The Assassins - T2. L'âge noir

4. Zari

Assises en face d'elle sur le canapé, Esta et Hefi la regardaient avec incrédulité.

- Donc... commença la rousse. Si j'ai bien compris... Tu as laissé ta fille de quelques semaines avec Kassyen Tsekhov ?

Zari hocha la tête, lèvres pincées.

- Un type que tu disais ne pas pouvoir supporter la dernière fois que tu es venue ici, poursuivit Esta.

Elle posa son coude sur ses genoux et appuya son menton sur sa main. Son chignon lâche glissa légèrement sur la gauche à ce mouvement et le tissu noir de son pantalon se tendit. Ses sourcils froncés lui donnaient un air sévère alors qu'elle tentait de comprendre ce qui avait bien pu se passer dans la vie de son amie.

- Je vais avoir besoin d'une explication chronologique là, Zari, parce que rien de ce que tu nous as dit n'a le moindre sens. Pourquoi est-ce que tu n'es pas venue avec lui ?

Zari soupira et se laissa tomber contre le dossier de son fauteuil.

- C'est une longue histoire. Quand je suis partie, je l'ai cherché durant un mois. J'ai finis par le retrouver à Iervana. Je lui ai expliqué la situation et je lui ai laissé le choix.

Elle ricana en se rappelant de son agilité légendaire lorsqu'ils marchaient sur les toits. Pendant ce temps, Esta et Hefi échangèrent un regard, semblant inquiètes pour sa santé mentale.

- Il l'a accepté beaucoup plus facilement que moi, continua-t-elle à voix basse, ses yeux voltigeant de la table à ses mains.

Elle passa l'une d'entre elles sur son visage.

- Ce qu'il s'est passé après n'est pas très important, dit-elle omettant volontairement de parler du danger dans lequel elle s'était mise alors qu'elle était enceinte.

Elle était trop fatiguée pour écouter le sermon qu'Esta lui donnerait.

- Au bout d'un moment, j'ai commencé à faire des rêves étranges. J'étais dans un endroit sombre, entourée de gens qui ne semblaient pas tout à fait humains. Ça aurait pu n'être que ça, des rêves, mais dedans, je n'étais pas moi. J'étais comme dans le corps de cet homme et il semblait avoir conscience de ma présence. Il me parlait.

Zari releva le regard vers ses amies avec hésitation. Elle avait conscience d'à quel point ce qu'elle racontait était fou. À aucun moment elle ne s'était dit qu'elles pourraient ne pas la croire, mais alors que les mots se formaient sur sa langue, elle réalisa qu'elles la prenaient sûrement pour une folle.

- J'avais un mauvais pressentiment, mais je ne voulais pas non plus y croire, alors j'ai ignoré le premier. Entre temps, on s'est rendu à Tvarni.

Elle fit une pause, laissant le temps à Esta et Hefi de réagir.

- Attends, c'était toi ? lança la Smoelie, les sourcils froncés.

L'histoire de ce qui était arrivé à Kyrilo avait fait le tour d'Osnov, sans jamais que les noms de Zari Nalyensky et Kassyen Tsekhov n'y soient associés. Celui d'Inna n'était pas non plus ressorti, ce dont Zari avait été bizarrement soulagée. Elle ne l'aurait jamais admis devant elle, mais elle appréciait la voleuse.

Les rumeurs disaient qu'un groupe d'étrangers aurait tué le prêtre. Au final, leurs actions avaient sauvé quelques immigrés, tout en condamnant sûrement les prochains qui passeraient dans la région.

- On a été approché par quelqu'un pour régler le problème, mais j'ai refusé. Trop dangereux, pour peu d'argent, poursuivit Zari. Cependant, la nuit suivante quelques uns de ses partisans se sont introduits dans ma chambre et ont tenté de me tuer. J'ai deux cicatrices en souvenir.