Chapitre 27

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L'adolescente n'assimile pas toutes ces paroles et leurs sens. Malgré tout, elle ne voit rien de mal chez cette inconnue. Elle a l'air gentille, bizarre mais gentille.

* * * * *

            Une tasse fumante est posée sur la table basse. Le chocolat se dissout délicieusement dans le lait chaud. Des petits gâteaux secs sont disposés au centre d'un plateau d'argent. La nonne récupère le récipient chaud. Elle souffle la surface brune, puis elle le tend délicatement à son invitée. Celle-ci le réceptionne attentivement. Les ondulations du liquide sucré envoutent la jeune fille. Ensuite, avec les encouragements de la femme, elle trempe ses lèvres.

Une gorgée, puis une autre, encore une autre. Ses papilles frétillent. Elle absorbe goulument chaque goutte, manquant de s'étouffer à plusieurs reprises. Ce comportement si singulier à la découverte du chocolat chaud amuse la bonne sœur. Cette chose si commune paraît être la découverte du siècle entre ses mains. Sœur Solène poursuit cette initiation gustative en incitant Aria de gouter les biscuits. Cette dernière suit son conseil et en prend une timide bouchée. La pâte croquante hypnotise le palais débutant.

Est-ce que ces choses ont toujours existées ?

L'adolescente s'empiffre de ces gâteaux succulents tandis que la nonne analyse ses moindre faits et gestes. Des larmes l'interpellent. Pourtant, la jeune fille ne semble nullement souffrir. Le fin sourire sur son visage éclaircie l'origine de ces ruisseaux d'eau salée. Elle pleure de bonheur.

« Est-ce si bon que cela, mon enfant ? »

Un hochement positif touche la faible sensibilité de la religieuse. Un simple chocolat chaud et quelques biscuits suffisent à la combler. Avait-elle au moins ressenti cela une seule fois dans son passé inhumain sous terre ?

Après que les miettes soient englouties, Sœur Solène sollicite la présence de la jouvencelle à ses côtés. Toujours vigilante, la rescapée hésite mais finit par agréer. Méfiante, elle suit avec prudence les chaussures cirées. Le parquet craque. La porte grince. Les couloirs sont marqués par le temps, cela rappelle l'endroit où vit Sole, la rousse fugueuse. D'ailleurs, allait-elle bien ?

Perdue dans ses pensées, Aria marche sans vraiment prêter attention à son environnement mais la voix de la nonne la ramène à la réalité.

« Nous sommes arrivées. Voici l'humble demeure du Seigneur. C'est ici qu'il écoute nos prières. »

Aria est subjuguée par la beauté des lieux. Elle déambule du transept au déambulatoire en passant par le cœur et l'abside. Les couleurs des vitraux l'émerveillent tout comme le reste de l'architecture. Elle descend de l'autel pour rejoindre la table de commission. Devant elle, deux principales colonnes de bancs en bois parfaitement aligné s'étendent. Les moulures ainsi que les représentations encore visibles la subjuguent. La chaire taillée dans un bois précieux l'attire. Elle a besoin de toucher, ressentir, admirer ses œuvres d'arts. Un regard envers la bonne sœur suffit à recevoir la permission d'y monter. L'enfant grimpe en sautillant sur le petit escalier. De là où elle est, elle peut désormais examiner la vaste salle d'un point de vu général.

L'immense entré est constituée de portes lourdes près d'un petit bassin. Une allée mène à l'autel. Au premier étage, des balcons sous-entendent des pièces à découvrir. Non loin, un orgue poussiéreux est installé au-dessus de l'entrée. Les piliers supportent les voutes qui emmènent à des arches sublimes puis au dôme. Sous celui-ci une immense croix chrétienne règne en maître. Des statues à la surface lisse sont immobilisées dans la grâce éternelle.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant