𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟹𝟹. 𝙳𝙴 𝚃𝙾𝙸 𝙰 𝙼𝙾𝙸

Ezra

Son poing dans ma mâchoire me fait reculer de quelques pas. 

Cette relation en devient juste misérable. 

Mon dos est plaqué contre le mur pendant qu'il m'attrape par le col de mon t-shirt. Je me laisse faire comme depuis des années, mais cette fois, la colère bouillonne en moi et elle est prête à tous nous faire brûler.

— T'es vraiment qu'un bon à rien de fils hein !

Toujours les mêmes paroles, mais aujourd'hui, elles ne m'atteignent pas. La femme pour qui j'éprouve des sentiments vient de se faire poignarder et le médecin ne m'a pas laissé la voir une seule fois. Je ne sais si elle est vivante, si elle a du mal à respirer ni même de quoi elle a besoin. 

Bordel... Je veux tout savoir sur elle.

— Tu laisses des inconnus entrer chez toi ? Mais t'es qu'un bouffon de gamin ! Pourquoi t'ai-je donné mon gang ? Et cette Meladya Hayes qui n'est pas capable de se protéger... Sais-tu ce que Shongi est capable de nous faire s'il apprenait la nouvelle ?

Ma mâchoire se contracte et mon père continue de me frapper. Mais bientôt, les coups commencent à m'irriter et le visage de Meladya plongé au sol en souffrant, me revient en tête. Et dans un élan de colère, je pousse mon père loin de moi. D'abord surpris, il revient à la charge, mais je ne le laisse pas faire davantage. Mon poing s'élance dans les airs jusqu'à craquer ses dents. Il jubile quelques secondes, surpris du coup. 

Je n'aurais jamais pensé devoir frapper l'un de mes parents, en fait, cette idée ne m'est jamais venu à l'esprit. Mais je n'ai pas l'impression d'être moi-même depuis qu'un inconnu s'est introduit chez moi. Arès est blessé et son état est critique.

— Ça suffit tous les deux, s'interpose mon petit-frère.

Et Hector s'arrête enfin, la bouche en sang. Il me fusille du regard avant de quitter ma maison, suivit de ses satanés sbires. Alex me dévisage, cherchant à comprendre ma réaction, mais il ne pourra jamais vraiment comprendre le fond du problème. Il y a toujours eu cette différence entre lui et moi. 

Pendant qu'il manipulait notre géniteur avec des cartes, moi, je me prenais les coups jusqu'à ne plus pouvoir marcher. Il me rabaissait chaque jour et me frappait chaque matin avant que je n'aille m'entraîner ou tous les soirs avant d'aller me coucher. Je le déteste comme je n'ai jamais autant détesté une personne et si j'avais le courage, je l'aurais tué déjà tué de mes propres mains. 

Des pas qui descendent les escaliers me font reprendre conscience. Le médecin de Meladya retire les lunettes de son nez et range l'un de ses stylos au niveau de la poche de sa blouse blanche.

— Comment va-t-elle ? Je m'empresse de lui demander.

— Madame Hayes sait bien gérer la douleur, me rassure-t-il. En revanche...

Et mon cœur commence à battre dans mes oreilles. J'attrape le bras d'Alex, attendant que le médecin finisse sa phrase. Ma mâchoire est tellement crispée à cause du stress que mes dents en grincent.

— Elle ne sait pas comment gérer la fatigue, c'est pour cette raison qu'elle dort depuis plus de vingt heures. Il faut lui laisser du temps de se reposer un peu.

Je me sens tout de suite rassuré. Je soupire d'apaisement pendant que mon petit frère me serre l'épaule pour me soutenir. Le médecin fini par sortir de chez moi et je m'empresse de monter deux par deux les escaliers afin de rejoindre de Meladya. J'inspire un grand coup avant de rentrer à l'intérieur.