Chapter 43: Oh, a ghost!

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« Darkness cannot drive out darkness: only light can do that. Hate cannot drive out hate: only love can do that. » Martin Luther King Jr.

Les grilles du lycée. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne suis pas venue ici. Pourtant ça fait quinze jours. Quinze petits jours. Mais il s’est passé tant de choses en quinze jours. Et aujourd’hui, j’ai terriblement peur. Peur de revoir tous ces gens. Peur de revoir mes amis que je n’ai pas vu depuis l’enterrement. Peur de revoir cet arbre sous lequel on se retrouvait. Avant. Sans elle. Peur de revoir tous ces lieux.

J’inspire un grand coup avant de me décider à entrer. À l’intérieur de l’enceinte de l’établissement, il n’y a personne. Il est trop tôt. Mais j’ai rendez-vous avec le proviseur. Je présume que c’est pour parler de mes nombreux cours ratés. Pourtant je pense qu’il a été prévenu du décès de Maya.

Dans l’immense escalier, je me souviens de la première fois où j’ai gravi ces marches : je m’étais extasiée sur l’architecture du bâtiment entièrement ovale, comme un stade de foot. Je lâche un sourire triste en me disant que c’était il y a bien longtemps. Trop longtemps.

Rapidement, je marche dans les couloirs jusqu’à atteindre la partie réservée à la direction et frapper à la porte du bureau du proviseur. J’ouvre à sa demande et entre. Le bureau est comme la dernière fois que je suis entrée, ce fameux premier jour, avec Mathias, Maya, Robin et Kyle. J’ai l’impression que c’était il y a cent ans. Comme si depuis cet instant, j’avais vécu plusieurs autres vies.

D’un signe de la tête, le proviseur me fait signe de m’asseoir face à lui, dans une des chaises des visiteurs. Je n’ai jamais aimé être assise dans cette chaise, c’est toujours mauvais signe. Le proviseur se racle la gorge, réajuste sa cravate et lisse le bas de sa veste de costume bleu cobalt avant de déclarer :

-       J’ai vu que vous aviez été très souvent absente avant les vacances. J’ai donc appelé vos responsables et ils m’ont appris pour l’état de santé de Maya. Je vous présente toutes mes condoléances.

Je ne dis rien et continue de le fixer. Mon cœur se serre alors qu’il mentionne Maya. C’est encore trop frais pour que je puisse faire semblant. L’homme semble comprendre que je ne vais pas répondre et il se décide à continuer de sa voix forte :

-       Je voulais simplement vous dire que si vous aviez besoin d’un peu de temps pour… digérer tout ça, ou d’un peu d’écoute, vous pouviez aller voir notre psychologue, elle a déjà été prévenue de votre possible visite.

Manière diplomate de dire qu’elle m’attend et que j’ai intérêt à y aller. Merci monsieur, vraiment (notez le sarcasme).

-       Je vous remercie monsieur, mais je ne pense pas avoir besoin d’aller voir une psychologue. Mais si j’en ressens un jour le besoin, je n’hésiterais pas. Puis-je aller en cours maintenant ? je demande en voulant écourter cette conversation le plus possible.

-       Bien entendu, vous pouvez y aller. Merci June.

Je hoche la tête pour le saluer et sors rapidement. Je n’aime décidément pas ces entretiens. Comme si j’avais besoin d’un psy ! Je me débrouille bien seule avec ce maudit cancer depuis trois ans. Et la seule psy que je ne sois jamais aller voir était celle de mon premier service d’hématologie. La toute première. Et la seule. Elle était jeune et souriante, sans jamais paraître superficielle ou fausse. Elle était juste gentille et simple, heureuse sans que ça ne paraisse déplacé dans un service de rempli de jeunes cancéreux.

Last chance in AustraliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant