𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟸𝟺. 𝙲𝙰𝙽𝙳𝚈

Meladya

Je crois que c'est la plus longue soirée de ma vie et la plus chiante. 

Son corps sans vie me fait face, et je donne mon arme à Caleb avant de rentrer au manoir. C'était à moi de le tuer de toute façon. C'est moi qui ai passé la soirée avec lui, à l'entendre me complimenter, à poser ses mains sur moi. 

Je suis heureuse qu'Ezra m'ait laissé le faire, j'ai bien cru qu'on le buterait à ma place. 

Mais alors que je suis dans le couloir des portraits, une main dure attrape mon bras, me faisant gémir de douleur. Merde, je crois que ce bouffon m'a serré trop fort mon poignet. 

En me retournant, Ezra me fait face dans son smoking ensanglanté. Pensait-il vraiment que je n'allais pas sentir sa présence lors du Gala ? Je porte son parfum, où qu'il soit, je le sens. Et mon corps déjà habitué au sien, frissonne chaque fois qu'il est proche de moi. J'attendais qu'il ait le dos tourné pour pouvoir le regarder. Il n'a pas eu l'air de s'amuser, surtout durant le bal. On aurait au moins pu s'échanger nos partenaires. J'aurais préféré danser avec la belle femme qui faisait office de cavalière plutôt qu'avec Simon.

— Tu devrais mettre de la crème sur ton poignet. Ça évitera les bleus.

— Un hématome ne me fait pas peur.

J'ai pire chaque fois que je rends visite à mon père. Mais Ezra n'est pas du même avis que moi. Il remonte légèrement sa main afin de ne pas toucher mon poignet et me tire derrière lui jusqu'à notre aile. 

Je ne sais pas pourquoi il veut prendre soin de moi, je ne fais pas la même chose pour lui. J'aurais pu lui soigner ses blessures plus tôt, mais j'ai préféré me préparer pour la pire soirée de ma vie. Même le soir du lancement de l'alliance n'a pas été aussi agaçant qu'aujourd'hui. 

Il ouvre la porte de ma chambre, me pousse presque dans mon lit et part dans la salle de bain pour chercher ma trousse de soin. La lumière tamisée de ma chambre éclaire faiblement le bordel sur ma coiffeuse. J'étais tellement pressée que je n'ai pas rangé avant de partir et je déteste le bazar. 

Ezra revient et s'installe à genoux entre mes cuisses, comme la première fois qu'il a pansées mes blessures. Il récupère mon poignet, ses doigts habiles et confiants, appliquent de la crème dessus avec une douceur qui contraste tellement avec la brutalité de notre rencontre. Je le regarde, le cœur battant aussi vite que d'habitude. 

Loin des meurtres et des cris, seule la pulsation de mon désir persiste. Il s'occupe de moi, tranquillement, comme s'il savait que chaque geste compte. Comme s'il cherchait à effacer les souvenirs de cette soirée calamiteuse. 

Ezra referme le tube de crème avant de lever la tête vers moi. Ses yeux noisette s'ancrent dans les miens et je peux apercevoir le tumulte qui réside dans son regard.

— Pourquoi m'avoir suivi ce soir ? Je lui demande, coupant le silence entre nous.

— Je ne sais pas, répond-il franchement en haussant les épaules. Je suis sans doute trop possessif quand il s'agit de toi.

Je l'interroge du regard, mais il n'y prête pas attention. À la place, ses mains se posent sur mes cuisses avant de descendre lentement vers mes tibias. J'ingurgite difficilement lorsqu'il se met à les masser avec douceur. Et chaque caresse semble résonner en moi, une lueur de chaleur se répand dans mon corps.