21) PDV de Kei

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La nuit fût particulièrement longue. Je n'ai pas fermé l'œil. J'eu beau me triturer les méninges je ne trouvais pas les bouts du puzzle manquant, la valeur de X qui permettrai de résoudre l'équation qui dit que les gens comme nous n'ont pas le droit au bonheur. Mes réflexions ne m'ont mené à rien, aucun indice, aucune chance de sortir de cette spirale du malheur dans laquelle nous sommes. Ma colère fût remplacée par de la tristesse puis finalement ne me laissa que des regrets.
Elle n'est coupable de rien, mais seul dans ce couloir délaissé de sa présence je ne savais que penser. La première idée plausible qui me vint à l'esprit était qu'elle m'avait utilisé et qu'elle regrettait finalement, que je n'en valais même pas la peine.
Mais ce matin en regardant à travers la vitre les clairs rayons du soleil, je sais que je me suis trompé. Nous partageons, j'en suis certain, cette même peur qui nous frêne et nous empêche de nous lancer, de croire en nous. Le simple fait d'avoir son avenir incertain nous empêche de nous y projeter. Nous vivons sans vivre, passons le temps qui vient à nous sans réellement en profité, appréhendant plus qu'il n'y en ai pas après.
Comment crée un avenir commun à deux personnes qui n'en n'ont pas un personnellement?
Nous pourrions toujours essayer, nous battre, remonter à contre courant la rivière qui nous emmène vers le fond.
Mais si un de nous deux y reste prématurément il risque d'entraîner l'autre dans sa chute. Je ne m'imagine pas resté sans elle. La chambre d'hôpital serait désespérément vide et il ne faudrait pas longtemps avant que le chagrin de me tue. Alors cela vaut-il vraiment le coup ? En valons nous vraiment le coup?
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Le paysage est certainement magnifique mais je n'y prête aucune attention. Nous marchons depuis une bonne demie heure autour de ce lac qui ne semble pas avoir de fin. Je suis en queue de peloton et ferme la marche en traînant des pieds. Kana , elle, se tient aux côtés de M. Silver ( le chef de groupe) en tête de fil. Il m'a plusieurs fois lancer un regard interloqué quant au fait que nous ne soyons pas ensemble mais je ne lui répondis rien.
" On se soigne aussi par le moral " me disent souvent les médecins, je le sens , en moi les barrières mental que j'avais érigé se sont effondrées et plus rien maintenant ne bloque l'avancer du mal qui me ronge.
Le souffle court, je peine à ne pas me faire distancer. Mes poumons me brûle, le monde tourne autour de moi et soudain le sol disparaît sous mon corps. Un vide profond m'engouffre, l'air me manque, ma respiration devient de plus en plus difficile. J'entends au loin des cris de panique, certain tentent de me parler , je n'arrive pas à déchiffrer se qu'ils disent , toutes leurs paroles sonnent comme un atroce broua à mes oreilles. Mais dans ce brouillard, une voix se détache très clairement. C'est elle, je le sais, je le sens. Elle prend ma main dans la sienne comme la dernière fois et cri aux autres d'aller chercher de l'aide. Des gouttes d'eau tombent sur mon visage, mais ce n'est pas de la pluie. Ses larmes chaudes coulent sur mes joues et me donnent l'impression de pleurer. Peu à peu le néant froid et hostile qui m'entourait se dissipe. Je retrouve progressivement mon calme et la réalité m'apparaît de nouveau. Je la vois, je l'entends , je la sens, je l'aime , plus que tout , plus que moi et à cet instant la réponse me semble clair.
Oui nous en valons la peine, Oui je le veux , Oui je la veux.
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Allongé dans mon lit je regarde le plafond, lui cherche un quelconque attrait justifiant le fait que je ne puisse en détacher mon regard.
Mais si toute mon attention est concentré sur ce point c'est pour éviter de regarder la personne à mon chevet.
Suite au légère incident lors de la randonnée on m'a dispensé des activités de l'après-midi et demandé à Kana de me surveiller.
Si mes doutes ont disparut, je n'ai par contre toujours pas la solution magique qui me permettrais d'en faire autant avec les siens. Il me faut aussi trouver un moyen de remettre " l'histoire du baiser" sur le tapis sans que cela finisse en un drame digne de Roméo et Juliette. Si je cherche à l'éviter elle au contraire ne me quitte pas des yeux, je ne sais pas comment interpréter ce geste.
Elle s'apprêtait à prononcer un mot quand elle s'arrêta . Elle rassembla tout son courage et finit par me regarder droit dans les yeux avant d'enfin me faire part de ses interrogations.
- Je ne sais pas Kei, j'ai peur , j'hésite ... si tu savais tout à l'heure, j'ai cru te perdre pour la deuxième fois. C'est une sensation horrible, terrifiante et je ... je...
Elle s'arrêta et éclata en sanglots , les larmes ruisselaient par milliers sur ses joues toujours rougie de ce matin.
Depuis hier je ne fais que la faire pleurer, toute sa tristesse me touche en plein coeur, si bien qu'à mon tour les larmes coulent sans que je puisse les retenir.
Elle redressa la tête, plongea ses yeux dans les miens et délicatement essuya ma joue avec son pouce.
- Je t'aime.
Les mots étaient sortit tout seul, naturellement. Il étaient vrai, profond. sincère. Ce n'était peut être pas la meilleur moment, je n'avais peut être pas fait les choses de manières somptueuses mais j'avais besoin de le dire et elle de l'entendre.
- Moi aussi je t'aime.
Elle me prit dans ses bras, me serra fort contre elle avant de s'éloigner pour plaquer ses lèvres contre les miennes.
Cette fois nous ne ferons pas marche arrière, nous nous lançons pour le meilleur ou pour le pire.

Never give up ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant