Mɪᴋᴇ

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↳ ░░░░░░░░░░░ éɴdeιхι -- Mιкe

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Sur l'avenue du marché, près du centre commercial de Musutafu, le silence presque complet impose son atmosphère lourde et inquiétante sur les quelques âmes qui trainent ici par obligation. 
Ici, les appartements relativement guindés, qui représentaient il y a encore peu de temps les classes aisées de la population, ne ressemblent plus qu'à des bâtiments fantômes, abandonnés par leurs occupants, et livrés à la destruction ambiante. 
Sur les façades, deux ou trois vitres brisées par la violence du chaos.
Les portes principales des immeubles encore grandes ouvertes, elles, témoignent du départ en urgence de tous les habitants. 

Aussi, le sol se couvre ici et là d'affaires perdues en chemin dans la fuite, un doudou d'enfant, une casquette, parfois même un téléphone, certainement tombé d'une poche lors de la course contre la montre et la guerre. 
Le verre des fenêtre s'étend également sur le goudron, et l'apparition discrète de quelques tâches de sang font preuve que certains s'y sont blessés, peut-être en marchant dessus, ou bien en se tenant trop près de l'explosion au moment du bris. 
Au loin, l'odeur de la poudre à canon masque les parfums de l'été, et les effluves qui s'aventurent jusqu'ici leur serrent la poitrine d'une horrible sensation d'effroi et d'échec. 

Sous ses pas, Denki entend le craquement des éclats de verre, et le moindre petit gravier passant sous sa semelle résonne dans ce vide comme lorsqu'on visite une cave offerte aux esprits. 
Pour la troisième fois de suite, il tourne en rond le long de cette avenue, s'assurant jusqu'au bout que plus personne ne traine ici, tout le monde devant être conduit en sécurité au plus vite. 
Et il le sait, certains habitants se refuseront à quitter leur domicile bien aimé, quitte à se mettre en danger, quitte à se cacher dans un coin pour échapper également à la surveillance des héros. 
Alors, avec sa petite équipe, il s'est détaché du combat, obéissant au roulement instauré par la DGSN pour limiter l'épuisement général, afin de se rendre ici, à l'affut de vies cachées qu'ils peuvent encore sauver.  

Derrière lui, Tetsu marche en silence. 
Depuis le décès d'Hanta, alors qu'il fût le premier témoin de son corps carbonisé dans l'explosion des souterrains, il se montre bien plus discret, moins souriant aussi, un peu renfermé même. 
Du reste, Denki ne saurait imaginer dans quel état il se trouverait s'il devait assister d'aussi près à la mort d'un de ses camarades, sans pouvoir agir, sans pouvoir l'empêcher de souffrir, de disparaitre. 
Il suppose que, au même titre que son collègue, il deviendrait l'ombre de lui même, certainement hanté de cauchemars et de traumatismes.
De culpabilité, aussi. 

Leurs oreillettes fonctionnent encore, transmettant tout un tas d'informations qu'ils ne suivent qu'à moitié, le regard perdu sur le décor ravagé de l'avenue désertée, conscients que la ville entière, puis le pays, ressemble également à ca. 
A quel moment ont ils échoué à ce point ? 

Il lui semble que, hier encore, il débauchait de sa patrouille en suppliant d'aller boire un verre. 
A ses côtés, Katsuki râlait ouvertement, et Eijiro souriait de gêne en lui promettant de l'accompagner au café le lendemain. 
Tous les trois la plupart du temps, même s'ils se chamaillaient plus souvent qu'ils ne rigolaient, ils formaient cette équipe qu'il appréciait malgré tout, les journées ne se faisaient jamais plus longue que nécessaire. 
Pour cause, impossible de s'ennuyer dans un trio pareil, même Katsuki arrivait de temps en temps à étirer le bord de ses lèvres d'un vague rictus amusé. 

Et tout est allé si vite. 
Dans les locaux de l'agence centrale, après l'explosion des souterrains, il n'a pas défendu son acolyte qui se faisait descendre, puis mettre à pied par la hiérarchie. 
Il n'a rien dit, intimidé par leur supérieur, convaincu que sa parole ne le mènerait qu'à plus d'ennui, et il l'avoue, il pensait que sa carrière valait plus qu'une amitié, il ne pouvait pas la risquer pour se dresser aux côté de Katsuki. 
Finalement, il sait aujourd'hui qu'il n'y avait rien à défendre, et que GroundZero, en dépit du soutien d'Uravity, s'est tourné vers un autre parti, il se bat désormais contre son clan. 

Sᴍɪʟᴇ HᴜɴᴛᴇʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant