27) PDV de Kana

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- Allez Kana grouille.
- Kei ... pourquoi j'ai l'impression que tu m'entraînes toujours dans des trucs bizar.
- J'ai faim, tu t'ennuies alors on a cas faire un petit tour en cuisine histoire de passer le temps et de me remplir la panse.
- Gros morfalle.
- Et fière de l'être.

À quoi bon protester sachant qu'au final je vais le suivre? J'avoue que manger quelque chose d'autre que de la nourriture composée à 70% de plastique me tente carrément. Mais de là à descendre en pleine nuit comme des voleurs...
- Fait pas ta rabat-joie, c'est pas comme si on ne s'était jamais fait la malle.

Oui c'est vrai que j'ai derrière moi une courte carrière de spider Man. J'espère seulement qu'on pourrait genre... prendre les escaliers? Il me fait une petite tête toute mignonne comme le chat dans Shrek, impossible de résister à ses beaux yeux. Il a enfin retrouvé le sourire après tout ce temps je ne vais pas le contredire maintenant.

Je ne lui ai pas parlé de ma discussion avec Cindy, pourquoi? Je ne sais pas. Même si j'ai besoin de réconfort ou qu'on me comprenne, en parler est un mur insurmontable. J'y ai réfléchi, beaucoup mais je ne sais pas comment faire, me résigner à oublier est beaucoup trop douloureux et je ne suis pas assez bonne actrice pour faire comme si de rien n'était. Je dois juste accepter, il n'y a rien d'autre à faire.

Je peine à m'orienter dans l'obscurité, Kei me tient la main et mon guide de son mieux. Nos pas résonnent dans ce grand espace vide. Je reconnais le chemin, mais tout semble différent. Les salles d'attentes habituellement blindées sont vides, les magasines sont soigneusement posés en un tas sur la table basse. La lumière de la lune nous éclaire le chemin jusqu'à la cafétéria, Kei pousse la porte à double battant et entre. J'allume les lampes, le clic des néons retentit et me sursauter.

- Troutrouille.
- Continue comme ça et je te laisse ici tout seul.

Il ouvre un placard et en sort un pot, il me gratifie d'un sourire malicieux avant de me faire part de sa trouvaille.

- Seul avec le Nutella.

Je tire le tiroir le plus proche à la recherche de cuillères à soupe, seul et unique ustensile nécessaire à l'ingurgitation de 500g de pâte à tartiner. Je les trouve finalement au bout du troisième essais, j'en prends une et tend l'autre à Kei.

- Qui a dit que j'allais partager?
- Kei! Tu n'oserais pas !
- Vraiment?
- Donne moi ce pot!
- Essaye de me le prendre.

Il veut jouer? On va jouer. Je m'élance dans sa direction et tend la main vers l'objet de mes convoitise. Il effectue un tour sur lui même m'empêchant ainsi de lui dérober son trésor.

Au bout de 5 minutes je baisse les bras, je n'attraperai jamais ce fichu pot. Je me laisse glisser le long du mur et m'assoie par terre, vaincu. Je le vois tourner le couvercle et plonger sa cuillère à l'intérieur avant de s'enfourner une énorme cuillerée dans la bouche. Je détourne le regard et lutte contre l'irrépressible envie que j'ai de l'attaquer avec le couteau à désosser posé sur la table à quelques mètres de moi. Il s'assoit à mes côtés et me sourit de toutes ses dents. Je lui fais une grimace et plonge ma tête dans mes bras, je boude comme une enfant mais peu importe. Je veux du Nutella!!

- Kana lève la tête.

Je fait mine de ne pas l'avoir entendu. Je lui en veux... un peu. Bon ok avec son sourire d'ange c'est impossible de lui en vouloir. Ma tête s'est relevée toute seule me permettant ainsi de plonger mon regard dans le sien et d'admirer ses traits fins et rayonnant de beauté. Sans me quitter des yeux il se prend une deuxième cuillerée avant de se pencher vers moi. Au fur et à mesure qu'il s'approche je ferme les yeux. J'attend, impatiente de sentir le contact de ses lèvres sur les miennes. Il m'embrasse doucement puis plus fougueusement, le goût du Nutella me parvient éveillant mes papilles avec son arôme sucré.

