𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟷𝟶. 𝙻𝙾𝚂𝙸𝙽𝙶 𝚃𝚁𝙴𝚂𝙾𝚁

Meladya

Passé...

Nous sommes les héritiers de l'ombre. 

Nous sommes destinés à tuer les autres pour garder la meilleure place. Détruire pour vivre voilà la devise de mon père. Quitte à ce que l'on se détruise nous-même. Quitte à ce qu'on fasse saigner des personnes innocentes. 

La lumière du matin filtre à travers les rideaux de ma chambre, me tirant doucement du sommeil. Mon cœur bat encore la chamade, affecté par les échos d'un rêve troublant que j'ai eu la nuit dernière. Des visages furtifs, des cris étouffes et des silhouettes dansantes qui m'enveloppent dans une mélodie de chaos. Je déglutis avec difficulté et me lève, tirant mon sweat de mon lit avant d'enfiler mes chaussures de course. 

Aujourd'hui est un jour comme les autres. On s'entraîne jusqu'à cracher du sang. Pour les autres qui me voient dans la rue, je suis simplement Meladya Hayes. Une fille de seize ans avec des préoccupations typiques : l'école, les amis et peut-être les garçons. Mais en tant qu'héritière de l'organisation Shongi, une des mafias les plus redoutées au monde, ce n'est pas aussi simple. 

Je n'ai presque jamais le droit de sortir du manoir et encore moins de Los Angeles. Ma vie est empreinte de secrets et de lourds héritages. 

Je descends les escaliers, un mélange d'excitation et d'appréhension se nouant dans mon estomac. Les murs de la maison sont ornés de tableaux de nos ancêtres. Ils y sont accrochés parce qu'ils ont pu sauver le réseau et l'améliorer. Le monter au rang le plus haut dans ce monde. Les gens nous craignent, personne n'ose se contrer à nous. Les ennemis sont détruits dès qu'ils pensent pouvoir être nos ennemis. Les visages de mes ancêtres, reflètent un règne marqué par le sang et la trahison. 

Caleb, mon cousin, est déjà dans le jardin, en train de faire des pompes sur le sol poussiéreux. Sa silhouette musclée se dessine sous le soleil matinal. Il est plus qu'un simple cousin pour moi ; C'est mon partenaire de crime, un mentor et parfois mon rival. À nos âges, la compétition pour prouver notre valeur est intense. Nous avons été élevés dans la conviction que devenir les plus forts est la seule façon de survivre.

— T'es en retard, me lance-t-il sans lever les yeux.

Son regard reste concentré sur le sol. Sa voix est dure mais empreinte d'une affection qu'il cache toujours derrière des murs de cynisme.

— Fous-moi la paix, je riposte avec un sourire au coin. Je viens de me lever.

Il bouge enfin, se redressant pour me faire face. Les muscles de ses bras saillants sont marqués par des cicatrices. Des souvenirs de combats passés. Moi, je n'ai jamais été confrontée à cette violence extrême. Mes traumatismes sont plus intérieurs. Des échos que je sais, de ce que j'ai vu dans l'ombre de notre héritage familial. 

Plusieurs hommes arrivent enfin en discutant entre eux. C'est comme des entraîneurs pour nous. Du moins, il ne nous laisse pas le temps de réfléchir avant de nous assommer. Mon père se tient derrière eux, les mains croisées derrière son dos, son regard nous fusillant comme à son habitude. 

On commence notre échauffement. Des étirements à la façon d'un ballet militaire. 

Avant que je ne me lève, je tremble en me remémorant la dernière fois que j'ai été mise à l'épreuve. C'était à l'académie. Un endroit secret où les enfants de la mafia sont formés. Mon cœur a battu avec frénésie alors que je faisais face à un adversaire qui ne m'a montré aucune pitié. Une douleur fulgurante m'avait traversée à la suite d'un coup bien placé, mais j'avais tenu bon. Étouffant mes larmes dans un mélange de rage et de peur. Mon père a trouvé cette performance médiocre. Je me dois d'être aussi fort qu'un homme. Mentalement et physiquement.