28) PDV de Ryan

81 5 7
                                    

" Le cancer peut atteindre tous les organes et tous les tissus. Quelle qu'en soit la localisation, la cellule cancéreuse présente des anomalies caractéristiques, reconnaissable au microscope. Le tissu cancéreux a une structure anarchique profondément modifiée par rapport au tissu d'origine..."

Je lis et relis mon cour mais rien ne rentre. Je connais déjà tout cela, j'étudie ce sujet depuis que j'ai choisi ma voie. Mais aujourd'hui la simple évocation du mot cancer plonge mon moral dans mes chaussettes. Je poursuis mon apprentissage tant bien que mal même si j'ai perdu la motivation sans faille dont je faisais preuve il y a seulement quelques semaines de cela.

Tout c'est enchaîné très rapidement, en voyant son visage pâle comme la neige mon cœur a fondu. J'ai vidé mon sac sans me poser de questions, mes sentiments, mes inquiétudes et mes espoirs. Je ne le ferais plus jamais. Elle n'est pas pour moi ou plutôt je ne suis pas pour elle. Kei occupe le rôle du gardien si ce n'est pas celui du petit ami. J'ai questionné ma mère en toute subtilité pour en apprendre un peu plus sur leur relation. Mais elle m'a répondu "si tu veux savoir va leur demander à eux". Personne n'est de mon côté, je le sens bien. Mes parents m'ignorent plus ou moins depuis que je ne vais plus voir Kei. Mais qui dit Kei, dit Kana et pour son bien il vaut mieux que je garde mes distances.

Je me souviens de ce jour comme si s'était hier, sa présence à mes côtés sur ce banc où je déversais mon chagrin. Cette petite princesse enfermée dans sa tour médical, ce cœur à prendre pur et innocent. Son charme naturel a suffit à me captiver. Nous nous sommes tout de suite bien entendu malgré notre univers différent. Mais il ne fallait pas que je succombe, "ne vous fiez pas aux apparences" ce conseil vaut de l'or. Derrière mon physique impeccable et angélique se cache une personnalité et un passé plus obscure. J'ai changé d'une certaine manière. Je me suis pris en main, j'ai étudié. Mais cela n'efface pas se que j'ai pu faire ou dire quand j'étais au lycée.

Regardez ma copine et vous comprendrez une partie de l'équation. À l'époque les fêtes allaient bon train, jeudi, vendredi, samedi, chaque soir une nouvelle fille, blonde ou brune peu m'importais tant qu'elle finissait sa soirée dans mon lit. Mes amis n'étaient pas des plus fréquentables, drogues, bagarres et courses poursuite avec la police meublaient mon quotidien. Mes parents ont bien essayé de me raisonner mais ma période rebelle a pris une tournure de film American.

Deux événements déclencheurs ont forcé mon retour dans le droit chemin, la maladie de Kei et la mort d'un de mes amis. Nous étions allés trop loin, une bagarre de rue a mal tourné, une balle perdu, un corps à terre et la vérité m'apparu, il fallait cesser les conneries ou j'y passerais aussi.

J'ai stoppé toutes mes activités de dilleur mais je n'ai pas su me défaire de mon appétit sauvage pour les jolies filles toutes en formes prêtent à vous ouvrir les jambes dès le premier soir. C'est pour cela que Kana ne me convient pas. Elle est jeune, trop jeune et trop parfaite, trop gentille et trop mignonne, je ne saurai que la blessée. Et se n'est pas le seul problème, mon frère, mon jumeau spirituelle craque pour cette petite brune au regarde enchanteur. Il a besoin d'elle alors je me retire pour notre bien à tous.

Il me hait je le sais. Mon impudence lui aura permit de découvrir mon secret. Il l'aime aussi mais elle ? Je suis certain qu'avant que je ne prenne mes distances elle n'était pas insensible à mon charme. Mais lorsque Clarice m'a accompagné lors d'une de mes visites, j'ai senti notre connexion de rompre, elle m'a remit dans la case à laquelle j'appartiens celle " des mecs à pouffe".
Et qu'est-ce qui l'empêcherai de tomber amoureuse d'un mec bien comme mon frère? Rien.
Enfant sage et intelligent, la fierté de la famille cependant je n'ai jamais été jaloux. Il ne m'a jamais prit de haut, j'étais son égal, son modèle même si maintenant il ne voit plus en moi qu'un traître.

Je ferme mon livre et décide d'abandonner les révisons, dans cet état je ne suis bon à rien autant en profiter pour se détendre. Je descends les escaliers pour rejoindre mon père dans le salon et le prévenir que je sors. Je poursuis mon chemin jusqu'à l'entrée mais il m'arrête.

- Pour aller où?

Sa question n'était pas juste pour satisfaire sa curiosité, on sentait la suspicion dans sa voix ainsi qu'une pointe de méfiance. La confiance que m'accordaient mes parents a volé en éclats deux ans plus tôt, mais je ne leur en veux pas après tout je l'ai mérité.

- Faire un tour rien de bien méchant.
- Passe voir ton frère.
- Crois moi il me préfère largement loin de lui.
- Et Kana?
- Elle n'est que sa colloc, rien de bien important.

Je mens pour me protéger, j'essaye de me convaincre avec mes propres mots. Mon père n'est pas dupe mais il laisse couler, il sait très bien qu'il ne peut rien y changer.

Le soleil tape fort au dessus de ma tête, mon doigt s'acharne sur la sonnette de l'appartement de Clarice mais personne ne vient m'ouvrir. J'entends le bruit de la musique à travers la porte et m'impatiente. J'appuis sur la poignée et la porte s'ouvre, on ne pourra pas dire que je n'ai pas fais l'effort de me comporter normalement. Des verres en plastiques traînent un peu partout dans le salon, des chips craquent sous mes pieds, les vestiges d'une fête font perdre tout son charme à cet endroit. Je coupe la chaîne-hifi pour rétablir le calme mais des bruits étranges troublent encore le silence. Je ne connais que trop bien la personne qui émet ces gémissements et je sens que la suite ne va pas me plaire.

J'avance jusqu'à sa chambre et ouvre la porte sans signaler ses occupants de ma présence. Mon meilleur ami et ma copine me regardent sans pour autant se détacher ni même se rhabiller. Ce spectacle ne me fait ni chaud ni froid, il peut bien sauter cette pouffe, là n'est pas le problème, mais le faire derrière mon dos n'est pas digne d'un ami. Clarice s'éloigne finalement de lui et se couvre de son t-shirt avant d'avancer vers moi.

- Ryan ce n'est pas se que tu crois.

J'explose de rire et pointe du doigt sa tenue et l'état de ses cheveux, son souffle est encore court après le sport qu'elle vient de faire.

- Il valait le coup j'espère?

Elle ne me répond pas et baisse les yeux, elle semble regrettée mais je ne lui pardonnerai pas, on ne me trompe pas, question de fierté.

- Et toi mec?
- J'ai kiffé mon pote.
-Tant mieux, je te la file, allez- y reprenez ne vous gêner pas pour moi.
- Ryan écoute, dit-elle au bord des larmes. S'il te plait ne ma laisse pas, je... je suis désolée.

Je n'écoute pas plus longtemps des jérémiades et sors de la pièce. Elle me court après mais je lui claque la porte d'entrée au nez. J'ai perdu un ami, ma copine, mon frère et la fille que j'aime, ça ne pourrait pas être pire.

Never give up ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant