7. Kassyen

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- Comment est-ce que tu peux vivre comme ça ? demanda Roman, mains sur les hanches au milieu de la chambre.

Kassyen ferma les yeux et soupira.

- Sérieusement, t'as vu l'état de cet endroit ? Même la ruelle dans laquelle l'orphelinat m'a retrouvé était plus propre.

Il était vrai que cette auberge ne payait pas de mine, c'était même l'une des pires que Kassyen ait jamais vu, mais c'était surtout le mieux qu'ils trouveraient dans un trou à rat comme Husov.

Ils avaient réservé deux chambres voisines, pourtant Roman et Arima avaient décidé d'occuper la sienne, alors que tout ce dont il rêvait, c'était d'un peu de calme.

Cela faisait deux semaines qu'ils étaient sur la route. Deux semaines que Roman ne voulait pas la fermer plus de trente secondes et que Kassyen combattait son envie d'aplatir son crâne contre le sol. Si se plaindre était un sport, il en serait le champion. Il trouvait toujours quelque chose à redire, que ce soit sur le temps qu'ils passaient à cheval, la météo trop fraîche à son goût ou le fait que Kassyen ne lui prête pas assez d'attention.

Bien sûr, ça ne changeait pas de d'habitude. Seulement Kassyen n'avait pas eu à le supporter sur la route depuis un moment, et il avait oublié à quel point il pouvait se montrer insupportable, autrement il l'aurait peut-être laissé à Volgosta.

- Il n'est pas trop tard pour divorcer tu sais, Arima, lança l'assassin en fusillant son ami du regard. Ou le tuer dans son sommeil.

- Et de treize ! s'écria Roman. Encore un petit effort, Kass, tu peux le faire.

Il leva ses deux pouces en l'air et Kassyen fronça les sourcils.

- On a parié, lui expliqua Arima. Si tu le menaces de mort plus de quinze fois aujourd'hui, il gagne trente giraz, sinon, c'est moi. Donc s'il te plaît, réfrène-toi pour celle qui te voit encore comme un être humain civilisé.

- Il ne l'a jamais été, rétorqua Roman.

Kassyen ouvrit la bouche, mais la referma rapidement en réalisant ce qu'il allait dire. Sans entrer dans les détails, ça impliquait un couteau et son cœur au bout d'une lance.

- Merde, Ari ! Maintenant, il va s'autocensurer !

- Tu n'as jamais dit qu'il n'avait pas le droit de savoir, fit l'Achyenne avec un sourire victorieux.

- Je vous hais, grogna Kassyen.

Ils s'esclaffèrent tous les deux et Roman marcha jusqu'au lit où Rune remuait des jambes. Il lui fit une grimace et la prit dans ses bras.

- J'ai hâte de voir la réaction de ta mère, gloussa-t-il en regardant le bébé. Ça va être épique.

Pour ce qui lui paraissait être la millionième fois de la journée, Kassyen le fusilla du regard.

- Ton crétin de père va se faire défoncer par mamie, dit Roman d'une voix suraiguë.

- Lui raconte pas de conneries, protesta l'autre.

- C'est pas des conneries. Elle va te passer un de ses savons.

Kassyen esquissa un sourire.

- Et tu crois que tu vas y échapper peut-être ?

Roman blêmit.

Nelya avait été une mère de substitution pour lui. L'orphelinat dans lequel il avait grandi était géré par des gens qui n'aimaient pas vraiment les enfants. Dès qu'il le pouvait il s'échappait, et quand le père de Kassyen n'était pas là, Nelya l'autorisait à rester dormir chez eux. Elle l'avait élevé lui aussi. Elle avait recousu ses vêtements troués, l'avait nourri, lui avait crié dessus lorsque lui et Kassyen se faisaient prendre à voler...

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant