Chapitre 22

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Nullement habillé, il est entièrement à découvert face à ses bourreaux. Sa peau sombre tailladée en épouvanterai plus d'un. L'hémoglobine s'agglutine sur ses plaies récentes. Les muscles de son visage sont tuméfiés, le rendant difforme. Une odeur à vous retourner l'estomac imprègne le lieu, celle de la mort. Sous sa masse corporelle, des taches brunes et vermeilles dissimulent la nuance naturelle du béton.

* * * * *

Des caresses duveteuses accueillent ses membres endoloris. La chaleur qu'elles dégagent l'enveloppe dans un nuage de confort que nulle créature ne souhaiterait de s'en séparer. Parfois, ses paupières se fendent sous l'éveil de la conscience, mais les chaînes du sommeil l'emprisonnent à nouveau dans l'inconscience.

Dans son monde intérieur, dans son esprit, dans son imagination, la notion de temps est « défaillante ». Le mécanisme psychique est telle un monde d'une autre dimension où le temps est manquant. Un paradis temporaire qui ne laisse que des fragments. Malheureusement, comme il a été dit, ce n'est que temporaire. La conscience devient plus forte, puis assez pour contraindre l'inconscience de se rétracter.

La vue est le premier de repaire, lentement elle observe les environs. Ensuite, l'ouïe identifie les vibrations des sons contre ses fidèles tympans. L'odorat inspecte les effluves environnants. Enfin, le toucher analyse les matières et les formes à portée de main. Un choc se produit alors quand le premier et le dernier sens cités n'assimilent pas les sujets à quelque chose d'inhabituelle ou bien inconnu.

De cette manière, Aria s'éveille dans le monde réel. Ses sens sont encore engourdis par leur long temps d'inactivité. Le brouillard s'estompe, la réalité frappe la conscience de l'adolescente.

L'environnement lui est étranger. Elle ne reconnaît aucun des éléments matériels et immobiles déposés dans la pièce clause. Depuis les draps coûteux du lit immaculé, elle s'émerveille devant l'architecture contemporain de la chambre. Tel un tableau ayant pris vie, l'élégance, la grâce et la grandeur s'harmonise dans chaque courbe peignant cette vision de luxe.

La clarté de la chambre à coucher émet un effet presque fantaisiste. L'albedo assez élevée reflétée par la peinture ainsi que la décoration presque minimalisée sous-entendent bien l'aménagement précipité du lieu. Il n'empêche que chaque partie du mobilier est raffiné et soigné. Les moulures du plafond attirent l'attention de la jeune fille qui pensait y trouver un ciel étoilé.

Un second état émotionnel transite en elle, l'inquiétude et la peur.

Où je suis ? Où est M. Louis ? Qu'est-ce qui s'est passé ? On est morts ?

Ces pensées défilent et s'empilent les unes sur les autres. Sa mémoire lui fait défaut. Elle ne parvient pas à se souvenir des évènements après avoir fui à moto avec son protecteur. Un mal de crâne tambourine dans sa boîte crânienne tel un second cœur. Des mots s'insinuent dans son esprit sans qu'elle ne réussisse à se rappeler de leur origine ; « Aria ! », « petite lapine », « gravement blessée ». Des bruits de détonations, de cris, de machines se suivent. Tout est fouillis dans sa tête.

La crainte et l'angoisse font palpiter son cœur. Difficilement, elle se relève de son trône de coussins bien rembourrés mais moelleux à la fois. Un fin drap glisse à ses hanches. Sa poitrine est révélée tels les bandages bandant son corps. Hâtivement, elle se recouvre du tissu en s'assurant que seul le mobilier ait eu un aperçu de sa nudité. À son action précipitée, des crampes s'éveillent dans ses muscles. Aria essaye d'atteindre le bord du matelas mais, les mêmes douleurs la prennent. Elle se rétracte sur elle-même avant de pouvoir bouger à nouveau.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant