Chapitre 30

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- Je lui en toucherai deux mots à celui-là, grogne le chef agacé. Décidément, il a été décidé que l'on ne me ficherait pas la paix aujourd'hui. Wesley, demande à tout le personnel de se tenir prêt. Et surtout, que l'on me ramène mon élue dans les cinq minutes qui suivent, et en douceur.

- Je m'occupe de ça, prévient la nonne. On ne pas empirer les choses.

- Bien, termine le mafieux. Je sens que le gong va bientôt retentir. »

* * * * *


          Sous un soleil voilé, la fraicheur d'un hiver prochain siffle sa volonté de voyager par-delà la montagne voisine. Une douceur pour laquelle une âme naïve pourrait devenir fiévreuse. Malgré l'armure impénétrable qu'elle porte, son cœur vacille au rythme des brises. Dans une danse légère, la plume de ses yeux vacille sur une chute délicate de feuilles. Les pleurs des arbres font affaissés leur désir d'atteindre cette lumière divine. La perte d'une partie de soie parait s'étendre par-delà la vie. Après tout, la mort n'est que la suite de la vie et non son opposé. Tout comme ces arbres, nous devons rester fort, debout et tenir quoi qu'il arrive. C'est sur cette pensée, qu'Aria s'abandonne à une minute de calme total.

Loin de la civilisation, la nature s'apparente à un rêve éphémère qui disparaitra à notre réveil. Un idéal qui s'évaporera de notre mémoire sans aucune trace. On ira jusqu'à se demander s'il l'a vraiment existé. Malheureusement, c'est une autre chose lorsque qu'un évènement s'est réellement passé. Cela peut être merveilleux comme infernal.

Quand un précieux souvenir perdure sous une forme concrète telle que la clef offerte de B-7, il semble guérir les plus insupportable maux. En revanche, quand il s'agit d'atrocités qui sont encrées dans votre chair, tout change. D'abord, vous voulez débarrasser de ce souvenir mais il perdure en vous tel un poison qui se propage tel de l'acide. Plus vous tenter de l'enterrer, plus il s'enracinera en vous. C'est un deuil ; déni, colère, négociations, dépression, et acceptation. Il faut effectuer ces cinq étapes pour espérer de s'extirper de ce cycle impitoyable. Ainsi, on débute sa reconstruction. Plus facile à dire qu'à faire.

Allongée sur un sol d'aube, un brouillard recouvre les sommets. Impossible de voir à une dizaine de mètres. Désormais, le ciel voilé est hors d'atteinte. Les doigts gantés dans le coton, le froid pénètre la moindre fente de son armure constituée de plusieurs couches de vêtements hivernaux. Aria se relève lentement avec tout le poids qui la pousse à se rallonger. La dernière fois que c'était le cas, c'était avec les habits de Louis. Un petit rire s'immisce dans entre ses lèvres. Elle réajuste son jean, dont d'ailleurs elle a beaucoup de mal à s'accommoder. Toute sa vie, elle n'a porté que des robes courtes avec des chaussettes hautes montant à mi-cuisse. Mais c'est une ère révolue désormais.

L'adolescente fouette ses fesses couvertes de feuilles rougissantes et de brandilles humides. La terre salit sur toute une face de couche, mais Aria n'en a que faire. Elle enfonce ses oreilles dans son bonnet de laine. Chaussée dans des baskets à crampons, elle gravit les montées comme les descentes. L'idée de prendre ses jambes à son cou et de partir loin d'ici lui a traversé l'esprit plus tôt. À cette pensée, elle s'était profondément enfoncée dans les bois, le cœur battant d'excitation. La liberté brillait à l'horizon. Mais la raison lui était revenue aussitôt.

Où aller ? Comment me repérer dans ce monde inconnu ? Comment même survivre seule ?

À quoi bon être libre maintenant si ce n'est que pour mourir terrifiée à la prochaine aube. Dans cette grande demeure, elle est logée, nourrie et blanchie malgré les monstres qui vivent. Elle a même quelqu'un avec qui passer du bon temps avec Sœur Solène. La jeune fille n'avait pas mis longtemps à peser le pour et le contre.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant