20. Kassyen

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Le changement des saisons se profilait imperceptiblement à mesure que les semaines passaient. La neige avait fondu, laissant place aux plaines verdoyantes annonçant le début de temps plus chauds. Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'attaque de Slav et Yegor Kormarov. Zari et Kassyen s'étaient doucement remis de leurs blessures, l'un demeurant plus raisonnable que l'autre.

Cela faisait deux jours qu'ils avaient passé la frontière. Les vents fiévreux d'Urwah avaient remplacé la fraîcheur des forêts osnoviennes. Ils se trouvaient à quelques kilomètres de la ville de Zaydirh, située au Sud-Ouest du pays. Leur camp de fortune se composait de quelques couvertures roulées en boule sur le sol terreux, d'un feu et de huit individus auxquels le sommeil manquait grandement.

Assis à proximité des flammes, Zari surveillait la cuisson de leur repas du soir. À côté d'elle, Esta essayait d'engager la conversation, mais comme souvent ces derniers temps, la Nolie ne donnait en retour que de brèves réponses sans grand entrain. Elle semblait toujours enfermée dans sa tête, coincée par une chose qui lui pesait de plus en plus chaque jour.

Plus loin, Roman s'amusait à tendre une montre à gousset à Rune, qui l'attrapait, avant de la reprendre et de recommencer. Elle avait commencé à attraper les objets quelques jours plus tôt. Elle bougeait plus, réussissant à se retourner sur le ventre et à lever un peu la tête. Kassyen avait sourit comme un idiot lorsqu'elle l'avait fait pour la première fois, et il avait pu apercevoir la même joie sur le visage de Zari.

Arima et Hefi étaient en grande conversation à côté de lui, sur un sujet qui semblait créer une complicité entre elles, même si Kassyen ne pouvait entendre de quoi il s'agissait.

L'attention de tous étant très occupée par quelque chose, aucun d'entre eux ne remarqua le petit garçon qui se faufilait à l'écart du camp. Sauf Kassyen, qui tout en affûtant l'une de ses dagues, gardait un œil sur les alentours. Il vit Aron se lever, la mine dépitée, et s'enfoncer dans la forêt.

Sans rien dire, il se mit debout et décida d'aller le chercher avant d'affoler ses mères et sa tante. Il songea que si elles se rendaient compte de son absence avant qu'ils ne reviennent, Zari lui referait le portrait, mais il continua à avancer. Il avait le sentiment que le garçon avait seulement besoin de s'isoler, et que voir débarquer ses parents ne l'aiderait pas à se sentir mieux.

Kassyen le trouva cinquante mètres plus loin, en train d'essayer de grimper à un arbre.

- Qu'est-ce que tu fais ? lança-t-il.

Aron sursauta. Son pied glissa et il tomba au sol. Par chance, ses pieds ne se trouvaient pas à plus de trente centimètres de celui-ci avant sa chute. L'assassin l'aida à se relever et épousseta sa manche couverte de terre.

- Alors ? réitéra-t-il.

- Je... Je voulais essayer de voir la mer, confessa-t-il avec un air inquiet.

- Tu ne pourras pas la voir d'ici, Aron. Urwah n'a pas d'accès à l'océan. Elle est très très loin.

Le garçon eut l'air déçu. Il pinça ses lèvres et baissa le regard, encore plus triste que quelques minutes plus tôt.

- Par contre, je pense qu'on peut apercevoir Zaydirh, ajouta-t-il. Ils ont un temple immense là-bas, qui étincelle à la lumière du soleil. Tu veux le voir ?

Aron hocha vivement la tête et Kassyen passa son regard sur l'arbre qu'il avait choisit pour grimper. Le tronc était large et solide. L'écorce présentait plusieurs prises et les branches montaient plus haut que chez les autres. Le petit avait de l'œil.

- Mets tes pieds ici et ici, et ta main là, lui indiqua Kassyen. Ensuite pousse sur ta jambe et place ton pied sur cette prise.

Rapidement Aron se trouva sur la première branche. Kassyen le suivit et ils gravirent l'arbre jusqu'à ce qu'ils soient assez haut pour admirer Zaydirh.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant