Je suis parti, bien, mais pour aller où ? Je ne compte pas squatter chez un pote indéfiniment. J'entre brusquement dans la vie active, j'ai pris mon indépendance sur un coup de tête, je n'ai aucun plan B. J'avais cependant pensé à économiser quand j'en avais l'occasion. Mes activités passées ont bien fourni mon compte en banque, je n'ai pas à m'inquiéter de l'argent. C'est plus pour mon état mental que je me fais du soucis. Je m'accorde une petite phase de dépression pour me débarrasser de ma tristesse, mes regrets, et de mes craintes. J'ai promis de ne pas me droguer donc je ne le ferai pas, mais je n'ai jamais dis que je ne ferai pas copain copain avec l'alcool.
J'ai toujours critiqué les alcoolos, je les trouver ridicule et pitoyable mais me voilà à en devenir un dans ce bar miteux qui risque de devenir comme une deuxième maison.
J'enfile verre sur verre, je me risque à des mélanges improbables et quand vient le moment où je ris bêtement je sais qu'il est temps de rentrer. Quelques meufs m'ont fait du charme mais je me suis empressé de les remballer, elles et leurs techniques de dragues minables.
Tirer un coup me ferait probablement du bien mais je risque inconsciemment de remplacer leurs visage peinturluré par celui naturel de Kana. Je vais l'oublier ... plus facile à dire qu'à faire. Mais ici personne ne me juge, je peux l'aimer si je veux, l'aimer en étant seul, l'aimer en étant loin d'elle, l'aimer comme un minable.
Un homme d'âge moyen prend place à côté de moi. Je ne m'en préoccupe pas mais lui ne se gêne pas pour me reluquer. Il me fixe déjà depuis deux bonnes minutes, j'ai quelque chose sur le visage ? Je tourne la tête et le fusille des yeux. L'alcool n'aidant pas je ne l'ai pas tout de suite reconnu mais sa voix lorsqu'il me salua me parvint à mettre un nom sur cet étrange personnage, M.Cross, mon prof de biologie.
- Alors comme ça on traine dans les bars, Ryan, en plus de sécher les cours.
Je n'avais pas la tête à étudier de plus j'ai perdu une part de ma motivation. Soigner Kei ? Ce n'est plus nécessaire il va formidablement bien ! Je ne peux bien évidemment pas arrêter mes études pour autant, j'aime ce que je fais et je compte bien devenir médecin. Mais j'ai besoin d'une pause pour remettre mes idées en place, je travaillerai plus tard.
- Un prof peut-il fréquenter ce genre d'endroit ? J'imagine la tête de votre fan club si je lui disais.
- Tu n'as pas non plus à être ici.
- Je suis majeur, je fais ce que je veux.Le feeling n'est jamais vraiment passé entre nous. Je ne fais pas partis des élèves qui l'idolâtre ni de ceux qui lui cire les pompes, il n'a pas l'habitude que quelqu'un lui reste indifférent c'est pour cela que la plus part du temps on s'ignore, je copie son cour puis me casse sans demander mon reste. C'est la première fois qu'il m'adresse directement la parole, c'est même un miracle qu'il se souvienne de mon prénom et ai remarqué mon absence.
Beaucoup d'étudiants ne viennent pas en cours, on peut très bien étudier en restant chez sois, les manuels pour seul professeur mais j'ai toujours mis un point d'honore à assister aux cours, les explications et les petits trucs des profs me restent plus facilement en mémoire que les paragraphes des livres scolaire.
Je l'étudie plus en détail et remarque qu'il a délaissé son habituel chemise bleu ciel pour un T-shirt tendance pur rock. Le pire ? j'ai le même.
Son apparence est beaucoup moins travaillée, il semble détendu, cela tranche complètement avec le prof strict qui fait craquer les filles de la classe. J'ai près de moi un homme normal et pas le moins du monde dérangé de s'afficher ainsi devant son élève. Il passe sa main dans ses cheveux bruns et porte son verre à ses lèvres. Il remarque que cette fois c'est moi qui le fixe et me sourit.- Ma présence te déranges ?
- Si vous saviez.Je bois cul sec mon verre et en commande un autre de suite.
- Vas-y mollo tu vas être malade.
- Ne vous en faites pas pour moi je peux boire comme un trou sans souffrir par la suite de nausée ou de mal de crâne, je rigole juste comme un idiot quand j'ai franchis mon seuil de tolérance.
- Un habitué ?
- J'hésite à emménager ici.Il rigole doucement avant de finir son verre à son tour. Je ne comprends pas pourquoi il se montre ainsi avec moi, on dirait presque un pote. Seulement je ne suis pas ami avec les vieux de 28 ans surtout quand ils sont profs.
