Chapitre 34

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Il est facile pour un loup de berner une proie, mais, un loup peut se prendre d'affection pour celle-ci ? Quelle ironie ce lien sacré, songe-t-il en autodérision.

L'alpha scelle ses yeux ambrés. Il se laisse chavirer par l'arôme des huiles sur sa dulcinée. Le sommeil l'emporte à son tour. À cet instant, ils ne forment plus qu'un.

* * * * *

Les heures se déversent sans que le duo ne puisse s'en rendre compte. Le Soleil en a eu assez de patienter pour le retour. Il est parti s'enfouir dans l'horizon parmi un incendie épuré aux nuances chatoyantes. La Lune s'est hissée à la recherche de l'origine de sa lumière si glaciale. Mais celui-ci ne l'a pas attendu encore une fois. Sa tristesse se répand dans le ciel obscur alors que de faibles espoirs scintillent telles des larmes frigorifiées. Cette Lune solitaire et blessée depuis des millénaires bénit par sa lumière délicate les créatures complètes ou non, habitant ici-bas.

L'une d'entre elles papillonnent de ses paupières engourdies. Peu à peu, son esprit se dissocie de sa torpeur. Des résidus de la lumière bénite se faufilent sous les rideaux encadrant la tête de lit. L'éclairage intégré est tamisé pour ne pas gêner le repos mais présente à l'attention de la jeune fille. L'Alpha est prévenant.

Aria essaye de s'étirer mais une étreinte la garde à l'étroit. Une paire de bras puissante aux mains visiblement tatouées jusqu'aux métacarpiens. Le souffle chaud de l'homme se dissout dans les cheveux éparpillés sur son crâne. Les arômes naturels de l'homme embaument les narines de l'adolescente perturbé.

Comment je me suis retrouvée dans cette position ? se demande-t-elle intérieurement. Pourquoi je suis dans entre les griffes d'un prédateur ?

L'inquiétude se métamorphose en peur. Sa première pensée est de s'éloigner de la bête qui dort contre son dos et aux jambes entremêlés. Prudemment et habilement, elle se contorsionne hors de cette embrassade suspecte. Aria utilise son ingéniosité et s'accroche à la tête de lit pour arriver à ses fins. À peine se réfugie-t-elle sur une extrémité libre du lit, que Raphaël s'agite. Sous l'adrénaline, Aria se prépare au pire. Le réveil de la bête qui entrainera sa colère. Mais, l'homme se stoppe.

Méfiante, Aria inspecte le visage de l'alpha. Celui est légèrement tiré et ses mains ont comme des spasmes. Elles se rétractent et se détractent sans arrêt. L'adolescente confuse s'interroge sur cette réaction. Ses yeux font allers-retours, puis une illumination vient à elle.

Il fait peut-être des cauchemars ? Il voulait se réfugier contre ma peluche ? Mais c'est logique ! conclue-t-elle hâtivement en plaquant son poing dans sa paume. Il m'a confondu avec son doudou.

De bonté, Aria cale la peluche dans l'étreinte béante de l'homme. Cette association entre la bête sauvage et la mignonnerie d'une peluche rend la scène adorable. Pendant un instant, elle jure l'entendre pester. Puis, il s'étale à bras ouverts de son côté. Sa chemise impudique révèle le V sous ses abdominaux mais aussi une vue plongeante sur une partie des pectoraux. Il y a évidemment encore ces dessins noirs. L'intrigue de la jeune fille à leurs égards revient au galop. Cela en est presque obsessionnelle. Cette amatrice en art est curieuse à tout ce qui touche à sa passion. Mais, la curiosité peut être une qualité comme un défaut.

L'attirance pour ces tatouages abstraits a raison d'elle. De plus, la bête semble profondément endormie au son de sa respiration. C'est avec courage et folie, que la naïve adolescente s'avance à quatre pas vers le détenteur de mystère. Son souffle se coince dans sa trachée sèche dès qu'elle est près de lui. Mais, son objectif la motive à poursuivre.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant