Assise sur le bord du lit, Zari regardait Aron qui observait les flocons tomber par la fenêtre de la chambre. C'était la première fois qu'il se déridait depuis qu'ils avaient quitté Molska une semaine plus tôt. L'espace d'un instant, son sourire effaça la culpabilité qu'elle ressentait.
- Arrête, soupira Esta.
- Quoi ?
- Arrête de culpabiliser.
Zari détourna le regard.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tu fais toujours une tête de déterrée quand tu culpabilises. Tes sourcils sont un peu froncés, tu as les dents tellement serrées que j'ai l'impression que tu vas te briser la mâchoire et les ongles enfoncés dans la peau.
Elle desserra ses mains en remarquant que son amie avait raison. Elle oubliait parfois à quel point il était facile pour Esta de lire en elle.
- C'est ma faute s'il pleure tous les soirs, murmura-t-elle en buvant une gorgée de son thé.
Elle se mit en tailleur et tint sa tasse en équilibre sur ses jambes de ses deux mains. La rousse se leva de son fauteuil et vint s'installer à côté de son amie.
- On a pleuré pour bien pire, Zari. Et regarde-nous aujourd'hui. On s'en est sorties.
- C'est vrai qu'on est toutes les deux tellement heureuses et saines d'esprit, ironisa la Nolie en levant les yeux au ciel.
Esta souffla d'exaspération.
- Tu serais plus heureuse si tu t'autorisais à laisser les gens voir qui tu es réellement, au lieu de les frapper dès qu'ils te regardent trop longtemps.
- Je ne suis pas si agressive que ça, protesta l'autre.
La rousse ricana.
- Je me rappelle pourtant d'une fois où tu as cassé le bras d'un homme parce qu'il avait essayé de poser sa main sur ton épaule.
- Après qu'il ait insisté pendant dix minutes pour nous offrir des verres, rappela Zari. Le contexte est important, Es.
- Aron s'en remettra, dit-elle, revenant à leur sujet de conversation initial. Et puis, on y retournera un jour ou l'autre. En attendant, il va vite réaliser qu'une maison n'est qu'un ensemble de murs et de fenêtres. Ce qui la rend agréable ce sont les gens qui y vivent.
Zari grimaça.
- Ta positivité me donne toujours autant la gerbe, grommela-t-elle.
- Ta négativité me donne toujours autant envie de te frapper, répliqua Esta.
- Maman ! Il y a des gens bizarres dans la rue ! s'exclama Aron, le visage anxieux.
Zari sauta sur ses pieds et se dirigea vers la fenêtre. Elle observa les personnes que désignait le petit garçon, puis se détendit. Quatre hommes s'amusaient à se lancer des bouteilles en verre. L'une d'entre elle se brisa sur le sol et ils se mirent à rire.
- Ce ne sont que des ivrognes, oja mundar, ne t'inquiètes pas, dit-elle en lui ébouriffant les cheveux.
Il fit une moue agacée et s'éloigna d'elle pour aller s'installer devant la cheminée. Zari pinça les lèvres et baissa la tête, encaissant la douleur que son rejet provoquait en elle. Elle retourna s'asseoir sur le lit, ignorant le regard désolé que lui lançait Esta.
- Laisse-lui du temps.
- C'est bon Es, ça va, assura-t-elle un peu trop sèchement.
Le silence s'imposa comme son allié et elle ferma les yeux. Elle détestait cette situation. Elle détestait qu'Aron lui en veuille autant, qu'elle ait entraîné ses amies dans ce bordel et par dessus-tout, elle détestait ne pas pouvoir tenir sa fille contre elle. Elle était à deux doigts de filer rejoindre ces ivrognes et attendre le moment inévitable où ils lui donneraient une raison de les remettre à leur place. Son besoin de se défouler sur les autres devenait de plus en plus difficile à gérer. Esta avait raison. Elle avait vraiment un problème d'agressivité.
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The Assassins - T2. L'âge noir
Adventure⚠ TOME 2 ⚠ "La frontière entre mythe et réalité est fine. Chaque légende a une source. Une source sombre qui puise son origine dans les malheurs que les gens ont oublié." Le sang coule sur le continent Est. Massacres à Osnov. Sacrifices à Urwah. Éme...