Chapitre 38

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Mutisme.

Choc.

Cette annonce a l'effet d'une massue. Un grincement le fait vivement pivoter. Dans l'encadrement d'une porte, une paire d'yeux cendrés le fixe. Puis, elle disparait d'un glissement dans la pièce avec à sa suite la porte. Un claquement puis, le silence.

* * * * *

Une secousse. Une autre. Encore une autre.

Il se tord en se penchant vers l'avant sans pouvoir retenir ses tremblements.

Une explosion de rire se disperse dans le couloir.

L'alpha ne contient plus cette satisfaction qui le comble. Sa petite fée ne s'est pas contentée de montrer les griffes, mais elle s'est défendue face à ces tarés. De cette fierté, il en tire de la moquerie envers ces savants fous qui se sont pris un revers inattendu d'une innocente utilisée. Mais, ils ne se sont pas encore pris le revers de la médaille. Raphaël s'en assurera qu'il restera encré dans les flammes et la roche.

Le mafieux s'accroupit pour reprendre son souffle. Il se recoiffe en tirant sur ses ondulations. L'émotion s'atténue. Une amertume fait tressaillir son palais.

« Un automatisme de défense... Ils l'ont poussé à bout, conclue-t-il gravement. Tu penses à quel genre de psycho traumatisme ?

- Tu comprends vite, se réjouit Lenny. Elle est victime de l'ESPT, « Etat de Stress Post-Traumatique » qui est une pathologie psychiatrique à part entière. Selon des rapports, il est défini chez elle par le « syndrome de reviviscence ». Dans son cas, elle avait des bribes de souvenirs qui la poussaient dans des mini flashback lors de son sommeil.

- Juste durant son sommeil ? questionne septique l'alpha. Ce n'était pas au quotidien ?

- J'y viens ! intervient Lenny ennuyé. De ce que j'ai compris, il y a eu une dissociation traumatique[1]. En bref, c'est qu'il y a une perturbation de certaines fonctions normalement intégrées, comme la conscience, la mémoire, l'identité ou la perception de l'environnement. Ce sont par les cauchemars de « SS – 11 891 » qu'ils ont compris qu'il y avait eu une déréalisation[2] lors de l'acte meurtrier. C'est comme ça qu'ils ont vraiment commencés à avoir un intérêt pour son état psychologique, notamment aux rêves.

- De mieux en mieux... grince le mafieux. Donc, elle a oublié ce qui s'était passé ? Elle n'en a pas le moindre souvenir immédiat ?

- Cela dépend de son état émotionnel, précise l'indolent.

- C'est trop te demander de débiter les détails ? grogne l'homme-loup acerbe.

- C'est une dissociation secondaire, répond d'un air agacé l'informaticien. En clair, la personne en question prend de la distance par rapport à l'événement et vit le fait à travers la position d'un observateur. Dans cette situation, il y a plusieurs « états du moi » fragiles dissociés. Les symptômes continuent d'apparaître alors que l'événement menaçant est terminé. Le système de stress est continuellement activé et fait osciller la personne entre de l'anesthésie, de l'amnésie ainsi que du débordement.

- Donc... elle peut être marquée à vie sans avoir réellement conscience ?

- Cela peut durer tant qu'il n'y a pas eu l'intégration de l'évènement traumatisant, affirme Lenny sans compassion auditive. Et puis, merde ! Je ne suis pas médecin moi !

- Putain... »

Au bout du combiné, on peut entendre les claquements frénétiques des touches du clavier de l'informaticien. Il marmonne diverses broutilles avant de s'exclamer.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant