The Assassins - T2. L'âge noir

10. Zari

Interdite, Zari fixait la porte que Kassyen venait de claquer. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait changé d'humeur aussi rapidement, ni qui il était parti chercher. Son regard oscilla vers les chaussures et le porte-manteau et ses sourcils se froncèrent davantage.

- Roman, rattrape-le. Tu dois l'empêcher de faire une bêtise, s'exclama Nelya.

Elle avait tenté de poursuivre son fils, mais son visage s'était ensuite tordu de douleur et elle s'était penchée pour tenir son genoux, qu'elle massait encore. Elle semblait à la fois inquiète et agacée que son état physique ne lui permette pas de rattraper Kassyen.

- Désolé, mais quand est-ce que ça a déjà marché ? répliqua Roman.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda Zari.

Nelya soupira et se rassit sur sa chaise avec une grimace.

- Oh tu sais, c'est juste un autre accès de colère qu'il n'arrive pas à contrôler, la routine quoi. Sauf que cette fois-ci, il va refaire le portrait de son père et possiblement provoquer une émeute.

Zari souffla par le nez et passa une main sur son front.

- Et c'est lui qui voulait qu'on reste discrets, ajouta Roman à voix basse en prenant sa tête entre ses mains.

À contre-cœur, Zari se leva et repoussa sa chaise sous la table.

- Je m'en occupe, dit-elle.

- Je t'accompagne, fit Roman en l'imitant.

Elle le remercia d'un signe de tête. Elle n'avait pas la moindre idée d'où le chercher.

- Erik va souvent au bar situé sur les quais du port, leur indiqua Nelya alors qu'il venait d'ouvrir la porte. Il n'a plus le droit d'entrer sur le territoire de Viktar.

Roman la remercia d'un petit sourire et s'empressa de sortir, tandis que Zari hésitait sur le pas de la porte. Elle ressentit le besoin de rassurer cette femme qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes. Peut-être parce qu'elle lui rappelait sa mère à elle, qui espérait sûrement encore le retour de sa fille, même après toutes ces années.

- On reviendra, ne vous inquiétez pas. Je le traînerai jusqu'ici si nécessaire.

Nelya lui sourit, mais son regard était triste.

- Merci, dit-elle en inclinant la tête.

La Nolie lui tourna le dos et ferma la porte derrière elle. Elle dévala les marches du perron pour rejoindre Roman et le suivit alors qu'il reprenait le chemin qui les avait mené jusqu'ici.

- Je vais aller sur les quais pour retrouver son père. Avec un peu de chance, j'arriverai à le traîner dans une ruelle sombre et à l'assommer avec que Kass ne se pointe.

- Où est-ce qu'il ira ?

- Il va sûrement faire la tournée des bars. Erik est un alcoolique. Pas besoin de le chercher plus loin qu'au fond d'une bouteille.

Lorsqu'ils arrivèrent au bout de la rue, Roman tourna à gauche et Zari continua tout droit.

- Zari ! l'interpella-t-il juste avant qu'ils ne se séparent. Ne sois pas trop dure avec lui. Erik lui en a fait baver. Il mérite absolument tout ce que Kass a envie de lui faire.

Sur ces dernières paroles, il lui souhaita bonne chance et se mit à courir dans la direction opposée. La jeune femme rangea ses mots dans un coin de sa tête et reprit son chemin.

Au bout de quelques minutes, elle se retrouva dans le centre ville. En arrivant, ils avaient évité l'axe principal, mais cette fois-ci, elle avança droit vers lui. La route était large, suffisamment pour faire passer deux calèches l'une à côté de l'autre. Les bâtiments étaient en bien meilleur état ici. Elle avait l'impression d'avoir été téléportée à Tvenyev, dans les quartiers entourant le palais royal. La seule différence était les gens. Dans la capitale, ceux qui se promenaient dans ces endroits étaient vêtus d'habits luxueux et colorés. Ici les tissus étaient rêches, déchirés et ternes.