Never give up ...

39) PDV de Christelle

J'ai merdé, tout simplement merdé. Pourquoi a-t-il fallut qu'il s'en aille pour que j'ouvre les yeux ? J'aime mes enfants autant l'un que l'autre malgré ce qu'il peut en penser, malgré ce que je laisse paraître. J'ai élevé Ryan du mieux que j'ai pu, pendant sa petite enfance je le chouchouté même trop. Je le considérai comme la huitième merveille du monde. Il était le centre de mon univers, la concrétisation de mon amour avec Jack, la chaire de ma chaire, mon petit bébé... Jack trouvait mon comportement presque mal sain, j'admets avoir donné dans l'excès lors des premières années de sa vie. Je me suis calmée par la suite sans pour autant manquer à mon rôle de mère.

J'avais dans l'optique de lui donner les capacités de réussir, de lui offrir un avenir à la hauteur de sa personne. Cours particuliers, leçon de violon et voyage à l'étranger depuis son plus jeune âge, j'avais tout fais pour qu'il excelle dans tout les domaines et fasse parti des meilleurs de son école. Mais peut être que j'ai forcé son "côté obscure" à faire son apparition. J'ai sûrement dû l'étouffer, le noyer sous les responsabilités et sous mes attentes excessives.

Le changement s'est lentement opéré, doucement tout ce que j'avais construit est parti en fumée. Ses notes ont chuté sans raison apparente, il se justifiait par des "je n'avais pas compris" et des "ça ne se reproduira plus". Il rentrait de plus en plus tard le soir, ne me racontait plus sa journée et partait s'enfermer directement dans sa chambre. J'ai touché le fond quand il a remplacé ses chemises de marques par de vulgaire t-shirt noir bas de gamme. Il trainait désormais avec les racailles de son lycée, il s'est même mît à fumer.

Au lieu de le réprimander et chercher à l'aider, j'ai fermé les yeux. J'ai reporté mon attention et mon affection sur Kei. Je ne l'avais jamais négligé mais contrairement à Ryan il n'avait pas eu à subir l'entraînement du parfait petit prodige.

J'ai tourné le dos à Ryan lorsqu'il avait besoin de moi. En plus de ne pas l'avoir remis sur les rails j'ai mis une distance entre nous. Il a dû se sentir trahi et pensait que vu qu'il n'avait pas répondu à mes attentes j'accordais désormais mon attention à Kei. Mais ce n'est pas cela. La situation m'a dépassé, tout m'a glissé entre les doigts sans que je puisse y faire quelque chose. J'ai pris du recule sur moi même, ce qui était nécessaire mais j'ai mis trop de temps à me remettre et lorsque je suis revenue dans la course Ryan ne voulait plus de moi, il avait coupé le cordon.

Le temps a passé sans pour autant changer les choses, il a continué sur sa lancée, s'est enfoncé de plus en plus dans son univers obscure composé de fêtes, de drogues, de sex et d'alcools et moi j'ai sauvé les apparences. Je suis restée la parfaite mère de famille que tout le monde pense même si au fond je sais que je suis dans l'erreur, que je suis responsable de ce que Ryan est devenu mais ma faiblesse m'empêche d'agir, je me dégoute. La situation était devenue compliquée pour Jack et Kei qui ne savaient que faire pour apaiser les tensions, j'ai pourri notre vie de famille avec mes bêtises, je le sais mais pourtant je n'ai rien fais.

Mon univers s'est écroulé une seconde fois quelques années plus tard... Kei était malade, gravement malade. Lorsqu'il a fait sa première crise j'étais seule à la maison avec lui, j'ai paniqué, je ne savais pas quoi faire. J'ai simplement appelé les urgences en pleurant. Mon deuxième enfant m'était arraché, sa vie lui était volée, son avenir était devenu incertain, j'ai faillit une seconde fois dans mon rôle de mère.

Depuis ce jour la peur ne me quitte plus, dès que mon téléphone sonne je crains toujours que ce soit l'hôpital qui m'appelle pour m'annoncer que "ça y est c'est fini, il ne souffre plus". Comme une égoïste je serai prête à prolonger sa douleur juste pour le garder près de moi, pour ne pas qu'il me quitte. J'ai depuis peu laissé tomber mes idées pessimistes car les choses se sont réellement améliorées.