𝟷𝟿. 𝙸𝙽𝚅𝙸𝚃𝙴 𝙸𝙼𝙿𝚁𝙴𝚅𝚄

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Ezra


Dans son regard, je peux capter le moment où elle remet en question ce que je viens de lui dire. 

« Nos familles sont des ennemies. Mais nous, Meladya, nous sommes des alliés. » 

Peut-être qu'il aurait mieux valu que l'on reste ennemi nous aussi. 

La pression dans ma poitrine est trop forte pour que je fasse comme si de rien n'était. Ses joues rouges donnent à son visage un air si pur, une poupée de porcelaine. 

Lorsqu'elle a fumé ma cigarette, j'ai cru qu'il fallait que l'on appelle les pompiers. J'allais presque entrer mes deux doigts dans sa bouche avant de les enfoncer loin dans sa gorge. Je veux voir jusqu'où elle est capable de prendre un homme. Je n'ai jamais agi de cette manière avec une femme, j'ai toujours su garder sous contrôle mes sombres pulsions, alors pourquoi je n'y arrive pas avec elle ? Pourquoi faut-il que mes pensées s'assombrissent un peu plus, chaque fois qu'elle pose ses yeux verts sur moi ? 

Malgré tout, je lâche un soupir et m'éloigne d'elle d'un coup. Je reprends enfin conscience du monde qui nous entoure, et remarque que l'avalanche s'est calmée. C'est maintenant ou jamais pour rentrer à la maison. Si nous restons encore ici, aussi proche l'un de l'autre, je ne pourrais plus me contrôler. Je l'allongerais sur le banc du kiosque et goûterais à sa bouche, mordrais sa langue avant de faire glisser mes dents le long de sa gorge, la marquant de mes crocs.

— On y va, je lâche sèchement.

Je me sens à l'étroit dans mon pantalon, signe que l'on doit vraiment rentrer. 

Mais dès que je lui tourne le dos, la main de Miss Hayes attrape mon poignet. Ses doigts gelés contre ma peau, provoquent un électrochoc. Je me tourne doucement vers elle, essayant de calmer mes pensées et ce putain de cœur qui bat la chamade. J'ingurgite difficilement en l'observant. Elle paraît si fragile, surtout lorsque nous étions devant son père, mais je sais que c'est une battante. Shongi ne fonctionnerais pas sans elle, vu que Caleb aime baiser lever de soleil au lever de la lune. Et même si je n'aime pas les demoiselles en détresse, je crois que je aimé ça si c'est elle, la femme a sauvé.

— Retire ta veste et pose-la sur le siège, m'ordonne-t-elle.

Je fronce les sourcils et la questionne du regard.

— Je ne veux pas faire la route avec les fesses mouillées.

Bordel... 

Si tu savais Meladya... 

Il y a plein d'autres façons pour les mouiller tes fesses. 

Pour autant, je ne dis rien et exécute ce qu'elle me demande. Je suis déjà trempé, je ne peux pas faire pire. 

Je lui tends son casque qu'elle enfile pendant que je pose ma veste en cuir sur le siège, au niveau de là où elle s'assoit. Puis j'enjambe l'engin en enfilant mon casque avant qu'elle ne fasse de même et ses bras viennent entourer ma taille. J'attends qu'elle me serre fort contre elle avant de reprendre la route. 

Et le moteur vibre lorsque j'enclenche chacune des vitesses, brisant le silence entre nous. 

Je repense malgré tout à la façon dont se comporte son père. Il ne lui a presque pas lâché un regard excepté celui de la menace. 

Pourquoi ne peut-on pas avoir des parents qui s'inquiètent pour leurs enfants ? Qui en prennent soin ? Pourquoi sommes-nous vu seulement comme des objets d'héritages qui n'ont aucune valeur spécifique pour nos géniteurs ? Il faut être en constante compétition rien que pour avoir un peu de leur attention. 

𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant