Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafia

Chapitre 42

 Il est maintenant quatre heures de l'après-midi. Cela fait environ quatre heures que Zendya et Kelly divertissent Aria par diverses activités. Toutefois, plus les heures s'écoulent plus un vide s'étend dans sa poitrine, écorchant son plaisir de jouer avec les filles.

- Tu n'as pas d'inspiration ? Demande tendrement la brésilienne.

Aria revient à elle. Le pinceau pincé entre ses doigts est suspendu au-dessus de la toile vierge. Elle jette un œil à Zendya qui l'observe les sourcils froncés. L'inquiétude n'a cessé d'imprégner les traits de son visage depuis que les hommes-loup sont partis se dégourdir les pattes. Elle a peur de brusquer l'adolescente. Elle tâte prudemment le terrain pour éviter de faire exploser une mine. Après tout, Aria est un cas spécial. Comment aborder une gamine ayant servi de rat de laboratoire, qui est traumatisée et en plus qui est terrifiée par les créatures qui l'entourent aujourd'hui ? Il faut prendre des pincettes. Heureusement Alexei, son élu, l'a informé des passions de la jeune fille. Elle semble vouer un grand amour pour l'art et la découverte du monde. C'est compréhensible. Qui ne voudrait pas explorer le monde qu'il lui a toujours été hors de portée ? Les bras de l'adolescente se resserrent autour de son ours en peluche.

- Hum... Non.

Elle abandonne son pinceau dans le récipient contenant de l'eau. Puis, elle se lève prête à partir. La brésilienne la retient d'une main sur son avant-bras. L'adolescente se fige à ce contact, toujours sur ses gardes.

- Attends, il faut d'abord te débarbouiller et retirer ta blouse pour ne pas vous tacher, ta peluche et toi, explique-t-elle d'un ton maternel tout en retirant sa main.

Il faut dire que peindre quatre toiles à la suite laisse des traces. Aria la dévisage un instant avant d'acquiescer d'un lent hochement de tête. Débarbouillée et débarrassée de sa blouse, la jeune fille se réfugie dans la cabane assez grande pour accueillir cinq adultes. Un des nombreux cadeaux de Joanna. Les fondations de cette cabane sont en bois et un tissu couleur crème fait office de murs ainsi que de plafond. Des petites loupiottes en forme d'étoiles sont suspendues un peu partout dans la structure. Le sol est quant à lui recouvert totalement de peluches et d'oreillers enfantins aux couleurs pastelles. On aurait dit qu'une avalanche avait emporté un magasin de peluches avant de finir sa course dans la cabane. L'adolescente récupère un plaid parmi la pile à disposition puis s'enfouit dans la marée de coussins. Malgré toutes les peluches présentes, son grand ours en peluche reste son préféré. C'est la raison pour laquelle il ne quitte pas ses bras, même quand elle peint. Depuis son refuge, elle regarde le ciel s'assombrir petit à petit au fur et à mesure que le temps s'écoule. Cependant, celui-ci ne s'écoule pas assez vite à son goût. Pensive, Aria pioche un bateau parmi la montagne d'origamis fabriquée dans une activité précédente. Elle s'amuse à la faire naviguer sur l'océan de coussins. Puis, elle l'échange contre un papillon de papier que Kelly lui a offert en apprenant que c'est son insecte préféré. Lassée, elle soupire. Le soleil est encore trop haut.

« Je reviendrai une fois la nuit tombée, quand la lune surplombera le ciel noir.

-Tu reviendras en loup ?

- Non, en humain petite fée. Ne t'en fais pas, je ne ferai rien qui t'effrayerai.

- D'accord... mais, c'est sûr que tu reviendras ? Tu ne veux pas... disparaître toi aussi ?

- Je te promets de revenir quoi qu'il arrive, déclare-t-il en mettant en évidence son auriculaire. Moi, je ne t'abandonnerai jamais.

- Promis, scelle-t-elle cette promesse en enroulant son doigt autour du sien.

- Sois patiente, je serai bientôt de retour petite fée. »

Cette conversation avec le mafieux a fait rire quelques frères qui se sont empressés de l'imiter de manière très caricaturale. Il leur a jeté un regard noir, ce qui a amplifié leur raillerie. Finalement, il s'est fait traîner dehors par ses aînés tandis qu'elle, elle s'est faite escorter par les deux autres filles dans cette pièce totalement aménagée pour elle.