Lorsque Kei commence à s'éloigner je me rapproche de lui pour l'empêcher de mettre fin à notre baiser. Je m'assois à califourchon sur lui et entour sa tête de mes bras. Il semble d'abord surpris de mon initiative mais ne me repousse pas, au contraire, il pose ses mains sur mes hanches et me maintient fermement en place. Peu à peu le goût du chocolat s'estompe mais nous ne nous décollons pas pour autant. J'aime cette proximité entre nous, j'aimerai ne pas avoir à respirer entre temps pour ne jamais perdre son contact. Dans ces moment là je me sens forte, je me sens femme. L'envie de son toucher s'amplifie avec le temps, ses mains sur ma peau me brûlent, ma température corporelle augmente dangereusement. Il me fait ressentir une multitude de nouvelles sensations, j'ai peur... pas de lui mais de se que je serai capable de faire. Je m'écarte brusquement et reprend mon souffle tentant de calmer la bête sauvage en moi. Un magnétisme invisible m'attire irrémédiablement à lui mais je lutte pour ne pas succomber à mes désirs, après tout nous sommes dans une cuisine pas dans une chambre d'hôtel.

J'ai le genre de pensée que je ne m'imaginais jamais avoir. Quelques mois plutôt si on m'avait dit que je ferais preuve d'une telle ardeur je ne l'aurai pas cru. J'évolue avec le temps et gagne en maturité, une autre Kana trouve sa place en moi. Une Kana qui ne laisse de place aux regret et qui fonce tête baissée, une Kana folle amoureuse qui aime aimer et qui s'aime. Tant de changements en si peu de temps bouleversent mon équilibre intérieur. Mais j'aime être ainsi, j'aime être moi.

Une légère gêne flotte dans l'atmosphère. Je lui pique le Nutella avant qu'il ai le temps de dire OUF et m'assoie dans le coin opposé à notre place précédente. Son sourire s'élargit, il se lève et se met à fouiller dans les placards en quête d'un autre mets délicieux. Il déniche des petits pains, des brioches, des croissants et des chouquettes certainement prévu pour le petit déjeuner de demain. Bizarrement je ni ai jamais eu le droit mais mon interrogation se dissipe quand j'aperçois le petit écriteau "réservé aux personnels". Je n'aurai aucun regret à n'en laisser aucune miette, ces charmantes dames qui se disent désolée de nous servir de la nourriture immangeable se gavent derrière notre dos, elles baissent dans mon estime.

Les autres rangements ne contiennent pas grand chose d'intéressant : les repas sous vide du lendemain, des plats à cuisiner et les incontournables comme la farine, le sucre et le sel.
La gamine qui je suis plonge ses mains dans la farine et s'approche discrètement de Kei qui a le dos tourné. J'agite les mains au dessus de sa tête en déversant leurs contenu.

- Il neige!

J'explose de rire et fait face à Kei qui fait de son mieux pour ne pas me rejoindre dans mon fou rire mais lorsqu'il aperçoit son reflet dans la crédence brillante de propreté, son expression prend un air sérieux. Il se munit du sachet de farine et s'approche de moi à grand pas. Ça ne me dit rien qui vaille...

- Vengeance!!

Je prends mes jambes à mon cou et fuis aussi vite que l'éclair. Je tourne autour de la table centrale et jette un coup d'œil derrière moi pour voir mon poursuivant, mais il ne s'y trouve pas. Je rentre dans quelque chose qui après un instant de réflexion m'apparaît très clairement comme étant le torse de Kei.

Pendant que j'enchainais les tours de table il avait arrêté de bouger, m'attendant tranquillement les bras levés, le paquet de farine prêt à se retourner sur ma tête. Ni une ni deux je tente de m'éloigner mais c'est trop tard, des particules blanches recouvrent déjà mon cuir chevelu, un petit monticule de farine s'est formé sur le dessus de mon crâne. Kei rit à gorge déployée devant ma tête d'esquimaux réchappant d'une tempête de neige. Je me débarbouille rapidement mais la farine colle mes vêtements, mon regard se pose alors sur la cuisine qui se trouve être dans un état lamentable, les emballages de nourriture jonchent le sol et la farine vient de mêler à la fine pellicule de poussière qui recouvre le carrelage.

Des pas se rapproche dans notre direction, avant de faire apparaître face à nous le vigile de l'hôpital. Son expression se détend en nous apercevant mais une pointe de colère subsiste.

- Vous deux je peux savoir se que vous faites ici?

Son regard parcourt rapidement la pièce avant de revenir sur nous.

- Et se qu'il s'est passé aussi.

Je savais bien qu'on aurait des ennuis.

Never give up ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant