Chapitre 11

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Aria plonge ses mains dans l'abondance de la végétation pour s'emparer d'un morceau de ce rêve. Elle ôte d'un seul coup une fraction de verdure faisant céder les racines. Sur son visage poussiéreux et humide, elle y étale le bout de nature sur tous ses pores. Elle sent, ressent et entend tout de ce vœu désormais exaucé.

La nature l'exalte de toute sa beauté et son bien être.

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La jeune survivante étend ses bras frissonnant autant qu'ils le peuvent à travers les rayons de chaleur. Elle veut s'y bercer jusqu'au bout de ses ongles meurtris. Ses yeux s'ouvrent à nouveau sur cette image d'un bleu infini. Elle pourrait étendre ses membres endoloris encore et encore, jamais aucun mur, aucune barrière ne pourra l'entraver d'aller encore un peu plus loin. Sa seule restriction à toucher cet infini est son corps. L'adolescente se met à envier ces oiseaux. Si seulement elle avait une paire d'ailes alors elle pourrait connaître la texture, l'odeur et le goût de l'infini. Pour l'instant, elle ne peut que l'observer dans son plus vaste cadre aussi silencieux soit-il.

Le regard cendré est attiré par des zones de sa peau irritées tels que ses mains et pieds. Elle ne peut s'empêcher d'écorcher son épiderme de ses ongles voraces de sa propre chair. Une minute suffit pour qu'émerge un fluide carmin à très faible dose qui stagne. Elle poursuit son inspection sur le long de ses bras. Ils sont toujours recouverts de machettes qui sont tachées d'un sang brun presque sec. Ses bas légèrement éventrés n'y échappent pas non plus. Cette hémoglobine appartient maintenant a un mort. Les deux seuls êtres qui lui ont appelés par un vrai nom sont morts à cause de cette meute de monstres. Tous ceux qui l'ont protégés sont allongés dans leur propre sang , entourés d'un nuage incolore brûlant votre gorge et irritant votre peau. Les doigts de la survivante s'agrippent avidement à la surface de bronze.

Brusquement, elle se cogne aussi fort que possible le front contre la verdure humide du sol. Elle saisit l'épais collier de métal puis hurle le mal lui étreignant le cœur. Les larmes s'écoulent de ses yeux jusqu'à sur son nez bientôt inondé de tant de malheurs. Attristée, le cœur ravagé, la vie lui semble maintenant anéanti. Le cobaye n'a plus rien, plus personne. Pour la première fois de toute son existence, Aria ressent ces que sont sentiment solitude et la désolation. Parmi toutes les douleurs que subit son faible organisme; allant de sa peau brûlante à sa gorge et ses voix respiratoires incendiées en passant par des maux d'estomac, c'est son cœur qui lui paraît le plus douloureux. Son cœur semble se contorsionner sans cesse dans sa maigre poitrine.

"Je suis seule."

"Plus personne n'est là pour moi." se répète-t-elle dans sa tête.

Le froid chasse ces pensées par de glaçantes caresses sur ses membres irrités. Des frissons témoignent de la désagréable température ambiante. Des bruits effrayants viennent la gifler pour un allée direct à la réalité. L'enfant ayant toujours été vécue sous terre est dehors. C'est ici que les monstres vivent, là où ils les attendent pour les dévorer tout cru. Cet être innocent est littéralement apeurée. Sa respiration enflammée refuse de cesser son boucan qui ce redouble ses pleurs craintifs. Elle ne veut pas mourir, pas après avoir endurer tout ça.

"Il faut que je vive, il faut que j'obéisse à Marianne et B-7. Il faut que je trouve cette rivière et la suive jusqu'à un petit village. Il faut que je sorte de cette forêt sûrement truffée de ces monstres abominables," s'encourage-t-elle silencieusement.

Aria desserre la mini ceinture qui maintient la manchette où se trouve ses deux précieux souvenirs. Toujours  avec des yeux larmoyants, elle les sort précautionneusement. Une clef de B-7 et un bonbon emballé de Marianne. Ses paumes enferment chacune un des deux objets avec détermination. Ensuite, elle les colle contre sa poitrine dans l'espoir de lui apporter un peu de réconfort ainsi que du courage pour avancer. Une fois le brusque déferlement d'émotions passé, elle entrepose à nouveau ses trésors dans sa manchette bien serrée.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant