Durant trois semaines, Zari s'entraîna sans relâche pour maîtriser ses nouveaux pouvoirs. Pendant que les autres montaient et démontaient les tentes, empilaient des caisses de provisions dans les charrettes et préparaient les chevaux, elle s'entraînait, seule ou avec sa mère.
Chaque jour, ils se rapprochaient un peu plus du Nord. Zari avait essayé de convaincre ses parents de ne pas aller vers Azzalia, arguant que les dieux ne leur en voudraient pas de privilégier leur protection, et qu'ils ne seraient pas en sécurité si près de Bahkta. Ils avaient bien sûr rejeté tous ses arguments. Ils célébreraient Val Hynar sur la plaine de Rivah, comme tous les ans.
- J'ai entrepris le voyage alors que j'étais en train de te mettre au monde, avait rétorqué sa mère. Ce ne sont pas quelques Raakshon qui m'empêcheront d'y aller.
Zari avait finit par abandonner. Ils étaient aussi bornés qu'elle de toute façon. Autant essayer de négocier avec un arbre pour lui demander de ne pas laisser tomber ses feuilles à l'approche de la saison froide.
Comme tous les trois jours, ils étaient partis aux aurores ce matin-là. Ils voyageraient toute la journée, puis ils établiraient leur camp. C'était ainsi que se déroulaient les semaines chez les Nolis. On voyageait, on s'arrêtait, on repartait. Pour son peuple, la sédentarité était vue comme une cage. Pourquoi se contenter d'un seul endroit quand on pouvait en connaître des milliers ? Le monde était une vaste étendue et aux yeux des Nolis, celle-ci ne connaissait de limite que si l'on s'arrêtait de bouger.
Zari chevauchait à côté de son frère, à l'avant de leur procession. Ses yeux scrutaient les arbres bordant leur route, à la recherche du moindre mouvement suspect. Elle n'avait pas ce mauvais pressentiment qui la prenait chaque fois que les Zerreghiens étaient à proximité, mais elle ne pouvait chasser le visage de Yegor Kormarov de son esprit. S'il avait décidé de continuer à la pourchasser, ce n'était pas la frontière qui l'aurait arrêté. Et puis, il y avait les pilleurs. Ils étaient nombreux sur les routes d'Urwah. Zari se souvenait en avoir souvent vu lorsqu'elle était enfant. Certains partageaient les croyances nolies, alors ils n'attaquaient pas, mais les autres pouvaient se montrer brutaux.
- Qu'est-ce qu'il y a ? quémanda Navin.
Zari tourna la tête vers lui, surprise.
- Rien, pourquoi ?
- Tu n'arrêtes pas de fixer la forêt comme si tu t'attendais à ce qu'on se fasse attaquer par une horde de loups, répondit-il avec un petit sourire. On passe ici tout le temps. Il n'y a rien à craindre.
Zari détourna le regard et reprit son examen.
- Il y a toujours quelque chose à craindre, souffla-t-elle à voix basse.
Elle ne savait pas s'il l'avait entendu, mais il ne releva pas son commentaire. Pour faire distraction, Zari décida de changer de sujet.
- Quand est-ce que les choses sont devenues sérieuses entre toi et Jaya ?
Elle s'attendait à voir le visage de son frère s'illuminer à la mention de la jeune femme, mais au lieu de cela, il baissa la tête. Son air coupable la laissa perplexe.
- Quoi ?
- Tu te souviens que j'étais parti rejoindre Jaya la nuit où tu as disparu ? demanda-t-il.
Zari hocha la tête.
- Je suis resté avec elle toute la nuit. Si j'étais rentré plus tôt, j'aurais remarqué que tu n'étais pas là. On aurait pu... On aurait pu te sauver.
Zari songea au nombre d'hommes que Yakov Kormarov avait avec lui. Elle songea aux cages, aux armes, à Zhenka et s'imagina sa famille face à eux.
- Vous n'auriez rien pu faire, crois-moi. Même si tu étais arrivé avant qu'ils ne me m'enferment, ça n'aurait rien changé. Ils étaient trop nombreux et vous ne savez pas vous battre. Ils vous auraient tué. Et si tu étais arrivé avant qu'ils ne me trouvent, le résultat aurait été le même.
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The Assassins - T2. L'âge noir
Adventure⚠ TOME 2 ⚠ "La frontière entre mythe et réalité est fine. Chaque légende a une source. Une source sombre qui puise son origine dans les malheurs que les gens ont oublié." Le sang coule sur le continent Est. Massacres à Osnov. Sacrifices à Urwah. Éme...