« I fell in love the way you fall asleep. Slowly... Then all at once. »
John Green
PDV Luke :
Je ne pensais sincèrement pas que se serait si dur. Pourtant, c'est encore pire que dans mes pires cauchemars. Qu'est-ce que je suis censé dire ? Que je l'aimais ? Je ne l'aimais pas, c'était beaucoup plus fort que ça. Qu'elle me manque ? Non, elle ne me manque pas, son absence détruit tout sur son passage, comme un tsunami, un ouragan, un séisme. Il ne reste plus grand chose de l'ancien Luke, il ne reste qu'une enveloppe corporelle vide de joie, de bonheur, de plaisir, de tous ces sentiments qui faisaient de moi un Être Humain.
J'avais préparé un discours. Enfin, j'avais essayé. D'habitude, quand j'écris quelque chose, ça vient tout seul, c'est comme les paroles d'une chanson, j'arrive à extérioriser mes sentiments et les mots se couchent sur la feuille avec facilité. Pourtant, là, je n'ai pas pu. Je suis resté des heures à fixer la feuille blanche sur laquelle j'étais censé écrire ce que j'allais dire aujourd'hui. Il a fallu que les gars me forcent à me lever pour que j'arrête de fixer cette pauvre feuille blanche, pour que j'arrête de penser à cet instant, quand son cœur a lâché, alors qu'elle était dans mes bras. Elle m'avait dit « À demain ». Elle m'a menti. Mais j'avais dis que je serais là à son réveil, or elle ne s'est jamais réveillée. Donc j'imagine que j'ai menti aussi, non ?
Aujourd'hui, je comprends la douleur qu'a ressenti Ashton, quand Maya est décédée. Moi aussi, j'ai envie de hurler sur le monde entier, de trouver un responsable à ce vide immense dans mon cœur. Mais il n'y a personne qui soit responsable de ça.
Ça fait trois jours qu'elle n'est plus là. Trois jours. C'est rien, que dalle dans une vie. Pourtant j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas entendu son rire. Ça vient peut-être aussi du fait que durant la dernière semaine, elle n'avait plus la force de rire. Elle souriait, et encore, si elle s'en sentait le courage. Mais même avec ses traits tirés, son teint blafard, ses yeux rougis, ses lèvres sèches, ses cheveux ternes et ses joues creuses, elle était toujours aussi magnifique. Ou peut-être était-ce seulement mon point de vue subjectif d'homme totalement fou amoureux d'elle.
Mon petit ange.
Aujourd'hui, c'est son enterrement. Je n'ai même pas la force d'attacher ma cravate. C'est trop dur. Et puis j'ai peur de craquer là-bas, quand sa mort deviendra trop réelle. Pour l'instant, je n'ai versé aucune larme, même quand je souhaitais le faire de tout mon cœur, de toute mon âme, je n'y arrivais pas. D'après le psychologue que ma mère m'a emmené voir, c'est le choc post-traumatique. Comme les soldats au front. Sauf que là, c'est émotionnel. Le psy a dit que je devrais réussir à le surmonter d'ici quelques jours. Que c'est une étape du deuil.
Essayant de faire le nœud de cravate pour la énième fois – et échouant pour la énième fois –, je lâche un cri de frustration et jette le morceau de tissu au sol avec rage. Je m'apprête à le piétiner quand ma mère entre dans la chambre et me prend par les épaules pour me forcer à m'asseoir sur le lit. Je ne cherche pas à résister, je n'en ai plus la force. Je n'ai plus de force pour rien de toute façon.
- Oh mon chéri, murmure ma mère.
Elle semble sur le point de pleurer. En même temps, je dois avoir l'air d'un zombi. Je n'ai presque pas dormi depuis trois jours, et j'avais déjà du sommeil à rattraper avant. Ma mère ramasse la cravate et commence à me la mettre. J'essai de la lui reprendre des mains, refusant son aide, mais elle résiste.
- Laisse-moi faire mon bébé.
Je tressaille à l'entente de ce surnom. C'était l'un de ceux que je donnais à ma June. Je sens mes yeux me piquer en me les remémorant, mais aucune larme de sort. Bébé. Princesse. Mon ange. J'aimais bien ces surnoms, mais ce que j'adorais surtout, c'était la façon dont elle prononçait mon prénom, avec son accent français qui me faisait craquer : Luke. Je n'avais pas besoin de surnom affectif, « Luke » me suffisait amplement, parce que ça voulait tout dire.

VOUS LISEZ
Last chance in Australia
FanfictieJe n'ai jamais particulièrement cru au destin ni au fait que les coïncidences n'existent pas. Pourtant si je n'avais pas été gravement malade, je n'aurais jamais été obligée d'intégrer un programme expérimental en Australie et jamais je n'aurais ren...