𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟻𝟶. 𝙴𝙲𝙷𝙴𝙲 & 𝙼𝙰𝚃

MELADYA

La lumière blafarde des néons clignotants filtre à travers les fissures des murs de béton, et forme des ombres dansantes au sol froid et abandonné. 

Je suis couché à côté d'Ezra, dont le corps est désormais un champ de bataille. Le bruit assourdissant de l'explosion retentit, fait vibrer les murs en faisant pleurer les vitres. 

Un grondement sourd marque la fin de notre refuge temporaire. J'ai tout misé sur cet instant. La vengeance, le pouvoir, la vie elle-même. Pendant une seconde, j'ai crû tout avoir à portée de main. Mais à cet instant, alors qu'Ezra respire difficilement, la réalité m'assène un coup aussi violent qu'un coup de feu. 

Je sens mon cœur se déchirer. Il a pris une balle pour moi, pour me protéger du chaos qui nous entoure. Mes mains tremblantes cherchent frénétiquement à lui maintenir la vie, mais la chaleur de son corps commence à flétrir.

— Eh ! Regarde-moi...

Ma voix se brise, noyée par le désespoir. Mes yeux s'ancrent à l'homme que j'aime, cherchant un signe. Une lumière. Mais ce que je vois dans ses prunelles dit tout. Petit à petit, il commence à fermer les yeux et s'éteint comme une étoile se noyant dans les profondeurs du ciel noir. 

Le plafond explosé laisse place à la neige qui tombe lentement autour de nous. Dans un crescendo de douleur et de rage, le silence devient assourdissant. Une tempête se déclenche l'extérieur. Mais ici, l'acier de la perte s'oppose à toute forme de paix. 

Je deviens folle. 

L'hibernation du monde extérieur ne m'atteint pas. Je me retrouve piégé dans une réalité au goût amer. Toute sa vie est balayée par une seule balle. 

Mon corps s'élève doucement, luttant contre une colère brûlante qui me dévore. Une arme trahie repose contre le mur. Une relique de la bataille en cours. Je prends le Glock d'un homme mort, le métal froid contre ma paume moite. 

Et je m'élance. La fureur me galvanise. Vient l'heure de la vengeance, celle qui est nécessaire dans cette danse macabre qui désormais, me guide. 

Il n'y a plus de Meladya Hayes... Non, je deviens une force de la nature déterminée à broyer tout sur mon chemin. 

Le premier couloir est un carnage. Les corps gisent de partout, et je fraie un chemin à travers les décombres. Mes pas résonnent comme un tambour de guerre. 

Je manque de peu une rafale de balles, me couchant à même le sol alors qu'un ennemi presse la gâchette. D'un mouvement fluide, je réplique, faisant mouche. L'homme tombe, son corps inerte s'ajoutant à la mosaïque de violence qui se dessine. 

Je me redresse, inflexible, mes yeux illuminés d'une lueur sauvage. À chaque pièce que je traverse, les échos de mon Ancien Monde se dispersent. Les cris de ceux qui tentent de me contrer, se transforment en soupirs de désespoir. 

Je pénètre dans une salle de garde, dont les murs sont empreints de l'odeur de la mort et du tabac. Mais avant que j''aille plus loin, une main tire sur mon bras. Je me tourne avec fureur vers la personne qui me retient. Alex. 

Dès qu'il voit mon visage, il comprend ce qu'il s'est passé.

— Je viens avec toi.

Deux figures familières se tiennent là. Julia et Jay. Leurs sourires sont figés, résignés à la soumission.

— Meladya et Alex... Quelle bonne surprise, commence Jay.