𝐒𝐇𝐎𝐍𝐆𝐈 - T1

𝟺𝟿. 𝚆𝙷𝙸𝚃𝙴 𝙼𝚄𝚂𝚃𝙰𝙽𝙶

EZRA 

La Bête. 

La Bête, c'est moi. 

C'est nous. 

C'est l'être humain. 

Personne n'est pire que l'autre parce que dans le fond, c'est fou comme on se ressemble tous. 

Personne ne passe à travers les mailles de Jay. Pas même moi. C'est comme s'il ressentait ma présence. Une arme se pointe sur moi et je suis obligé d'abaisser la mienne. Remonte à loin le temps où nous étions proches. Mais je suppose que même pour ça, il s'est joué de moi. Je suis vraiment un con pour lui avoir fait confiance toutes ces années. Mais lorsque des enfants jouent ensemble, ils n'imaginent pas que la vie, n'est pas aussi innocente qu'elle leur fait croire.

— Embarquez-les.

Et on me retire mon arme des mains avant de me forcer à avancer doucement, suivit de mon groupe. C'est la même chose pour Alex et Caleb. Mais le piège peut à tout moment se refermer sur Jay. Après tout, il faut bien rentrer sur le terrain ennemi pour être certain de gagner.

— Foutez-moi les trois ensembles, et exterminez le reste.

Certains de nos hommes arrivent à s'échapper pour prévenir d'autres, puis ceux qui restent, se verront sûrement mourir parce qu'ils n'ont pas réussi à s'enfuir. Je dois faire quelque chose avant qu'ils ne disparaissent. Je ne peux pas sauver le monde, mais je suis capable de sauver une grande population. 

Lorsque nous rentrons dans sa grande maison, le noir m'étreint. Il m'est difficile de marcher correctement si je ne vois rien, mais la main d'un homme me pousse afin que j'avance plus vite. Et dans un grand boucan, la porte se referme derrière nous. 

Très bien... Nous sommes enfermés quelque part, et dans le noir.

— Qu'est-ce qu'on fout maintenant ? Demande Alex en soupirant.

— On ne tente rien, j'avertis. Dès qu'on aura trouvé les filles, on pourra se tirer.

— Je m'occupe de Ruby, répond Caleb. Occupe-toi de Meladya, vous avez des comptes à régler avec Jay et Julia.

C'est le mieux à faire de toute façon, j'ai promis à Meladya qu'elle s'occuperait de Julia. 

En restant dans le noir, j'ai l'impression de revoir ma vie défilée. Toute la violence physique et mentale de mon père, les coups traîtres de ma famille, à commencer par ma mère. Si elle aimait vraiment ses enfants, nous l'aurions vu plus souvent faire notre éducation ou nous défendre face à mon père. Mais seulement l'argent l'intéresse et elle doit bien faire des héritiers pour le plaisir de mon père. Pourquoi faire des fils s'il n'arrive pas à donner son trône au premier ? Si Alex était né le premier, est-ce qu'il aurait autant souffert que moi ? 

Toutes ces questions pèsent dans mon esprit. Malgré tout, je n'ai jamais pu détester mon frère d'avoir reçu de l'amour de notre géniteur alors que je souffrais chaque soir, de mes blessures. 

Je tends le bras dans le vide avant que ma main ne touche un corps.

— Alex ?

— Oui.

Sa main enlace la mienne.

— Restes en vie.

— Toi aussi, Ezra.