Je suis cloué au lit, je m'ennuie. Il est 16h et je ne suis toujours pas allé voir Kana. Cindy a mît ses menaces à exécutions, ce matin ma porte était fermée, je suis donc coincé ici, j'attends, quelqu'un finira bien par m'ouvrir et mes parents ne devraient pas tarder. J'espère que ma mère va faire un scandale, on n'enferme pas un malade tout seul, imaginons que je tente de me suicider ... qui me sauve ? Qui m'entends? Personne.
Je profite de ce moment de repos forcé pour me détendre et me calmer. Je suis sur les nerfs, stressé , angoissé comme je ne l'ai jamais été. Hier soir un médecin m'a remonté les bretelles, tous se lie contre moi.
La poignée tourne dans le vide, j'entends mon père râler et ma mère pester, Cindy va devoir trouver une bonne excuse car on ne me séquestre pas comme ça pour rien.
Quelques minutes plus tard le verrou tourne et je retrouve ma liberté. Ma mère entre, les traités tirés par la peine, son chignon serré au dessus de son crâne lui donne un air sévère et l'absence de maquillage laisse visible les lourdes cernes sous ses yeux. Elle ne dort plus, pleurant Kana toutes les nuits. Mon père, lui, n' est pas différent de d'habitude si ce n'est qu'il ne sourit pas.
La porte claque derrière eux et marque le début d'un long silence.
Que pourrais-je leur dire ? À part que je veux voir Kana.
Je pourrais aussi leur annoncer que leur fils Ryan est un menteur doublé d'un traître mais certaines choses doivent restées privé, je règlerai ce problème moi même. Ma mère gigote timidement sur son siège cherchant un moyen d'engager la conversation.- Alors votre voyage mon chou?
- Bien.
- Raconte nous.
- Juste bien, y'a rien à dire.
- Kei...Je ne veux pas en parler, je ne veux pas y penser. La vision de Kana s'effondrant soudainement me revient en tête à la moindre allusion au voyage, je ne peux pas en parler c'est au dessus de mes forces.
- Kei, intervint mon père. On souffre aussi, tu n'es pas seul on est là. Ne te terre pas dans ton silence,ne lâche pas, accroche toi, pour nous.
Doucement la première larme coule de mon œil droit jusqu'au bas de ma mâchoire, bientôt suivit d'une deuxième puis d'une troisième commençant une longue série. Les mots sortent difficilement, je m'emmêle les pinceaux, raconte toutes nos aventures dans le désordre, mélange les situations, les jours, les personnes. Je ne sais plus se que je dis, un flot incessant de paroles est accueillit par mes parents. Ils ne disent rien, mon père se rassoit et ma mère vient me prendre dans ses bras. J'en viens au fait que je l'aime, qu'on s'aime que je ne veux pas la perdre, que j'ai peur, mon dieu ce que j'ai peur.
- Je veux la voir, il faut que je la vois, gémi-je.
- On va y'aller, chéri , calme toi et on y va.Je reprends mon souffle, cesse de pleurer, m'essuie les yeux et hoche la tête. Je descends de mon lit sans trop de difficulté porté par mon impatience et entraîné par le fil qui nous relie.
J'ouvre la marche suivis de mes parents, ceux-ci n'ont commenté aucune des nombreuses informations que je leur ai livré 5 minutes plus tôt.
Non loin de l'entrée de sa chambre se trouvent des médecins, tous affichent une expression désolée, près d'eux se trouve un brancard recouvert d'un bâche. Ils se mettent en marche et passent devant nous. Peu à peu tout s'enclenche, un film des plus macabre et dramatique flotte dans mes pensées. Le cadavre recouvert n'est ni grand ni petit, ni gros ni maigre, la carrure d'une fille de 16 ans. Des bribes de leur conversation me parvienne.
"La pauvre le cancer l'aura emportée..."
Mes jambes de dérobent sous moi, mon père me rattrape de justesse. Ma mère répète en boucle les même mots comme un CD "Oh mon dieu, pitié."
Le carrelage me gèle les fesses, la pièce tourne, mon cœur me fait mal, il se brise, saigne, semble vouloir s'arrêter pour m'emmené près d'elle. La mort n'a pas pu me la prendre, le destin n'est pas si cruel. Mon père me secoue légèrement pour me faire reprendre mes esprits, m'appelle, m'implore de lui réponde.Une poussée soudaine d'énergie me remet sur pieds. Je m'élance en direction de sa chambre, un lit vide doit certainement m'y attendre mais je dois le vérifier de mes propres yeux avant de commettre l'irréparable.
Sans une hésitation j'entre dans la pièce délaissée du bruit familier du moniteur. La jeune femme en face de moi m'adresse un petit sourire alors que les larmes coulent déjà de ses yeux. Je crois d'abord à une hallucination provoquée par mon cerveau pour m'éviter de souffrir et d'affronter la vérité en face. Mais le temps passe et ma vision ne change pas, je me frotte les yeux cherchant à faire apparaître la réalité , rien n'y fait. Je ne comprends plus, que c'est-il passé?
- Kei ...
Sa douce voix sanglotante m'appelle une fois puis deux, elle ouvre les bras pour m'accueillir. Je l'enlace doucement puis serre un peu plus fort pour m'assurer de sa présence. Elle ne disparaît pas et la sensation de ses larmes dans mon cou me confirme qu'elle est vivante. Je m'écarte un peu d'elle, prend sa tête entre mes mains et caresse lentement ses joues avec mes pouces effaçant le chagrin de son visage.
- J'ai cru que ... chuchotais- je faiblement, que tu m'avais quitté.
Elle resserre ses bras autour de moi me faisant presque mal.
- Jamais , jamais ...La douleur de la perte et le soulagement des retrouvailles se mélangent en moi. Je ne sais toujours pas se que c'était, comment peut-elle être ici et là-bas, vivante et morte à la fois? Les bruits de pas s'interrompent devant le cadre de la porte, ma mère remercie Dieu tout en versant ses dernières larmes. Mon père la serre fort contre lui.
L'amour est un sentiment plus fort que tout, avec lui une multitudes d'autres de fondent en nous. La douleur, la tristesse et le chagrin ne sont rien comparés à la chaleur de l'amour qui m'emplit à cet instant.
Je souhaite vivre ça pour toujours, enfin aussi longtemps que le temps me le permettra.
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Never give up ...
RandomQuand vous pensez être au fond du trou ne baissez jamais les bras, une lumière peut toujours venir chasser vos ténèbres. C'est quand vous pensez que tout est fini et qu'il n'y a plus d'espoir que la chance vous sourie enfin. Une personne peut partag...