gémissant de douleur et moi, incapable de bouger alors que je comprends, lentement. Elle n'a pas besoin de m'expliquer quoi que se soit, quand je parviens enfin à relever les yeux, je croise son regard et je peux voir dans ses iris que j'ai malheureusement raison.

Et j'ai juste enfin de hurler.

De crier.

De frapper quelque chose. N'importe quoi.

Parce qu'elle n'a pas le droit. Elle n'a pas le droit de nous faire ça. Elle n'a pas le droit de me faire ça.

Pas le droit de me quitter.

Et alors doucement, je la prend dans mes bras et commence aussi à pleurer, mes bras autour de son corps tremblant.

-       Ça va aller Maya, ça va aller, je murmure, des sanglots dans ma voix.

-       Tu sais bien que c'est faux, souffle Maya entre deux convulsions sous la douleur.

Je ne dis rien parce que je sais très bien qu'elle a raison, et malgré que je me refuse à l'admettre, je sais au fond de moi que ça n'ira pas bien.

-       J'ai mal June, murmure Maya.

C'est normal. Le cancer fait mal.

-       Je sais Maya, mais ça va passer.

*

*   *

-       Tu le sais depuis quand ? je demande doucement.

Maya ne répond pas tout de suite, le regard fixé sur la surface de son chocolat chaud. Ses cheveux attachés en une queue-de-cheval haute et rapide laissent voir son visage pâle aux traits tirés. Ses yeux sont toujours rouges d'avoir tant pleuré et sa respiration est sifflante.

-       Tu sais, le jour de ta compétition, j'avais un rendez-vous avec les médecins du programme. Le dernier contrôle était mauvais et ils voulaient vérifier que ça allait mieux. Sauf que ça n'allait pas mieux. J'avais des métastases plein les poumons - enfin, plein ce qu'il me reste de poumons - et la plaque sur le cœur s'était agrandie. Et puis il y avait des nouveaux foyers un peu partout dans le reste du haut du corps.