16. Kassyen

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Dehors, les gens criaient. Ils se soulevaient face aux barrages mis en place par les soldats depuis la mort de Mori Masae. Les rues étaient sans doute déjà parsemées de cadavres et leurs pavés recouverts de tâches de sang. À l'abri dans le quartier général de la résistance, Kassyen n'avait que très peu conscience de ce qu'il se passait sur les routes principales de la capitale. Ces combats, il les avait fuit des heures auparavant, lorsque Zari et lui avaient repéré les barrages. Faute de trouver un moyen de quitter la ville en toute discrétion, ils s'étaient réfugiés chez Inna qui, installée sur le fauteuil leur faisant face, les toisait comme si des cornes venaient de leur pousser sur le front.

- C'est une blague, hein ? S'il vous plaît dites-moi que vous êtes en train de vous payer ma tête, fit-elle.

- C'est toi qui m'a dit que ce qu'il s'est passé à Tvarni était plus que les délires d'un vieil homme, rétorqua Kassyen. Tu avais raison.

La blonde ouvrit la bouche, cherchant difficilement ses mots.

- Oui, mais... Une autre dimension ? Une armée de démons ? Ça fait beaucoup.

Ils avaient décidé de lui expliquer comment la princesse était morte et ainsi, tout ce qu'ils savaient sur le Royaume des Ombres, ou Vul Zerregh, comme l'avait appelé Nelya. Ils avaient cependant omis leur rôle dans cette histoire, que ce soit leurs ascendances ou le danger dans lequel était leur fille. Apprécier Inna était une chose, lui faire confiance en était une autre.

- Comme si je n'avais pas déjà assez de problèmes, grommela-t-elle.

Elle balaya le salon d'un coup d'œil et s'arrêta sur Roman qui divertissait Aron en lui faisant des grimaces.

- Je suis assez surprise que vous ayez des amis. Dans ma tête, vous étiez deux ermites associables qui tuaient tous les gens qu'ils rencontraient.

- Il m'aurait sûrement tué si on s'était rencontré quelques années plus tard, intervint Roman.

- Ne crois pas que l'idée ait quitté mon esprit, maugréa Kassyen.

- Pourquoi je suis restée à Volgosta, déjà ? divagua Arima, le regard perdu dans le vide. J'étais heureuse à Brekvinger. J'avais un boulot décent, une famille pas trop chiante et pas de petits cons qui passent leur temps à se chamailler pour me casser les oreilles.

- Parce que tu es tombée amoureuse de moi, mye lyurnov.

- Comment, ça c'est la vraie question, rétorqua l'assassin.

- Vous êtes insupportables, souffla Esta.

Elle reposa le livre dont elle était en train de lire le résumé dans la bibliothèque et se retourna.

- Vous vous comportez comme deux gamins dès que vous êtes dans la même pièce. Et vingt minutes m'ont suffit pour faire cette constatation.

Étrangère à la conversation, Zari examinait ses plaies aux pieds. Kassyen l'observa alors qu'elle passait un tissu imbibé d'eau sur ses blessures, lavant la saleté qui s'était accroché à sa peau lorsqu'elle avait marché dans la rue. Elle pinça ses lèvres à cause de la douleur, regrettant sans doute de ne pas s'en être occupé plus tôt. S'il avait su qu'elle était blessée, il l'aurait forcée à se soigner avant de partir.

Un homme au visage familier entra dans le salon, une enveloppe à la main. Il la confia à Inna et attendit qu'elle finisse de la lire, une main posée sur le dossier de son fauteuil à quelques millimètres de sa tête. Kassyen étudia ses traits, se triturant le cerveau pour essayer de le retrouver dans sa mémoire. Il avait des cheveux auburn foncé, presque bruns, des yeux marrons et une barbe de trois jours.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant