29. Kassyen

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Plus ils avançaient vers le Nord, plus l'air était rassis. L'atmosphère était lourde, le ciel sombre et une légère odeur de putréfaction embaumait constamment la forêt. Tout cela, ils le devaient aux cadavres qui s'empilaient dans les villes et sur les routes. Il y en avait tellement que les Urwahis n'avaient pas le temps de faire les funérailles d'un mort, que cinq autres s'ajoutaient à la liste et les ressources en fezith diminuaient trop vite.

Zari et Kassyen évitaient les villes. Dans la première où ils étaient passés, une foule s'était amassée sur la place publique pour écouter les indications d'un capitaine de l'armée. Rendu fou par le désespoir, un homme avait saisi l'arme d'un soldat et avait commencé à tirer sur la foule. Une balle avait frôlé le bras de Kassyen, trouant son manteau et laissant une trace sanguinolente sur sa peau.

Après cela, ils avaient décidé de s'en tenir à la forêt.

Cela faisait cinq jours qu'ils étaient seuls. Cinq jours qu'ils avançaient vers le Nord sans réellement avoir de plan. Leur destination était Bahkta, leur objectif de tuer Assyr et le plus possible de ses partisans. Il leur restait cependant à déterminer comment ils le feraient.

- On pourrait lui faire croire qu'on a changé d'avis ? proposa Kassyen.

Zari tourna la tête vers lui avec une lenteur contrôlée.

- Donc, on entre par la grande porte, on leur raconte que finalement, après mûre réflexion, on a décidé de les laisser faire ce qu'ils veulent avec notre fille, mais qu'on ne l'a pas emmenée avec nous à cause de quoi ? Un problème de biberon ?

Kassyen grimaça.

- Dis comme ça, c'est vrai que l'idée n'est pas très bonne, concéda-t-il.

- Elle n'est pas terrible peu importe la formulation, rétorqua-t-elle.

L'homme roula des yeux et jeta la brindille qu'il avait dans les mains par terre.

- Je ne t'entends pas faire de brillantes suggestions, grommela-t-il.

Zari détourna le regard.

- C'est simple... On est pas prêts.

Kassyen fronça les sourcils. La mine défaitiste qu'elle arborait ne lui allait pas.

- On ne peut pas combattre une armée à deux, Tsekhov et je contrôle à peine ce foutu pouvoir, pourtant c'est notre seul moyen de les tuer. On ne peut pas gagner.

- On a pas le choix, lui rappela-t-il.

- Avoir le choix ou non ne change rien à la réalité.

Kassyen ouvrit la bouche, puis la referma. Il cherchait ses mots, réfléchissant à ce qu'il pourrait dire pour la ramener à son état normal. Avant qu'il ne trouve, elle se leva et commença à rassembler ses affaires.

- Si on ne peut pas gagner, pourquoi est-ce qu'on va à Bahkta alors ? demanda-t-il en la regardant faire.

- Parce que j'ai pas d'autre putain de solution ! s'écria-t-elle en le fusillant du regard.

Elle ferma les yeux l'espace d'une seconde, inspirant profondément pour se calmer. Lorsqu'elle les rouvrit, sa hargne était repartie.

- Tu as raison... On a pas le choix. Pas d'autre option. Aucun plan. Je ne peux pas juste rester là à attendre. Qui sait ? Peut-être qu'Assyr trébuchera et s'empalera directement sur ma dague ?

Elle ricana, puis emporta son sac jusqu'à Lazeh.

Kassyen la regarda faire avec inquiétude. Au bout d'un moment, il finit par l'imiter. Il effaça les traces de leur passage, avant d'attacher son sac à la selle d'Arez et de se hisser sur son dos.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant