19. Zari

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Adossée à la tête de lit, Zari observait les flocons tomber par la fenêtre. C'était le milieu de la nuit. Kassyen dormait toujours, allongé sur le ventre à côté d'elle. Le bruit de sa respiration berçait la Nolie, tout comme le crépitement du feu qu'elle avait allumé il y a quelques minutes. Elle lui jeta un coup d'œil et laissa échapper un soupir.

« Il a eut des funérailles. ».

Cette phrase résonnait en boucle dans sa tête, la laissant toujours un peu plus perplexe. Elle ne savait pas quoi en penser. D'un côté, elle lui en voulait de ne pas lui avoir dit plus tôt, mais de l'autre elle lui était extrêmement reconnaissante. Bashaar était l'une des personnes qui comptait le plus à ses yeux, et savoir que son âme n'avait pas été honorée de la manière dont il l'avait voulu la hantait depuis des mois.

Elle remonta sur le matelas et porta une main à son abdomen, gémissant à travers ses dents serrées. Elle pesta intérieurement, détestant ce sentiment de faiblesse qui la parcourait. Elle savait que son corps ne pourrait pas supporter ce rythme encore longtemps. Elle était épuisée. Même si elle avait un peu récupéré de sa grossesse, elle n'était toujours pas revenue à son niveau d'avant. Seulement, laisser quelqu'un d'autre mener ses batailles à sa place lui paraissait impossible. Elle ne pouvait pas rester oisive. Elle en deviendrait folle.

Peut-être n'aurait-elle pas besoin de se battre avant un certain temps. Slav était mort. Yegor Kormarov également et elle avait quelques mois avant qu'un membre de sa famille ne décide de le venger. Le seul ennemi immédiat qu'il lui restait était Assyr, et pour en finir avec lui, elle devait retrouver ses parents.

Elle angoissait à l'idée de les revoir. Ils détesteraient ce qu'elle était devenue. Elle était tout ce que les Nolis méprisaient : une personne violente, cupide, cruelle... une tueuse. Elle savait qu'elle n'avait pas eut le choix. Sa survie, et celle d'Esta, nécessitait qu'elle oublie la morale nolie et se transforme en quelqu'un de plus sombre. Quelqu'un de plus... osnovien.

Zari essayait de trouver les bons mots pour raconter son passé à ses parents et son frère depuis des semaines. Mais elle n'y arrivait pas. Plus elle y pensait, plus elle réalisait qu'elle n'arriverait pas à leur dire. Alors elle mentirait sûrement. Mieux valait adoucir la vérité, plutôt que de les blesser. Elle ne supporterait pas leurs larmes, ces gouttes d'eau salée qu'ils verseraient pour la petite Zari, celle à qui on avait volé sa vie.


La nuit de son enlèvement n'avait été que le début. Durant les mois qu'elle avait passé enfermée, Zhenka l'avait violée quatre fois. Chaque fois, Zari s'était dit que c'était la dernière. Que si elle survivait ce jour-là, elle n'aurait plus jamais à subir cela. Elle avait eut tort, mais ces mensonges lui avaient permis de s'accrocher.

Elle avait vite remarqué que ce qu'il lui avait fait subir, il l'avait fait à toutes les filles. Beaucoup s'étaient suicidés ou avaient perdu la vie en tentant de s'échapper. Onze âmes perdues. Au final, ils avaient peut-être été les plus chanceux. Il y avait des sorts pires que la mort.

Zari avait reconnu nombre des villes qu'ils traversaient. Elle avait passé la dernière saison froide à Kalasar, visité Pirasler et Ghamas quelques années plus tôt. Ces paysages familiers avaient finit par disparaître alors qu'ils avançaient vers le sud. En parallèle, les esclaves avaient été vendus et lorsqu'ils étaient arrivés à Volgosta, il ne restait plus que neuf enfants.

Au premier abord, Zari avait aimé Osnov. Elle qui n'avait jamais vu la neige avait été émerveillée d'en découvrir les sols blancs. Zana battait son plein et même si elle était frigorifiée, elle avait été subjuguée. En revanche, elle avait détesté Volgosta à la seconde où elle y était entrée. L'odeur de poisson lui avait retourné l'estomac et les regards des passants sur elle donné envie de se cacher dans un trou.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant