The Assassins - T2. L'âge noir

Prologue

Quand elle avait sept ans, Nelya avait demandé à sa mère pourquoi ils vénéraient des démons. En réponse, celle-ci l'avait frappé au visage avec sa canne. Après cela, la petite fille n'avait plus jamais osé la questionner sur quoi que ce soit. Elle avait passé des heures à pleurer à cause de la douleur de sa joue. Et lorsque celle-ci c'était dissipée, elle avait pleuré pour l'amour maternel dont sa mère semblait être dépourvue.

En grandissant, elle avait fini par comprendre que certaines personnes étaient tout simplement incapables d'éprouver des émotions positives. Elles ne connaissaient que la colère, la cruauté, et le désir de contrôler.

Mana Lo n'aimait ni son mari, ni sa fille, ni son fils. La seule chose ayant une valeur à ses yeux était son dieu chéri, Honar.

Nelya n'avait commencé à haïr sa mère que vers l'âge de douze ans. Ce matin-là avait commencé comme tous les autres. Le soleil illuminait le ciel, et même s'il n'atteignait pas la fenêtre de sa chambre, elle savait qu'elle pourrait le sentir en gravissant la Protectrice Sorn. Seulement Mana Lo avait d'autres projets pour elle.

Lorsqu'elle était arrivée dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner, leur voisine Kostenka était assise à table avec son mari Lukyan et leur fils Arkadiy. Ils portaient leurs beaux vêtements, ceux que les gens de Bahkta ne revêtaient que lors des célébrations de la ville.

- En tant que descendante de notre seigneur Honar, tu as un devoir ma fille, avait proclamé Mana Lo de manière solennelle. Ton destin est d'amener dans ce monde le garçon qui donnera naissance à l'héritier. Et tu le feras avec Arkadiy.

Nelya avait passé la plupart des douze années précédentes dans la peur de sa mère. Cependant, en croisant le regard du garçon qui avait cinq ans de plus qu'elle, elle s'était dit que Mana Lo ne serait peut-être pas son bourreau le plus cruel.

- Je ne veux pas, mère, avait-elle murmuré en gardant la tête baissée.

Des années plus tard, elle se demanda pourquoi elle avait cru que sa supplication aurait un quelconque impact. Sa mère ne changeait jamais d'avis.

Personne n'avait protesté quand les deux femmes avaient convenu que le mariage aurait lieu au lendemain du seizième anniversaire de Nelya.

Ni son père, ni son frère.

L'inaction du premier n'avait pas été une surprise. Malgré sa gentillesse envers sa fille, lorsque sa femme prenait une décision, Miron ne s'y opposait pas. Par soumission ou par peur, Nelya n'avait jamais pu en être certaine. Quant à son frère, elle avait vu à quel point il lui coûtait de ne rien dire. Mais lui non plus n'avait pas ouvert la bouche.

Elle ne leur en avait jamais voulu, sachant parfaitement ce que cela faisait d'être à leur place.

Un an plus tard, Misha et elle commencèrent à quitter Bahkta en secret, à l'appui de nombreux mensonges habiles.

- Et si elle comprenait ? demanda-t-elle alors à son frère, terrifiée en pensant aux conséquences que cela aurait.

- On sera exécutés, répondit Misha. Mais je préfère vivre quinze ans pleinement, qu'une vie entière coincée ici.

Sur ce sujet, ils n'avaient jamais été d'accord. Nelya s'accrochait à la perspective qu'elle pourrait un jour partir. Elle préférait l'idée de s'échapper, à celle d'accepter une mort probable. Son frère lui avait souvent dit qu'il ne comprenait pas d'où elle tirait son espoir. Elle non plus n'en savait rien, mais c'était ce qui lui permettait de se lever chaque matin.

Lorsqu'elle mit les pieds à Azzalia pour la première fois, Nelya eut l'impression de découvrir ce que vivre signifiait réellement. Val Hynar battait son plein. Des Nolis et des Urwahis se mêlaient partout, célébrant cette fête comme un seul et même peuple. Cela n'avait rien à voir avec la débauche des étrangers dont lui avait parlé sa mère. C'était magnifique.