Chapitre 31

2.8K 174 12
                                    


Sur cette pensée, ils arrivent devant la porte où se cache depuis bien trop longtemps. L'odeur douce de la jeune fille se dégage parmi celles de son accompagnatrice et sa servante. Soukeye tape trois coups rythmés sur la porte, puis entre avec la permission de la nonne.

* * * * *

              L'endormie n'entend pas sa porte de chambre grincée. Vagabondant aux tréfonds de ses songes, sa conscience est tenue à part. Un rêve avait débuté depuis un moment, celui où Aria était entourée de milliards de bonnes choses à déguster. Gâteaux et plats salés s'étendaient à perte de vue. Mais ce rêve s'était transformé rapidement en cauchemar. Dorénavant, ses mains chocolatées dégoulinent de sang. L'odeur de la poudre se repend à chaque détonation par millier. Des hurlements bestiaux se mélangent au champ de bataille. Deux hommes s'écroulent devant elle. Dans un dernier effort, l'un l'étreinte tandis que l'autre lui caresse sa chevelure. Une chaleur horripilante se déverse sur elle. Ce fluide vermeil suinte de leurs corps ulcérés.

Dans cet élan de terreur, une paire de paumes voraces s'emparent de ses joues trempées. Marianne se tient au-dessus d'elle, les traits de son visage brouillés par l'oubli. Les ongles de la scientifique s'enfoncent dans sa peau.

« SS – 11 891, tu dois retourner au laboratoire et me rendre éternelle ! s'écrit-elle de sa voix frissonnante. Je vais marquer l'Histoire !

- Ma... Marianne... Je ne peux pas... B-7 et Louis... tente d'argumenter vainement l'enfant apeurée.

- Vilaine fille ! Tu oses me faire ça, à moi ?! hurle la femme hystérique. Regarde, regarde ce que tu m'as fait ! » vocifère-t-elle en élevant ses bras.

Aria se sent défaillir. Son estomac menace d'éjecter tous ses acides amers. Devant ses yeux ébahis, les mains charcutées jusqu'aux poignets de Marianne la tétanisent. Des hauts cœurs s'accompagnent de vertiges. Une silhouette brouillée se tient derrière Marianne, les souliers trempant dans le fluide sanguin des deux cadavres. C'est lui, c'est le chef des loups. Immobile il scrute la scène, indifférent.

« C'est ta faute ! l'accuse-t-elle fermement. C'est ta faute SS – 11 891, si j'ai si mal ! Tu m'as laissé tout de seule avec ces monstres !

- Ma, Marianne... Je ne voulais pas... J'avais si peur... Je suis désolée...

- Tu ne t'es même pas rendue ! Tu as préféré t'enfuir ! poursuit d'autant plus l'hystérique. Traitresse ! Tu as eu le cran de me désobéir !

- Pardonnez-moi, s'excuse-telle lamentablement. Excusez-moi, je suis désolée ! »

Une matière humide et froide la sort de sa torpeur dans un soubresaut. Ses paupières s'ouvrent brusquement pour la plus grande joie du public. Aria remarque les deux femmes au-dessus d'elle, les traits tirés d'inquiétudes. Une goutte de sueur s'exsude de ses pores moites.

La respiration saccadée, elle observe son environnement encore dans les vapes. Elle distingue enfin les personnes autour d'elle. Sœur Solène encadre son visage en lui tapotant le front d'un gant gorgé d'eau fraîche. À sa gauche, l'employée privée lui tient le bras, un couple de doigts contre les veines de son poignet. Say étudie son rythme cardiaque. Contre son dos, un corps chaud se mouve. En relevant la tête, elle croise un visage familier à la chevelure brune bouclée, perché de sa hauteur courbée. Aria tente de se dégager mais il est trop tard ! Elle est sous leur emprise.

Sous le coup de la peur, elle mord la main de l'homme déposée sur son thorax fébrile. Sœur Solène essaye de la rassurer mais le delta prend les devants. Il la cajole avec une attention débordante. Il lui murmure des mots réconfortants qui ne la laisse pas indifférente. Progressivement, la crise de panique cesse. Ses muscles se détendent et tous la relâche, enfin mis à part le delta. Il aime être contre sa dauphine, qu'elle lui accorde sa confiance, sa faiblesse. Léo enlève sa main de ses dents, un léger sourire aux lèvres. La marque de sa dentition dans son épiderme s'efface bien vite au vu de sa condition lupin. Cet accroc n'a provoqué aucune souffrance, juste un contact quelconque.

Le Spécimen de laboratoire et le Chef de la mafiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant