12. Kassyen

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Qu'est-ce qu'elle fait ?

Assis face au feu éteint, sa jambe droite tressautant au rythme d'une musique silencieuse, Kassyen fixait la porte de l'église avec un mélange d'impatience et d'agacement. Autour de lui, tout le monde dormait. La nuit était tombée il y a des heures, pourtant Zari n'était toujours pas revenue.

Elle est en train de compter tous les brins d'herbes de la prairie ou quoi ?

Kassyen poussa un soupir et passa une main sur son visage. La fatigue le faisait délirer. Il n'avait pas eu de bonne nuit de sommeil depuis des mois.

Il attendit quelques minutes supplémentaires, puis n'y tenant plus, il se leva. Il contourna silencieusement Roman et Arima qui dormaient en plein milieu du passage et s'avança vers la porte. Celle-ci s'ouvrit dans un grincement quand il tira dessus et il grimaça, mais personne ne se réveilla. Une fois dehors, il observa les alentours à la recherche de Zari, qui demeurait introuvable.

Il s'engagea dans une direction au hasard, et commença à s'enfoncer entre les arbres. Il marcha pendant une demi-heure, faisant des cercles de plus en plus grands autour de l'église. Chaque pas semblait le ramener dix plus tôt. Tout se ressemblait dans cette forêt. Ou du moins, l'absence de celle qu'il cherchait rendait tout parfaitement identique.

Il l'entendit avant de la voir. Des bruits secs d'impact lui parvinrent et il bifurqua à droite. Elle était assise par terre contre un arbre et lançait ses dagues vers le tronc lui faisant face. Son visage était fermé, mais il voyait tout de même sa morosité.

- Tu t'amuse bien ? lança-t-il en préambule.

Elle n'esquissa pas le moindre geste pour lui montrer qu'elle savait qu'il était là et créa une nouvelle entaille dans l'écorce. Kassyen fronça les sourcils devant son manque de réaction. Il récupéra les cinq lames qu'elle avait déjà planté, puis il se plaça devant elle et lui tendit ses armes. Elle releva un regard vide vers lui et saisit les dagues.

- Qu'est-ce que t'as ?

Elle ferma les yeux et soupira avant de baisser la tête.

- Hum ? insista-t-il.

- Je ne suis pas d'humeur, Tsekhov. Va-t'en.

Kassyen se gratta le menton, frappé par l'incompréhension. Je rêve où elle a presque été polie, là ?

Au lieu de l'écouter, il se laissa tomber à sa droite et s'adossa lui aussi au tronc. Il croisa les bras et remua pour trouver une position confortable. Une fois bien installé, il leva les yeux vers le ciel étoilé.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans va-t'en ?

- Principalement le ton employé. Le temps aussi. Je n'aime pas trop qu'on utilise l'impératif sur moi.

- Tu préférerais le passé ? grommela Zari.

Un sourire étira les lèvres de Kassyen. Même si elle avait parlé d'un ton lasse et fatigué, sa répartie signifiait qu'elle n'était pas totalement perdue.

- Non, j'aime assez le présent.

Le silence s'éternisa. Il n'était pas lourd ou oppressant, plutôt agréable et apaisant. La fraîcheur de la nuit lui mordait la peau, mais pour rien au monde il ne serait retourné à l'intérieur. C'était étrange, mais la présence de Zari lui donnait l'impression d'un retour à la normalité. Comme si tout ce qui avait existé avant n'était qu'un rêve et que les mois qu'ils avaient passé ensemble étaient devenu la réalité.

C'est un cauchemar, songea-t-il.

- Où est-ce qu'on doit aller pour trouver ta famille, exactement ? s'exclama Kassyen au bout d'un moment.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant