5. Kassyen

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En apercevant Volgosta à l'horizon, Kassyen soupira. D'ordinaire, la vue de la ville portuaire le rendait heureux, puisqu'elle était synonyme de bon temps. Cela marquait le début d'une semaine à boire en compagnie de Roman et Arima, à manger à sa faim des plats décents et à dormir des nuits complètes. Seulement, il réalisait aujourd'hui à quel point c'était un endroit dangereux, qu'il s'apprêtait à traverser avec une petite fille à moitié Nolie dans les bras.

Il connaissait le sort des Nolies à Volgosta. Les rares qui y vivaient étaient bloquées sous le joug d'Yrine, forcées de travailler à l'Iris Dorée. C'est pour ça qu'il avait fait le tour de la ville, décidant d'entrer directement par le quartier où habitaient Roman et Arima au lieu de passer par l'entrée principale. Il évitait ainsi de se confronter aux bars et au Quartier des Débauchés, de loin la zone la plus risquée de Volgosta.

Rune émit un gazouillement et il sentit de petits coups contre son torse.

- Hé ! s'exclama-t-il.

Il écarta les pans de son manteau et lui fit les gros yeux. De sa main droite, il saisit ses mains qui s'agitaient.

- C'est pas gentil ça, kochkanya, murmura-t-il.

La petite fille étira ses lèvres, montrant le sourire maladroit qu'elle avait commencé à faire deux jours plus tôt. Kassyen répondit à son rictus et déposa un baiser sur son front.

- Il va falloir que tu restes très silencieuse maintenant.

Il croisa son auriculaire avec le sien, comme pour faire une promesse.

- Les gens d'ici sont dangereux, zvizka, dit-il en relevant la tête. Ne t'inquiètes pas, je ne les laisserai pas s'approcher de toi.

Kassyen lui sourit à nouveau avant de refermer son manteau pour la cacher à la vue de tous. Il saisit les rênes d'Arez, qui renâcla d'un air peu aimable et commença à descendre la colline qui menait jusqu'à Volgosta.

L'odeur caractéristique de poisson pas frais et de brûlé l'accueillit dès qu'il posa un pied sur les pavés irréguliers. Il vit quelques personnes l'observer depuis leurs fenêtres et les toisa avec animosité. Ils ne bougèrent pas, se sentant en sécurité depuis l'intérieur de leurs maisons.

Vous ne l'êtes pas, songea l'assassin tout en poursuivant son chemin.

Quelques minutes plus tard, il s'arrêta devant chez Roman et Arima. La maison était identique à la dernière fois qu'il s'était tenu là. Le fait que rien ne semblait avoir changé le mit mal à l'aise. Sa vie avait prit un virage à cent quatre-vingt degrés, pourtant cet endroit était resté le même.

Kassyen jeta un coup d'œil aux alentours pour vérifier qu'aucun curieux ne l'épiait depuis les ombres, puis il attacha les rênes d'Arez autour d'un lampadaire. Il gravit lentement les marches du perron et frappa trois coups contre le bois de la porte.

La porte s'ouvrit à la volée sur Roman, un couteau de cuisine à la main, Arima se tenant juste derrière lui. L'assassin eut un mouvement de recul en remarquant leurs expressions agressives.

- Kass ? fit Roman.

Il poussa un soupir de soulagement et posa son arme sur la commode qui se trouvait à côté de la porte. Il vint ensuite prendre son plus vieil ami dans ses bras, sans remarquer la bosse qui se situait au niveau de son torse. Avant que Kassyen ne puisse le repousser, il avait déjà passé ses bras dans son dos, écrasant Rune entre eux.

- Soit t'as pris du ventre, soit tu caches une tonne de fric là-dessous, dit le brun sur un ton rieur.

C'est ce moment que choisit Rune pour protester. Elle lâcha un petit pleur et Kassyen fusilla son ami du regard, avant de le repousser pour entrer dans la maison.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant