2. Kassyen

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Ça ne doit pas être si dur que ça...

Les lèvres pincées, Kassyen toisait Rune qui somnolait sur le lit de la petite chambre qu'ils occupaient. Du bout des doigts, il saisit le tissu sur lequel elle était allongée, essayant de se souvenir des instructions qu'il avait reçu quelques semaines plus tôt.

Comme tous les êtres humains, les nouveaux-nés avaient des besoins. Malheureusement, Kassyen n'avait pas en tête qu'il aurait à s'occuper de ce besoin particulier en quittant Brynlava. Il avait dû demander à la propriétaire de la première auberge dans laquelle ils s'étaient arrêtés de lui expliquer comment la changer, ce qui avait mit à mal sa fierté.

Il fronça le nez en se remémorant l'odeur et continua d'envelopper sa fille dans le lange. Lorsqu'il eut finit, il grimaça, la tête penchée sur le côté, puis haussa les épaules. C'était loin d'être parfait, mais ça ferait l'affaire.

- Tu aurais pu te retenir, grommela-t-il en récupérant délicatement l'enfant.

Elle ouvrit ses yeux le temps d'une seconde, ses iris grises rencontrant celles de son père, puis les referma et se rendormit instantanément.

Kassyen lui enviait cette capacité avec une amertume mal placée. Rune passait son temps à le réveiller à coups de pleurs, pour sombrer en à peine quelques secondes, tandis qu'il restait éveillé durant des heures, incapable de retrouver le sommeil.

Il n'avait jamais vraiment eu l'habitude de faire des nuits complètes, mais il devait reconnaître qu'une ou deux heures de plus ne lui ferait pas de mal.

Une déflagration résonna soudain dans la rue, manquant de le faire sursauter. Prudemment, Kassyen se dirigea vers la fenêtre en serrant Rune contre son torse. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il aperçut les corps. Trois soldats gisaient à terre, l'uniforme perforé par des lacérations et des impacts de balles. À quelques mètres de là, un Muet s'éloignait dans la direction opposée.

La situation s'aggravait un peu plus chaque jour. Les suivants d'Artem répandaient la mort sur leur passage, n'épargnant aucune des villes dans lesquelles il était passé. Cependant, même si c'était inquiétant, ce n'était qu'un problème secondaire pour l'assassin.

D'une manière ou d'une autre, le roi avait eu vent de ses déplacements et il avait décidé qu'il était temps pour Kassyen Tsekhov de mourir. Il avait la police et une poignée de soldats à ses trousses et voyager avec un bébé ne lui conférait pas un net avantage.

Des affiches étaient de nouveau placardées sur les murs pour sa capture. Il avait faillit se faire arrêter trois jours plus tôt, alors qu'il était en train d'acheter des provisions. Par chance, personne n'avait semblé apercevoir Rune, qui était alors dissimulée sous son manteau. Cela avait soulagé l'homme, qui avait songé qu'en voyant la mention de leur fille dans les mandats d'arrêt, Zari aurait rebroussé chemin pour lui arracher la tête.

Il se demandait parfois où elle était, si elle allait bien ou si elle était tombée dans une embuscade et avait déjà perdu la vie. Étrangement, la dernière option ne lui plaisait pas autant qu'à une époque. Il se rendait maintenant compte qu'elle avait eut raison. S'occuper d'un enfant tout en faisant leur métier relevait de l'impossible lorsqu'on était seul. Il l'apprenait d'une manière très désagréable.

Kassyen rassembla rapidement ses affaires, puis il pressa Rune contre son torse et attrapa un foulard qui enroula autour d'eux. Il finit par faire un nœud, bloquant le bébé contre lui et enfila son manteau. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour sortir dans la rue sans que les gens ne la voient. Elle était encore assez petite pour qu'ils pensent qu'il cachait simplement de la nourriture volée. Un regard noir suffisait en temps normal à dissuader les passants de lui poser des questions, encore plus maintenant qu'Osnov avait reçu une piqûre de rappel quant aux traits du visage du célèbre assassin de Leonid Loktev.

The Assassins - T2. L'âge noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant