Sɪᴇʀʀᴀ

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⇢ .. Γ Ι ..

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↳ ▓▓▓▓▓▓▓▓▓▓▓ éɴdeιхι -- Sιєrrα

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C'est drôle comme, dans son appartement, il fait toujours soit trop chaud, soit trop froid. 
Trop sec sous le soleil de plomb de l'été, trop humide quand la pluie de l'automne frappe les fenêtres. 
En juillet, les températures folles que le soleil crache sur les habitations englobe les murs d'une suffocation insupportable, rendant toute action pénible en alourdissant son corps. 
En février, les courants invisibles du vent glacial s'infiltrent en dessous de sa porte fermée, et ses bras grelottent un peu quand il sort de la douche après une longue journée.
Jamais aucun juste milieu, le confort parfait n'existe pas dans la solitude silencieuse de son deux pièces, le simple grésillement de sa respiration seule flottant sur l'espace impeccablement rangée de la table du salon. 

La douceur tiède de la nuit s'échappe déjà vers d'autres horizons quand Katsuki rentre chez lui ce matin, après l'échec cuisant de sa patrouille et la réunion de l'agence centrale qui n'aura servi qu'à leur démontrer un peu plus leur défaite. 
Sur la porte d'entrée, son trousseau de clés se remue au mouvement des gonds, tintant dans le vide comme pour annoncer son arrivée aux fantômes inexistants de ces lieux, et les nouveaux rayons du soleil frappent déjà son visage à travers la vitre de la pièce principale. 
Les volets, qu'il oublie de fermer une fois sur deux, n'offrent aucune protection à ses rétines, et son front se plisse d'inconfort quand il tourne la tête pour éviter la lumière. 

Puis, encore couvert de son costume, qu'il n'a même pas pris la peine de retirer en passant par son agence, il traine ses lourdes bottes sur le lino qui recouvre l'entrée, une pile de dossiers sous le coude et les cheveux encore décoiffés par cette nuit atroce. 
Chargés comme un mulet, ses bracelets grenadiers à moitié pendus à ses bras pour tenir en place, il s'empresse de gagner le salon pour larguer son paquetage sur la table, mélangeant les feuilles volantes au matériel de son costume dans un grand fracas bordélique. 
De toute façon, personne ne le lui reprochera, il n'y a personne ici. 
A part lui, et encore. 

Parfois il se demande s'il est vraiment là, où s'il n'erre pas comme une âme inconnue dans champs crevé, isolé comme un esprit abandonné, tout seul entre deux tournesol fanés. 
Beaucoup de choses le désespèrent, mais par dessus tout, la forme qu'a pris son quotidien et le tracé de sa vie restent ses plus grandes déceptions, des erreurs sur lesquelles il ne pourra plus jamais revenir, et qui n'auront jamais de cesse de le poursuivre dans son sommeil. 
Autour de la table, une seule chaise lui sert à s'assoir, les trois autres trainent ici pour le principe, mais personne n'y prend jamais place, pas plus que les assises du canapé, qu'il exploite seul lors de ses longues soirées d'ennui. 

Finalement, peut-être que ce besoin inhumain et jamais comblé de remplir sa vie creuse, est à l'origine de ce désir d'implication démesurée dans l'affaire du sourire, comme une course à l'animation, la nécessité de colmater le vide avec du vent en espérant raccommoder quelque chose au hasard. 
Tout comme ses pulsions à provoquer le monde, cette manière de chercher des conflits qui n'existent pas pour secouer l'inutile et créer du bruit. 
Comme si le destin se foutait ouvertement de sa gueule, lui dont l'existence se prédestinait à des réussites à la pelle, sa force de caractère et la puissance de son alter pour arme, se retrouve à détester chaque moment où il ouvre les yeux le matin. 

En relevant la tête du bazar sur sa table, il soupire de toute sa solitude, cette éternelle sensation de vide au fond du ventre lui pesant sur l'estomac, et son regard se porte machinalement vers l'ouverture qui mène à la cuisine déserte. 
Un café lui ferait potentiellement un peu de bien, dans la mesure ou son corps réclame l'énergie qui lui manque et, même s'il ne sera pas plus heureux avec une dose de caféine dans le sang, il choisi de rejoindre malgré tout le petit plan de travail qui supporte fièrement l'évier et la plaque de cuisson. 
A coté, une cafetière n'attend qu'à être mise en route, les deux petits boutons sur son socle appelant Katsuki à appuyer dessus, et le ronronnement de la machine brise temporairement le silence de plomb qui hante l'appartement. 

Sᴍɪʟᴇ HᴜɴᴛᴇʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant