Je reste de longues minutes ainsi, à regarder la mer australienne, le cœur déchiré. C’est la première fois que je me sens si seule depuis que je suis arrivé ici, il y a une semaine.
Une semaine.
J’ai l’impression d’être ici depuis bien plus longtemps. Sûrement parce qu’il s’est passé plus de choses ici en une semaine, qu’en France en un an. Ce qui est vraiment bizarre. Et effrayant.
Je me demande si toute cette année va être comme l’était cette semaine. Si c’est le cas, je ne vais pas m’ennuyer, c’est sûr !
Dans une semaine, c’est mon anniversaire. D’habitude, je « fête » mon anniversaire en doudoune et en pull de laine, pas en maillot de bain et en robe d’été.
Personne ne sait que mon anniversaire approche. De toute façon, je n’aime pas les fêtes d’anniversaire. Tout le monde est heureux, ou du moins, fait semblant, on offre des cadeaux au fêté avec un grand sourire alors qu’à l’intérieur, on pense à tout l’argent qu’on a dépensé pour lui alors qu’on aurait pu le garder pour nous. Les fêtes d’anniversaire, c’est hypocrite. Alors je préfère ne rien dire, et laisser passer ce jour en espérant que Mel et mon frère ne feront pas une connerie en appelant le centre pour prévenir Maya.
Je soupire encore une fois avant de me décider à descendre du rocher pour m’avancer vers l’eau. Rapidement, j’enlève mes chaussures et, quand l’eau touche mes orteils, je soupire de bonheur. Elle est chaude. Ça change de la France !
À quelques dizaines de mètres devant moi, un surfeur fait des figures sur les vagues. Il tourne et glisse sur l’eau avec aisance. C’est magnifique. En même temps, l’Australie est connue pour être le pays des surfeurs. Ça ne devrait en aucun cas m’étonner de voir un surfeur.
La seule fois où j’avais vu la mer en France, c’était un an avant de tomber malade. Nous étions allés en Côte d’Azur. Je m’en souviens très bien à vrai dire.
-FLASHBACK-
- Hey, tu me payes une glace Théo ? je demande en faisant des yeux de chien battu à mon frère.
- Pff, plus gourmande que toi, il y a pas ! il rit avant de sortir un billet de cinq de sa poche arrière.
- Merci frérot !
- Je t’ai déjà dis que j’aime pas « frérot » !
- Et moi j’ai dis que je n’aime pas « sœurette » ! Pourtant, tu continus de m’appeler comme ça.
Il lâche un grognement avant de payer les deux glaces. Je prends la mienne en riant devant son air renfrogné puis commence à la manger. Vanille et framboise. Mes parfums préférés.
Au loin, sur la plage, notre mère nous fait de grands signes. Elle porte une belle robe de plage et a posé ses lunettes de soleil sur son nez. À côté d’elle, notre père, qui téléphone. Comme toujours.
- On fait la course sœurette ? s’enquière Théo après que nous ayons fini nos glaces, une grosse tache de chocolat autour de sa bouche.
- Hum… je sais pas…
Puis je me mets à courir sans même le prévenir. Il lâche une injure avant de me suivre en riant. Malheureusement, nous avons beau être jumeaux, il a des jambes beaucoup plus longues que les miennes et il me rattrape au bout de quelques secondes seulement.
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Last chance in Australia
Hayran KurguJe n'ai jamais particulièrement cru au destin ni au fait que les coïncidences n'existent pas. Pourtant si je n'avais pas été gravement malade, je n'aurais jamais été obligée d'intégrer un programme expérimental en Australie et jamais je n'aurais ren...