Never give up ...

32) PDV de Ryan

Ma mère m'étouffe. Je ne suis partis que 3 jours mais l'on croirait qu'elle ne m'a pas vu depuis des mois. Elle m'examine méticuleusement à la recherche de la moindre blessure ou petite entaille. S'en suit une fouille digne d'un officier d'aéroport, si elle avait un détecteur de métaux je n'y couperais pas. Le soulagement a très vite était remplacé par de la colère et son sermons dure déjà depuis 5 minutes.

- C'était irresponsable Ryan! Voyons à quoi pensais-tu ? Mais surtout à qui pensais-tu ? Je vais te le dire moi, à personne. Pas le moindre SMS ni le moindre coup de fil pendant 3 jours, tu n'imagines pas à quel point je me suis fait du soucis. Kana aussi d'ailleurs, il lui faut du repos mais à la place elle perdait son temps à s'inquiéter pour toi. Un simple appel pour me prévenir que tu ne rentrerais pas nous aurait évité de nous faire du mouron mais Monsieur ne s'occupe pas des autres et ne pense qu'à lui. Faire le point dis-tu, et sur quoi? Qu'est-ce qui est si important pour que tu nous oublies ainsi ?

- Je ne t'en parlerai pas.
- Oh non, ne me dis pas que tu recommences. Tu replonges Ryan?
- Maman ! Mais n'importe quoi ! J'ai dis faire le point pas me faire du fric.
- Tu me rassures.

Elle semble hésiter à ajouter quelque chose, son regard fuit le mien et elle paraît soudain bien moins remontée.

-Tu étais chez un ami ? Pas chez Clarice ?

Il n'y pas la moindre trace de joie dans sa question. L'information devrait pourtant la réjouir, elle qui la déteste tant.

-Tu ne risques plus de la voir, c'est terminé.
- Tu l'as largué ?

Toujours pas de cris de joie, elle est plutôt paniquée mais que lui arrive t-il?

- En quelque sorte.
- Quand ?
- Quand j'ai vu mon meilleur ami dans son lit.
- Oh ... je suis désolée chéri.
- Ne t'inquiète pas je l'ai très bien pris... trop bien même.
- Je sais, tu sais.

Que quelqu'un éclaire ma lanterne, je ne vois pas de quoi elle parle ni pourquoi elle prend un ton si dramatique.

- Kei m'a dit.
- Mais encore.
- Kana.

Je l'avais oublié cet histoire. J'ai l'art du timing on peut dire, faire sa confession à la copine de son frère devant son frère ... Mais je n'aurai jamais pensé qu'il irait en parler à maman. Me craint-il à ce point ? Autre fois on en aurait discuté , on aurait trouvé une solution. Aujourd'hui il rassemble ses forces pour la bataille et compte bien me mettre échec et mat.

- Arrête de t'en faire. Je resterai sur la touche.
- Il ne se sépareront pas tu sais.
- Ce n'est pas certain. Mais je n'attendrais pas jusque là. Elle ne le saura pas et je l'oublierai.
- Tu ne fera pas de bêtises ?
- Non , je ne me droguerai pas.
- Promis?
- Promis.

Elle expire tout l'air contenu dans ses poumons et sourit enfin. Pourquoi ai-je mal au cœur subitement ? Pourquoi ai-je l'impression d'être abandonné ? Ma mère soutient mon frère et alors ? Ça a toujours était, mais pourquoi il n'y a que maintenant que la douleur me frappe ?

- Il faudrait que tu évites d'aller la voir ce sera plus simple. Je lui passerai le bonjour pour toi si tu veux.

Arrête de sourire. Tu ne vois pas que je suis malheureux ? Ton inquiétude de toute à l'heure n'avais lieu d'être que parce que je menaçais le bonheur de Kei. Je compte si peu à tes yeux ?

- Si tu veux parler à Kei tu pourras toujours l'appeler.

Arrête.

- Les résultats de Kei sont bons ce mois-ci, les médecins sont ravis.

Arrête ...

- Il va s'en sortir je n'ai plus aucun doute. Quand lui et Kana sortiront de l'hôpital on fera une petite fête. Il faudrait que j'arrête de m'imaginer le futur car je commence déjà à visualiser le visage de mes petits enfants ou encre la robe de mariée de Kana...
- Arrête !
- Voyons Ryan calme toi!

Je sors de la pièce en furie. Je monte dans ma chambre et attrape le sac le plus proche. Je fourre dedans des vêtements propres, mon ordi portable, mon chargeur, une paire de chaussure et tout le liquide que j'avais planqué sous mon sommier. J'entends les pas de ma mère dans l'escalier, elle apparaît dans l'encadrement de la porte quelques secondes plus tard.

- Ryan ?

Je ne lui répond pas, boucle mon sac et commence à me changer. J'enfile un T-shirt noir déchiré et un jean noir dans le même état. Je lace mes bottes et ferme mon sweat à l'effigie de mon groupe de rock préféré.

- Ryan ?

Je la bouscule légèrement et descend les escaliers. Elle me suit, ses cris se font de plus en plus fort et paniqués.

- Que fais-tu ? Ryan ! Arrête tout de suite. Pose moi se sac et file dans ta chambre.

J'ouvre la porte et tombe nez à nez avec mon père. Ses yeux vont de mon sac de voyage au visage alarmé de ma mère. Il fait barrage avec son corps pour m'empêcher de passer.

- Mon garçon rentre immédiatement à l'intérieur, je crois qu'on a des choses à se dire.
- Et moi je crois justement que l'on parle beaucoup trop.

Je force le passage, accélère jusqu'à ma moto et met le contact.

- Ryan !

Ma mère pleure maintenant. Elle agrippe mon t-shirt et me supplie de rester. Je me dégage de son emprise d'un coup de coude. Elle recule surprise de mon geste. Pendant un instant sa respiration s'est bloquée et elle a fermé les yeux.

- Parce que maintenant tu me crois capable de te frapper ?
- Non mon cœur ... je ...
- Garde tes surnoms pour Kei, Kana et tes futurs petits enfants, une chose est sûr ils ne seront pas de moi.

Je lui lance un dernier regard mauvais et enfourche ma bécane. Mon père la prend dans des bras pour la calmer. Il ne semble pas m'en vouloir et ne tente rien pour m'arrêter. Son regard exprime presque de la fierté.

J'ai su dire stop, je m'en vais, reste à savoir si je reviendrai un jour.