- Alors tu vas m'expliquer pourquoi le petit jeune que tu es déprime un verre à la main ? Ta copine t'a largué ? Non mieux tu quiff une fille qui ne t'aime pas ? Encore mieux elle sort avec ton frère !
Si il pense sortir des conneries pour me consoler c'est louper car il ne sait pas à quel point il est proche de la vérité. Je pourrai répondre pas l'affirmatif à chacune de ses questions. Je préfère ne pas lui répondre, après tout je n'ai pas à étaler ma vie, c'est pas mon psy !
Je bois d'une traite mon deuxième verre, l'alcool brouille peu à peu mes pensées, je me sens mieux. Je n'ai pas besoin d'y réfléchir, pas besoin d'ami ou de prof qui joue les bons samaritains juste d'oublier le bonheur auquel je n'ai pas le droit.
Il continue sa tirade racontant inconsciemment l'horreur de ma vie mais voyant mon air déprimé il se stop avant de plonger son regard dans le mien.
- Attend c'est ça ?
- Ouep en quelques sortes.
- Putain désolé.Voilà maintenant qu'il se lâche totalement bientôt on va s'échanger nos numéros et jouer au curling ensemble. Il a réussi à me soûler plus que l'alcool.
- Donc tu déprime ?
- Non mieux ! ( pour reprendre son expression ) J'ai fugué de chez moi, pseudo coupé les ponts avec mon frère et enfin fait payer à ma mère son favoritisme. Je me suis senti mieux sur le coup mais après réflexion j'ai l'impression d'être un crétin.
- Et tu vis où maintenant ?
- Chez un pote.
- ... ?
- Bon ok, c'est plutôt une connaissance mais peu importe tant que j'ai un toit sur la tête pour la nuit.
- Te voir rentrer bourré à chaque fois ne le dérange pas ?
- Il est trop shooté ou occupé avec une pute pour s'en rendre compte.
- Tu ne devrais pas rester avec des gens comme ça, tu ne leurs ressemble pas.
- Vous ne savez rien de moi, n'allez pas croire que je n'ai jamais trempé là-dedans.
- Mais tu as arrêté.
- Possible.
- Certain. Un mec qui fait médecine a besoin de ses neurones hors un drogué ne remplit pas ce critère.
- Et les profs de médecine on tous pris des cours de théâtre ?
- Qu'entends tu par là ?
- En cours vous êtes sévère et un brin ennuyeux et là, pouff un mec normal, et n'essayez pas de me faire croire que vous avez le droit d'être ici je ne vois croirez pas. Vous avez oublier la règle du "Je montre l'exemple à mes élèves".
- J'ai l'impression que tu ne me portes pas dans ton cœur.Je ne lui répondis pas, il finira bien par se lasser. Il me surestime, il a presque insinué que j'étais quelqu'un de bien, sa dernière réplique envoya valser mes réflexions.
- Dommage moi je t'aime bien.
- Vous êtes déjà bourré ?
- J'ai pas le droit d'aimer mes élèves ?_____ _____ _____
Ma situation est plutôt étrange. Je suis dans la voiture de mon prof complètement ivre, quoi qu'il doit l'être encore plus que moi. On chante à tu-tête des vieux hits des années 80 et soyons clair si l'alcool ne coulait pas dans mes veines je n'aurais même pas écouté ce genre de musique de mon plein grès.
J'ai finalement déposé les armes quand il s'est mît à me parler musique et un verre en entraînant un autre j'ai fini par accepter sa proposition. " Un bon professeur n'abandonne pas un de ses élèves dans le besoin", résultat je suis le nouveau propriétaire de sa chambre d'Ami.
Nous arrivons par miracle à destination sans accident ni contrôle routier. Si des policiers nous avez trouvé dans cet état M.Cross aurait pu perdre son travail. Il entre dans sa maison en titubant, je me contente de rire bêtement en le voyant se prendre les pieds dans le tapis. Nous entrons dans la cuisine pour nous servir un verre d'eau histoire de dessoûler un peu. La maison est vide, je m'attendais à tomber sur sa femme mais rien.
- Vous vivez seul ?
- Tu crois que j'oserais me pointer ici complètement bourré si j'avais une femme ? Elle me ferait la peau.
- N'empêche vous me faites presque pitié, à votre âge être seul c'est un peu la loose.
- Ne t'en fais pas pour ça, ma situation me conviens. Bon c'est pas pour faire mon rabat-joie mais il est temps de se coucher.Je le suis dans le couloir jusqu'à "ma chambre".Au moment de me dire bonne nuit il m' ébouriffe les cheveux affectueusement et me dit :
- Tout finira par s'arranger tu verras.
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Never give up ...
AcakQuand vous pensez être au fond du trou ne baissez jamais les bras, une lumière peut toujours venir chasser vos ténèbres. C'est quand vous pensez que tout est fini et qu'il n'y a plus d'espoir que la chance vous sourie enfin. Une personne peut partag...