23) PDV de Kei

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Bip Bip Bip. Le bruit du moniteur à ma droite raisonne dans mes oreilles. La ligne cardiaque qui passe sur l'écran est la seule preuve que j'ai qu'elle n'a pas quitté ce monde. Son corps inerte est d'une pâleur extrême, il se soulève doucement au rythme de sa respiration, les perfusions qui lui sortent du bras me donnent des hauts le cœur.

Le temps aussi est maussade, les gouttes de pluie se déversent sur la fenêtre comme les larmes sur mes joues. Ma vue est trouble, je suis incapable de m'arrêter, depuis deux jours mes jours restent humides et petit à petit mon cœur de désagrège, mon courage fond et la peine s'encre en moi.

Ma voisine garde les yeux fermés dans son coma artificiel, seul moyen pour qu'ils ne restent pas fermés à jamais. Sa main ne quitte pas la mienne, je ne la lâche pas, je reste là en attendant qu'elle me revienne.

Tout c'est passé si vite. En quelques instants la mort a frappé, la chance a tourné et le malheur c'est abattu sur nous. Rapatriés par hélicoptère jusqu'à notre cher hôpital, la fin du voyage a tourné au drame.

Aucun médecin n'a pu me donner d'explications clair, ce qui lui arrive est totalement incompréhensible et sa survie tient du miracle. Son estomac s'est percé, provoquant une hémorragie interne. Les médecins ont agis très rapidement, sans leurs réflexes hors du commun je serais seul à présent. Tout c'est passé très vite, sur un brancard ils l'ont transporté jusqu'au bloc pour l'opérer dans la foulée puis l'ont placé dans le coma pour laisser à son corps le temps de se remettre.

Mes parents sont passés nous voir dès notre retour et ont pris en charge le rôle de responsable légal de Kana, ses parents étant injoignables. Quels parents quel qu'ils soit peuvent abandonner leur enfant dans un tel moment? Ma mère lorsqu'elle l'a aperçu a fondu en larmes comme si c'était moi. Nous ne nous connaissons que depuis quelques semaines et elle tient déjà une place importante dans nos cœur. Je hais ses parents sans les connaître, je ne les comprends pas et ne veux pas chercher à le faire. Je veux qu'ils arrêtent de la faire souffrir car je sais que malgré les apparences tout ceci l'affecte. Pour le moment j'espère qu'elle est en paix, que sa conscience ne la torture pas, elle doit trouver le repos et se remette, elle ne peut pas me quitter, je ne la laisserai pas faire.

Il est 14h et malheureusement je dois y aller. M'éloigner d'elle me brise le cœur et la peur de ne plus la revoir me provoque de faibles tremblements. Je prends sur moi et retiens mes sanglots en passant la porte. Je n'étais pas si émotif auparavant mais le temps passe et les gens changent. Je traine des pieds jusqu'à la salle de soins, ce n'est pas la première fois que j'y vais mais j'appréhende toujours autant, tu sais dans quel état tu es quand tu y rentre mais pas celui dans lequel tu vas être quand tu en ressortiras.

J'arrive devant la porte, m'arrête et souffle un bon coup en tournant la poignée. L'infirmière est déjà là, tout est en place, il ne manquait plus que moi. Elle sourit pour me mettre à l'aise, espérant que je m'y habitue, mais je ne le veux pas, on ne s'habitue pas à ça, jamais.

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Cindy me suit, me parle mais je l'ignore. Je dois rejoindre Kana, vite, je suis déjà resté éloigner trop longtemps, j'ai l'impression que si je ne suis pas à ses côtés plus rien ni personne ne pourra l'empêcher de franchir la lumière. Je ne sais pas si ma présence l'aide, si elle pense à moi de son côté mais moi j'ai besoin d'elle aujourd'hui et pour toujours. Je tourne à gauche et emprunte le couloir menant à sa chambre, elle n'est plus dans la notre qui n'était pas assez bien équipée.

- Kei où vas-tu? demanda Cindy.
- Voir Kana.
- Vas te reposer.
- Non.
- Écoute moi. Te comporter ainsi ne fera du bien à personne. Tu dois prendre soin de toi, c'est ce qu'elle voudrait, elle ne te laisserait pas t'abimer la santé sans rien faire et en tant que son amie , que votre amie je me dois d'agir alors si tu ne retournes pas dans ta chambre je n'hésiterais pas à demander à nos charmants vigiles de t'y escorter que tu le veuilles ou non.
- Je passe la voir avant.
- Kei...
- S'il te plait.

Ma voix est faible et tremblotante, les larmes remontent, je la supplie, je besoin de la voir. Sa présence me guérit plus que le repos ou les médicaments, elle m'aide à tenir mentalement, me soutient.

- Vas-y.

Elle finit pas céder, me prend dans ses bras et me demande de ne pas y rester trop longtemps, si je pense vraiment à Kana, si je l'aime vraiment je dois prendre soin de moi, pour elle. Tous ses conseils et ses petites attentions ne me font en rien réfléchir, si le simple repose et l'envie d'aller mieux suffisaient je ne serais plus ici depuis belle lurette.

Au moment de passer la porte une voix me stop dans mon élan, elle provient de la chambre, ce n'est pas celle de Kana mais plutôt elle de ... Ryan?
J'entrouvre légèrement la porte et jette un coup d'œil discrètement. Il est là assis à la place que j'occupais quelques heures plus tôt. Son monologue est haché, hésitant, il semble se confier, se perdre dans ses idées et doit recommencer plusieurs fois avant de sortir une phrase cohérente. Je ne comprends pas tout, seul quelques mots me parviennent.

" Pardonne moi... je n'aur... je suis vrai... ...solé ... réveille toi .... s'il te pl... Kana je t'ai..."

Les deniers mots qu'il a prononcé on fait monter en moi une rage folle. Calme toi Kei tu as seulement mal compris, ton frère ne peut pas être amoureux de ta copine. Il ne le sait peut être pas, en faites personne n'est au courant, je me voyais pas leurs annoncé dans cette situation, mais il devait bien s'en douter.

Sa présence ici est un véritable mystère et le fait qu'il soit venu seul ne me rassure pas non plus. Je ne me suis jamais sentis aussi loin de mon frère, sentimentalement parlant, que depuis mon entrée à l'hôpital. Le voir ici ne m'inspire aucune joie, une petite voix intérieur me dit de le méfier de lui et ce depuis qu'il la ramenait dans ses bras le jour de mon arrivée.

J'entre, il tourne la tête. Il paraît pris en faute et semble chercher une excuse qui justifierait sa visite mais rien ne sort de sa bouche, il se dresse sur ses pieds avance vers la sortie mais s'arrête à mon niveau. Après une légère hésitation il me sert dans ses bras, comme avant. Il n'avait pas besoin de parler, j'avais compris, mes oreilles ne me jouaient pas des tours, son geste était plus désolé qu'autre chose. Je ne bougeais pas, immobile comme une statue de glace, aussi chaleureux que celle-ci. Mon frère est un étranger mais également mon rival. Ses prétendu sentiments pour Clarice étaient du flan, rien de bien surprenant à cela, on ne tombe pas amoureux d'un pot de peinture sur patte. ( on la met juste dans son lit )

Il me lâche finalement et ferme la porte derrière lui. Ma colère laissa progressivement place à de la confusion, je ne comprends pas mais rien d'étonnant parce qu'il n'y a rien à comprendre. Je l'aime, elle m'aime, Ryan n'a aucune chance. Je m'approche d'elle et l'embrasse délicatement sur les lèvres.

- Ne me quittes pas...

Never give up ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant